Une ferme solaire à 2,2 milliards de dollars dans le désert californien mise à l’arrêt car elle ne sert à rien
Auteur: Simon Kabbaj
C’était censé être le futur de l’énergie, un projet pharaonique pour lutter contre le changement climatique. La ferme solaire d’Ivanpah, construite en plein désert de Mojave en Californie, a coûté la somme astronomique de 2,2 milliards de dollars. Mais aujourd’hui, ce qui devait être un symbole de l’énergie verte s’est transformé en un désastre financier et écologique. Les autorités ont dû se rendre à l’évidence : le projet ne ‘sert pas à rien’ et doit être arrêté.
Un projet monumental soutenu par l'État
Le projet était colossal : trois tours de 140 mètres de haut, entourées de près de 174 000 miroirs géants contrôlés par ordinateur. Le principe ? Ces miroirs concentrent la lumière du soleil sur le sommet des tours pour chauffer un fluide, créer de la vapeur et faire tourner des turbines pour produire de l’électricité. Le projet était si ambitieux qu’en 2011, le gouvernement américain, sous la présidence de Barack Obama, l’a soutenu avec 1,6 milliard de dollars de prêts garantis.
La douche froide : des promesses jamais tenues
Mais une fois la centrale ouverte en 2014, la réalité a été bien moins brillante que prévu. ‘Ivanpah n’a jamais été à la hauteur de ses promesses’, a déclaré Jason Isaac, le PDG de l’American Energy Institute. La centrale n’a jamais produit la quantité d’électricité attendue. Et le comble, pour une installation censée être ‘verte‘, c’est qu’elle avait besoin de brûler du gaz naturel pour pouvoir fonctionner. Loin d’être la solution écologique promise, c’était un gouffre financier qui dépendait des énergies fossiles.
Une technologie déjà 'obsolète' à sa naissance
Comment expliquer un tel échec ? Selon l’expert en énergie Edward Smeloff, la technologie utilisée à Ivanpah est tout simplement ‘obsolète’. ‘Elle n’a tout simplement pas réussi à passer à l’échelle supérieure’, a-t-il expliqué. Pendant que l’on construisait cette usine à gaz (c’est le cas de le dire), une autre technologie a fait des progrès fulgurants : les panneaux photovoltaïques, ceux que l’on met sur les toits. Ils sont devenus beaucoup plus efficaces et beaucoup moins chers pour produire de l’électricité à partir du soleil.
Un désastre écologique pour les oiseaux
Mais l’échec n’est pas que financier, il est aussi écologique. Et d’une manière particulièrement cruelle. Les milliers de miroirs qui concentrent la lumière du soleil créent des faisceaux d’une chaleur intense. Et cette chaleur est devenue un piège mortel pour la faune. Les experts estiment qu’au moins 6 000 oiseaux meurent chaque année en volant à travers ces rayons de lumière concentrée. ‘Ils se font littéralement frire s’ils volent dans la zone où la réflexion se dirige vers la tour’, explique M. Smeloff. Une véritable hécatombe.
Conclusion : un gâchis monumental d'argent public ?
Selon la source : en.as.com