La Terre était inhabitable avant la collision ayant formé la Lune, qui a finalement rendu la vie possible
Auteur: Mathieu Gagnon
On regarde souvent le ciel en se demandant si nous sommes seuls dans l’univers. C’est une grande question. Et si la réponse se trouvait non pas dans les étoiles, mais ici, dans l’histoire de notre propre planète ? Une nouvelle théorie, assez fascinante, suggère que la vie sur Terre n’a été possible que grâce à un accident cosmique d’une violence inouïe. Avant cet événement, notre planète aurait été un caillou sec et stérile. C’est l’histoire d’une collision qui a tout changé.
Le vieux mystère de l'origine de nos océans
Depuis des centaines d’années, on se demande d’où vient toute l’eau de nos océans. Le célèbre scientifique Isaac Newton pensait qu’elle venait des comètes, ces boules de glace qui voyagent dans l’espace. C’est une idée qui a fait son chemin. Le problème, c’est que la Terre, à ses débuts, était une véritable fournaise. Une boule de roche en fusion. L’eau se serait transformée en vapeur et se serait échappée dans l’espace. Alors, comment nos océans ont-ils pu se former ? L’eau a dû soit être piégée très profondément sous la surface, soit arriver bien plus tard, une fois que la planète s’était un peu calmée.
Pourquoi la Terre est-elle si différente de ses voisines ?
Regardons un peu autour de nous. Nos planètes voisines, Mercure, Vénus et Mars, sont des mondes plutôt secs et hostiles. Il leur manque quelque chose d’essentiel : des « éléments volatils ». C’est un nom un peu compliqué pour désigner des choses qui s’évaporent facilement, comme l’hydrogène (qui forme l’eau), le carbone et le soufre. Or, ces éléments sont absolument nécessaires pour que la vie apparaisse. La Terre, elle, en regorge. C’est ce qui la rend si spéciale. La question est : pourquoi nous, et pas les autres ?
La preuve par la roche et le temps
Pour comprendre ce qui s’est passé, des chercheurs de l’Université de Berne ont eu une idée astucieuse. Ils ne pouvaient pas mesurer directement les éléments volatils de la Terre primitive, alors ils ont utilisé un autre élément comme indice : le manganèse. En comparant des roches terrestres et des morceaux d’astéroïdes, ils ont réussi à reconstituer le puzzle. Leurs calculs, basés sur la décomposition radioactive d’un certain type de manganèse (le manganèse-53), leur ont permis de dater très précisément un grand changement dans la composition chimique de notre planète. C’est arrivé il y a 4,561 milliards d’années. Tout a basculé à ce moment-là.
Théia : la planète qui nous a offert l'eau
Selon cette nouvelle étude, la Terre primitive, une fois formée, était donc un monde sec. Le grand changement est venu d’un seul événement : une collision gigantesque. On pense qu’un objet de la taille de Mars, que les scientifiques ont baptisé Théia, a percuté la Terre. Le choc a été si violent qu’il a arraché un morceau de notre planète pour former la Lune. Mais ce n’est pas tout. Théia ne venait pas du coin. Elle se serait formée bien plus loin du Soleil, dans une zone froide de notre système solaire. Elle était donc bourrée de glace et d’autres éléments volatils. En s’écrasant sur nous, elle nous a livré ce précieux chargement. Aujourd’hui, on estime que notre planète est composée à environ 90 % de la Terre d’origine et 10 % de Théia. C’est cette collision qui aurait rendu notre monde habitable.
Et si nous étions vraiment seuls ?
Si cette théorie est juste, ça change beaucoup de choses. Cela voudrait dire que pour qu’une planète puisse accueillir la vie, il ne suffit pas qu’elle soit à la bonne distance de son étoile. Il faudrait aussi qu’elle subisse, au bon moment, une collision avec un autre astre venu de très loin. Un événement d’une rareté incroyable. Les chances sont infimes. Les planètes rocheuses et habitables seraient donc l’exception, et non la règle. Cela pourrait expliquer pourquoi nous n’avons jamais reçu de signal de civilisations extraterrestres. Peut-être que nous sommes tout simplement le résultat d’un gain à la loterie cosmique. Un miracle statistique.
Conclusion : Une planète encore plus précieuse
Finalement, cette découverte ne rend pas l’univers plus effrayant, mais peut-être notre maison encore plus précieuse. L’idée que notre existence tient à un cataclysme aussi improbable a de quoi donner le vertige. Cela nous rappelle que la vie est un phénomène fragile et, peut-être, extraordinairement rare. Chaque goutte d’eau, chaque brin d’herbe, serait le lointain héritage d’une rencontre brutale entre deux mondes. De quoi nous donner une bonne raison de prendre soin de notre incroyable planète, ce petit miracle bleu perdu dans l’immensité du cosmos.
Selon la source : iflscience.com