Lutte contre la procrastination : pistes concrètes pour améliorer sa productivité
Auteur: Adam David
Cette pile de dossiers qui nous regarde en coin, ce coup de fil important qu’on repousse d’heure en heure, ce projet personnel qui prend la poussière… La procrastination est une expérience universelle, une sorte de dialogue intérieur où la voix du « plus tard » gagne presque toujours. Mais derrière ce qui ressemble à de la simple paresse se cache souvent une mécanique bien plus complexe, faite d’anxiété, de perfectionnisme ou de peur.
Loin d’être une fatalité, cette habitude de tout remettre au lendemain peut se comprendre et, surtout, se déjouer. Il ne s’agit pas de devenir une machine de productivité, mais de regagner un peu de sérénité et de contrôle sur son quotidien.
Définir l'ennemi : ce n'est pas (juste) de la paresse
Confondre procrastination et paresse, c’est passer à côté de l’essentiel. Les spécialistes, comme ceux du Centre for Clinical Intervention d’Ottawa, la décrivent plutôt comme une décision, souvent inconsciente, de reporter une tâche importante au profit d’une autre, moins urgente ou plus agréable. Le paradoxe est là : on sait pertinemment que ce report aura des conséquences négatives, mais on le fait quand même.
C’est ce choix actif qui fait toute la différence. On ne subit pas, on décide de différer. Cette nuance est cruciale, car elle déplace le problème du champ de la morale (la paresse, c’est mal) à celui de la psychologie : pourquoi prenons-nous une décision qui nous dessert ?
Derrière l'inertie, un cocktail de peurs et de doutes
Si l’on creuse un peu, on trouve rarement le simple plaisir de ne rien faire. La procrastination s’enracine souvent dans un manque de confiance, la peur de l’échec ou, à l’inverse, la peur de la réussite et des responsabilités qu’elle implique. Le stress, la fatigue ou un sentiment d’être submergé sont aussi des déclencheurs puissants.
Pour la psychologue Patricia Dorion, ce comportement peut même être un mécanisme d’évitement. « En remettant à plus tard, la personne anxieuse fuit les obligations de la vie adulte, préférant s’enfermer dans un ici et maintenant moins anxiogène », explique-t-elle. On repousse la tâche pour repousser l’angoisse qu’elle suscite. Un soulagement temporaire, mais qui finit par nourrir le monstre qu’on cherchait à fuir.
La stratégie des petits pas pour se remettre en selle
La volonté seule suffit rarement. Pour sortir du cycle, il faut une stratégie. La première étape consiste à se fixer des objectifs réalistes et, surtout, à les découper. L’idée de « ranger toute la maison » est paralysante ; celle de « vider le lave-vaisselle » est faisable. C’est l’art des petits pas.
Commencer par les tâches les plus rapides ou les moins pénibles peut créer une dynamique positive. Chaque petite victoire renforce la confiance et donne l’élan nécessaire pour s’attaquer à plus gros. On peut même s’autoriser une petite récompense après un effort : un café, un épisode de série… L’important est de réassocier l’action à une sensation positive.
Dompter le temps et trouver son propre rythme
Le temps peut être un allié. La technique du chronomètre est redoutablement efficace : se donner 25 ou 30 minutes pour travailler sur une tâche, sans aucune distraction, puis s’accorder une pause de 5 minutes. Ce cadre temporel rend l’effort moins intimidant, car on sait qu’il a une fin proche.
Il est aussi utile d’apprendre à se connaître. Sommes-nous plus efficaces le matin, l’après-midi, ou tard le soir ? Identifier ses fenêtres de productivité et y caler les tâches les plus ardues est une clé souvent sous-estimée. Il ne s’agit pas de travailler plus, mais de travailler mieux, en phase avec son propre rythme biologique.
Quand le symptôme cache une pathologie plus profonde
Parfois, la procrastination n’est pas qu’une mauvaise habitude. Elle peut être la partie visible d’un iceberg bien plus profond. Comme le souligne Patricia Dorion, une tendance chronique à l’évitement peut signaler une anxiété généralisée ou des symptômes dépressifs.
Dans le cas de la dépression, le manque d’énergie et la perte d’intérêt rendent la moindre tâche insurmontable. La procrastination n’est alors plus un choix, mais une conséquence directe de la maladie. Si le fait de repousser ses obligations engendre une souffrance psychologique intense et devient invalidant au quotidien, il ne faut pas hésiter à consulter un professionnel de santé. Un accompagnement psychologique, voire médical, peut être nécessaire pour traiter la cause profonde du problème.
se réconcilier avec l'action, sans viser la perfection
Lutter contre la procrastination n’est pas un combat pour devenir un robot parfaitement efficace. C’est avant tout un chemin pour réduire le stress et la culpabilité qu’elle engendre. Comprendre pourquoi on repousse est déjà la moitié du travail. L’autre moitié se fait un pas après l’autre, avec bienveillance envers soi-même.
Car après tout, prendre du bon temps plutôt que de s’atteler à une corvée reste un réflexe profondément humain. L’enjeu est de trouver l’équilibre pour que le plaisir de l’instant ne se paie pas par l’angoisse du lendemain.
Selon la source : passeportsante.net