Un général accuse Trump d’avoir brisé une règle militaire essentielle dans son discours aux forces armées
Auteur: Simon Kabbaj
C’est un discours qui restera dans les annales, mais pas pour les bonnes raisons. Cette semaine, le président Donald Trump s’est adressé aux plus hauts dirigeants des forces armées américaines. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le courant n’est pas passé. Entre des déclarations étranges, des blagues qui sont tombées à plat, et surtout, un ton jugé réprobateur, le président a provoqué un malaise palpable. Au point qu’un général à la retraite l’a accusé d’avoir brisé une règle non écrite, mais essentielle, du leadership militaire.
Un discours pour le moins... déroutant
Le discours, prononcé sur la base militaire de Quantico en Virginie, était pour le moins décousu. Le président a félicité la Garde Nationale pour sa reprise en main de villes comme Washington et Chicago, a affirmé que les États-Unis étaient en guerre ‘de l’intérieur’, et s’est vanté d’avoir une avance de ’25 ans’ sur la Russie et la Chine en matière de sous-marins nucléaires. Il a même fait une blague douteuse sur les ‘deux mots en N’ que l’on ne peut pas dire, l’un étant ‘nucléaire’.
Un silence de mort qui a surpris Trump lui-même
Face à ces déclarations, la réaction de l’auditoire de militaires a été un silence glacial. Un silence si pesant que Trump lui-même n’a pas pu s’empêcher de le commenter. ‘Je ne suis jamais entré dans une pièce aussi silencieuse auparavant‘, a-t-il lancé, visiblement décontenancé. Un moment de gêne qui en dit long sur la réception de son discours.
La règle d'or du leadership militaire, brisée par Trump
Et c’est là que le bât blesse. Pour le lieutenant-général à la retraite Mark Hertling, ce discours est une faute de management grave. Interrogé sur la chaîne MSNBC, il a rappelé une règle d’or dans l’armée : ‘On félicite en public, et on réprimande en privé‘. Or, selon lui, Trump et son ministre de la Guerre, Pete Hegseth, ont fait tout l’inverse. ‘C’était une approche disciplinaire en public, avec des caméras, pour que toute la nation puisse voir’, a-t-il dénoncé. Un ‘sermon’ public qui a dû être vécu comme une humiliation par les militaires présents.
Les attaques du ministre de la Guerre contre une armée 'woke'
Le ministre Pete Hegseth, dans son propre discours, a enchaîné les critiques contre une armée jugée trop ‘woke’. Il a fustigé les ‘soldats gros’, les cheveux longs, la ‘vénération du changement climatique’, et les ‘illusions de genre’. ‘L’ère du leadership politiquement correct, trop sensible, qui ne veut blesser personne, s’arrête maintenant’, a-t-il martelé. Il a même ajouté que si des femmes n’étaient pas qualifiées pour certains postes de combat, ‘qu’il en soit ainsi’.
crédit image : U.S. Secretary of Defense
Des propos 'hitlériens' ?
Un autre général à la retraite, William Enyart, a été encore plus dur. Pour lui, l’expression de Trump ‘ennemi de l’intérieur’ est ‘digne d’Hitler‘. ‘Cela vient tout droit de l’Allemagne nazie. Ce n’est pas un discours constitutionnel’, a-t-il expliqué, soulignant la dangerosité de tels propos de la part d’un commandant en chef.
Le risque d'une rupture entre l'armée et son chef
Pour le général Hertling, ce type de discours risque de créer une rupture profonde. Il pense que les militaires dans la salle ont dû se sentir ’embarrassés’ et ont réalisé qu’il s’agissait d’une ‘véritable violation de ce que nous sommes en tant que professionnels’. Il va même plus loin, suggérant que certains pourraient être tentés de désobéir. ‘Je vous garantis que les gens dans cette audience n’exécuteront pas d’ordres illégaux’, a-t-il affirmé.
Conclusion : une relation de confiance brisée ?
Selon la source : lemonde.fr