Ballonnements, fatigue, maux de ventre… Et si c’était le lactose ? Une diététicienne répond sans détour
Auteur: Adam David
Ce ballonnement tenace après le café au lait du matin, cette gêne digestive qui s’installe après un simple yaourt… De plus en plus de gens s’interrogent sur leur relation au lait. S’agit-il d’une mode ou d’un vrai phénomène de fond ? Pour y voir plus clair, nous avons posé nos questions à Léa Zubiria, diététicienne-nutritionniste.
Allergie ou intolérance : le grand malentendu
Avant toute chose, il faut balayer une confusion fréquente. Non, l’intolérance au lactose n’est pas une allergie. « L’allergie est une réaction du système immunitaire aux protéines du lait, et elle peut être très violente, provoquant des éruptions cutanées jusqu’au choc anaphylactique », précise d’emblée Léa Zubiria. La nuance est de taille.
L’intolérance, elle, se joue ailleurs : dans notre système digestif. C’est simplement une difficulté à digérer le sucre naturel du lait, le fameux lactose. Pas de danger vital ici, mais une cohorte de symptômes franchement désagréables : gaz, crampes, diarrhées… Bref, de quoi gâcher une journée.
La lactase, cette enzyme qui nous abandonne
Mais alors, d’où vient ce problème ? Tout est lié à une petite enzyme appelée lactase. Son rôle est de découper le lactose en sucres plus simples pour qu’on puisse l’absorber. Le souci, c’est que notre corps en produit de moins en moins avec le temps. « La production de lactase diminue naturellement avec l’âge, c’est un processus normal qui peut commencer dès l’adolescence », explique la diététicienne.
On comprend mieux pourquoi des adultes qui buvaient des litres de lait enfants se retrouvent soudainement à le digérer avec peine. Ce n’est pas une maladie qui apparaît, mais plutôt une capacité qui s’estompe, tout simplement.
Une question d'âge... et de géographie
Nous ne sommes d’ailleurs pas tous égaux face à cette perte. C’est une sorte de loterie génétique et géographique. En Europe du Nord, par exemple, une large majorité de la population conserve une bonne production de lactase toute sa vie, héritage d’une longue histoire d’élevage et de consommation de produits laitiers.
À l’inverse, le tableau est radicalement différent en Asie ou en Afrique, où plus de 70 % des adultes sont intolérants. Cela remet en perspective notre vision très occidentale du lait comme un aliment universel et indispensable.
Quand faut-il vraiment réduire sa consommation ?
Si vous n’avez aucun symptôme, inutile de changer vos habitudes. En revanche, si les troubles digestifs deviennent récurrents après la consommation de produits laitiers, il peut être judicieux de faire le test. « Une consommation réduite peut soulager le système digestif et avoir un impact positif sur le microbiote intestinal, en limitant les fermentations excessives », conseille Léa Zubiria.
L’idée n’est pas de tout bannir du jour au lendemain, mais d’observer comment son corps réagit. Parfois, un simple ajustement suffit à retrouver un confort digestif.
Les solutions pour une paix retrouvée avec les produits laitiers
La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a aucune fatalité. De nombreuses alternatives existent. Certains produits sont naturellement pauvres en lactose, car il a été « pré-digéré » par des bactéries. C’est le cas des fromages à pâte dure (comté, parmesan) ou des yaourts natures.
Les laits de brebis ou de chèvre peuvent aussi être mieux tolérés par certains. Et bien sûr, les rayons des supermarchés regorgent aujourd’hui de laits « sans lactose », qui contiennent toujours le calcium et les protéines, mais sans le sucre problématique. De quoi se réconcilier avec le petit-déjeuner.
écouter son corps, sans psychose
En somme, nous ne naissons pas tous intolérants au lactose, mais une grande partie d’entre nous le devient, à des degrés divers, en vieillissant. Il ne s’agit pas d’une pathologie grave, mais d’une évolution physiologique.
Alors, faut-il déclarer la guerre au lait ? Sûrement pas. Si vous le digérez sans peine, continuez. Si, au contraire, votre ventre tire la sonnette d’alarme, des solutions simples existent. L’essentiel, finalement, est d’apprendre à écouter son corps.
Selon la source : passeportsante.net