Une analyse révèle que le tramadol, un antidouleur opioïde largement prescrit, n’est pas réellement efficace contre la douleur chronique
Auteur: Mathieu Gagnon
Le Tramadol. Ce nom vous dit sûrement quelque chose. C’est ce médicament contre la douleur que des millions de personnes prennent, souvent pour des maux qui durent depuis longtemps, comme l’arthrose ou les douleurs de dos. On nous l’a souvent présenté comme une solution moins risquée que d’autres opioïdes. Mais voilà, une nouvelle analyse scientifique vient semer le doute, et pas qu’un peu. Et si ce fameux cachet n’était pas l’ami que l’on croyait ? Les chercheurs sont formels : il est peut-être temps de revoir nos certitudes.
Le tramadol, c'est quoi au juste ?
Pour bien comprendre, il faut savoir que le tramadol est un opioïde puissant. On le prescrit pour des douleurs jugées modérées à sévères. Son succès vient en grande partie d’une idée reçue : il serait plus sûr et créerait moins de dépendance que ses cousins, comme la morphine. C’est d’ailleurs pour ça que son utilisation a explosé ces dernières années, au point de devenir l’un des opioïdes les plus prescrits aux États-Unis, par exemple.
Pourtant, malgré cette popularité, personne n’avait vraiment pris le temps de compiler toutes les études pour voir, noir sur blanc, ce qu’il en était réellement pour les douleurs chroniques. C’est maintenant chose faite.
Alors, est-ce que ça marche vraiment ?
C’est la question qui fâche. Les chercheurs ont analysé 19 études sérieuses, regroupant plus de 6 500 patients souffrant de diverses douleurs chroniques (dos, arthrose, fibromyalgie…). Le résultat est sans appel. Oui, le tramadol soulage un peu la douleur. Mais l’effet est si faible que les scientifiques estiment qu’il n’est pas suffisant pour être considéré comme vraiment efficace. En clair, pour beaucoup de patients, la différence avant et après la prise du médicament est à peine perceptible au quotidien.
C’est un peu comme utiliser un parapluie troué sous une averse. Ça aide un peu, mais on finit quand même trempé.
Le vrai problème : des effets secondaires graves
Là où ça se complique vraiment, c’est quand on regarde les risques. L’analyse montre que prendre du tramadol pourrait doubler le risque d’effets secondaires graves par rapport à un placebo (un faux médicament). Et on ne parle pas de petits bobos.
Le principal danger mis en avant concerne les problèmes cardiaques : douleurs dans la poitrine, maladie des artères coronaires, et même insuffisance cardiaque. C’est une information capitale. Les chercheurs ont aussi noté un risque plus élevé de certains cancers, mais ils restent prudents sur ce point, car les études ne duraient pas assez longtemps pour en être certains. C’est une piste à surveiller, mais le risque pour le cœur, lui, semble bien réel.
Et les désagréments du quotidien ?
Au-delà des risques graves, le tramadol est aussi associé à une ribambelle d’effets plus courants mais très pénibles. Vous les connaissez peut-être déjà : les nausées, les vertiges, la constipation ou encore une forte envie de dormir. Ces effets, bien que moins dangereux, peuvent vraiment gâcher la vie de tous les jours et rendre les activités quotidiennes difficiles, surtout pour les personnes âgées.
Un fléau mondial nommé opioïdes
Cette étude sur le tramadol s’inscrit dans un contexte beaucoup plus large et inquiétant : la crise mondiale des opioïdes. Les chiffres donnent le vertige. On estime que 60 millions de personnes dans le monde sont dépendantes de ces substances. Pire encore, en 2019, près de 500 000 décès étaient liés à la drogue, dont la grande majorité à cause des opioïdes. Rien qu’aux États-Unis, le nombre de morts par overdose d’opioïdes a presque doublé entre 2019 et 2022.
Face à ces drames, les chercheurs insistent : l’utilisation du tramadol et des autres opioïdes devrait être réduite au strict minimum.
Conclusion : Que faut-il en retenir ?
Alors, que faire de toutes ces informations ? C’est assez simple, finalement. L’étude nous dit que le tramadol est un médicament qui soulage très peu la douleur chronique, mais qui expose à des risques bien réels et parfois graves. Le jeu n’en vaut probablement pas la chandelle.
L’idée n’est pas de jeter vos médicaments à la poubelle sans réfléchir. Surtout pas ! La meilleure chose à faire est d’en parler. Prenez rendez-vous avec votre médecin, discutez avec lui de cette étude et demandez s’il n’existe pas d’autres solutions, peut-être moins risquées, pour gérer votre douleur. Votre santé est trop précieuse pour la confier à un médicament dont les bénéfices sont si faibles et les dangers si importants.
Selon la source : medicalxpress.com