Les scientifiques stupéfaits : un bébé planète dévore 6,6 milliards de tonnes de matière par seconde, un véritable monstre céleste !
Auteur: Adam David
Dans l’immensité silencieuse de l’espace, un spectacle d’une voracité inouïe se déroule. Des astronomes viennent de surprendre une planète en pleine formation, un « bébé » cosmique à l’appétit si démesuré qu’il remet en question une partie de ce que nous pensions savoir sur la naissance des mondes. Son régime ? Près de 6,6 milliards de tonnes de matière englouties chaque seconde.
Un voisin cosmique scruté de près
L’ogre se trouve à 620 années-lumière de nous, dans la constellation du Caméléon. C’est une distance qui, à l’échelle cosmique, s’apparente presque à du voisinage. C’est là que les équipes de la Johns Hopkins University, armées de la puissance du Very Large Telescope (VLT) de l’ESO et de l’œil perçant du télescope spatial James Webb, ont pu observer ce phénomène exceptionnel. Leurs observations, détaillées dans une étude de *The Astrophysical Journal Letters*, se sont concentrées sur le disque de gaz et de poussière qui tourbillonne furieusement autour de l’astre en gestation.
Portrait-robot d'un monstre planétaire
Son nom de code est Cha 1107-7626, mais c’est son pedigree qui impressionne. Bien qu’elle n’en soit qu’aux premiers stades de son existence, sa masse est déjà colossale : entre cinq et dix fois celle de Jupiter, la géante de notre propre système solaire. Une corpulence qui s’explique par son régime alimentaire hors norme. Pendant des mois, les astronomes l’ont vue littéralement se gaver de la matière environnante, confirmant que ce rythme de croissance, même s’il n’est que temporaire, suffit à bâtir des mondes gigantesques en un temps record.
Une croissance qui défie les modèles
Ce n’est pas tant la croissance en elle-même qui stupéfie les chercheurs, mais son rythme effréné. L’un des coauteurs de l’étude l’affirme sans détour : « l’événement d’accrétion que nous observons est le plus puissant jamais enregistré pour un objet de masse planétaire ». Autrement dit, on n’avait encore jamais vu une future planète se former avec une telle frénésie. C’est un peu comme assister en direct à une poussée de croissance qui devrait normalement prendre des millions d’années, mais condensée sur une période beaucoup plus courte.
Le grand mystère : une planète orpheline
Mais derrière ce festin se cache une énigme bien plus profonde, presque existentielle. Car Cha 1107-7626 est une planète vagabonde, une orpheline cosmique qui ne gravite autour d’aucune étoile. Normalement, les planètes naissent dans le disque de matière qui entoure une jeune étoile, un peu comme des enfants autour d’un parent. Celle-ci, non. Elle semble dériver seule dans l’espace, ce qui soulève une question fondamentale.
Deux hypothèses sur le berceau
Alors, d’où vient-elle ? Deux grandes pistes sont sur la table, comme l’explique l’astronome Aleks Scholz, de l’Université de St. Andrews. Soit il s’agit d’un objet formé seul, à la manière d’une étoile, mais qui n’a jamais accumulé assez de masse pour que les réactions nucléaires s’allument en son cœur. Une sorte d’étoile ratée. Soit c’est une planète géante, née classiquement dans un système solaire, mais qui en aurait été violemment éjectée suite à des interactions gravitationnelles complexes. Un exil forcé, en somme.
Sur la piste d'une origine perdue
Chacune de ces pistes ouvre des champs d’investigation radicalement différents. Si elle a été bannie de son système natal, les chercheurs pourraient tenter de remonter sa trajectoire pour retrouver sa famille d’origine, une tâche digne d’un détective cosmique. Si, au contraire, elle est née seule, cela signifierait que le processus de formation des planètes peut se produire même sans la présence d’une étoile-mère, ce qui obligerait à revoir certains de nos modèles astrophysiques.
L'enquête ne fait que commencer
La découverte de Cha 1107-7626 est donc bien plus qu’une simple curiosité astronomique. C’est une pièce de puzzle fascinante et déroutante. Elle nous rappelle que l’Univers est un laboratoire en perpétuelle effervescence, où les règles que l’on pense connaître sont sans cesse remises en question par de nouvelles observations. Pour les scientifiques, le festin est peut-être terminé, mais l’enquête, elle, ne fait que commencer.
Selon la source : science-et-vie.com