Robert F. Kennedy Jr. fait un lien bizarre entre la circoncision, le Tylenol et l’autisme
Auteur: Simon Kabbaj
Robert F. Kennedy Jr. n’a pas fini de faire parler de lui. Connu pour ses positions anti-vaccins, il a profité d’une réunion du Cabinet à la Maison-Blanche, ce jeudi, pour lancer une nouvelle théorie pour le moins étrange. Après avoir déjà suggéré un lien entre la prise de Tylenol (paracétamol) pendant la grossesse et l’autisme, il a ajouté une nouvelle pièce à son puzzle : la circoncision. Selon lui, donner du Tylenol à un garçon après sa circoncision pourrait ‘déclencher‘ l’autisme. Une affirmation qui a laissé de nombreux scientifiques perplexes et qui repose sur des bases très fragiles.
L'argumentaire de Kennedy : des études mal interprétées ?
Lors de cette réunion, Kennedy a affirmé qu’il existait ‘deux études qui montrent que les enfants circoncis tôt ont un taux d’autisme deux fois plus élevé’, ajoutant qu’il était ‘très probable que ce soit parce qu’on leur donne du Tylenol’. Mais quand on regarde de plus près les études auxquelles il fait probablement référence (publiées en 2013 et 2015), on se rend compte que l’histoire est bien plus compliquée. La première étude a bien trouvé une association, mais ses auteurs ont eux-mêmes averti que leurs conclusions ‘ne pouvaient pas fournir de preuves solides de causalité’. La seconde n’a même pas examiné l’utilisation du Tylenol. Kennedy semble donc mélanger et surinterpréter des résultats déjà très contestés.
Une communauté scientifique très sceptique
Dès leur publication, ces études ont été vivement critiquées par la communauté scientifique. Des chercheurs ont souligné de nombreuses failles dans la méthodologie. Par exemple, ils ont fait remarquer que d’autres problèmes de santé courants chez les jeunes enfants, comme les infections urinaires (plus fréquentes chez les garçons non circoncis), pouvaient causer des douleurs similaires ou pires que la circoncision. D’autres scientifiques ont qualifié les affirmations de ces études d »extrêmement spéculatives’. Et pour couronner le tout, une revue systématique de la littérature scientifique en 2022 n’a trouvé aucune preuve concluante d’un lien de cause à effet entre la circoncision et l’autisme.
Un paradoxe qui affaiblit sa théorie
Il y a un autre fait qui vient contredire la théorie de Kennedy. Aux États-Unis, le taux de circoncision a diminué ces dernières années. Or, pendant la même période, le taux d’autisme a continué d’augmenter. Si la circoncision (et le Tylenol qui l’accompagne) était une cause majeure, on devrait s’attendre à la tendance inverse. Ce paradoxe affaiblit considérablement son argumentaire et suggère que les causes de l’augmentation des diagnostics d’autisme sont bien plus complexes.
Le Tylenol et l'autisme : une théorie sans fondement scientifique solide
Cette nouvelle sortie de RFK Jr. s’inscrit dans une campagne plus large de l’administration Trump visant à lier le Tylenol à l’autisme, une théorie que les scientifiques et les agences de santé du monde entier ont largement rejetée. Si quelques études ont pu suggérer une possible corrélation, les études les plus vastes et les plus sérieuses sur le sujet n’ont trouvé aucun lien. Les experts rappellent qu’il n’existe, à ce jour, aucune preuve solide que la prise de paracétamol, à quelque moment de la vie que ce soit, cause l’autisme. Ils avertissent même que décourager les femmes enceintes d’en prendre pour soulager la fièvre ou la douleur pourrait être dangereux.
Kennedy lui-même admet le manque de preuves
Le plus ironique dans cette histoire, c’est que Kennedy lui-même semble conscient de la faiblesse de ses arguments. Lors de la même réunion, après avoir avancé sa théorie, il a fait marche arrière en admettant que les preuves n’étaient pas si claires. ‘Ce n’est pas une preuve. Nous sommes en train de faire les études pour apporter la preuve‘, a-t-il concédé. Une admission qui sonne comme un aveu : il avance des théories chocs basées sur des conjectures, avant même d’avoir les preuves scientifiques pour les étayer.
Conclusion : la science face à l'idéologie
Cette nouvelle sortie de Robert F. Kennedy Jr. est un exemple de plus de la manière dont des personnalités politiques peuvent utiliser et tordre des données scientifiques pour servir un discours idéologique. En créant des liens alarmistes entre des pratiques courantes et des conditions complexes comme l’autisme, sans preuves solides, il sème la confusion et la peur. Une fois de plus, la communauté scientifique se retrouve obligée de rappeler les faits face à des théories qui, bien que séduisantes pour certains, n’ont pas de fondement dans la réalité de la recherche médicale.
Selon la source : gizmodo.com