Vos ongles de pieds en disent long sur votre santé : ce signe inattendu pourrait révéler un risque de cancer du poumon
Auteur: Adam David
Et si nos pieds détenaient une information capitale sur la santé de nos poumons ? L’idée peut paraître saugrenue, et pourtant, elle est au cœur d’une étude canadienne qui pourrait bien changer la donne en matière de dépistage. Des chercheurs ont découvert que nos ongles d’orteils accumulent les traces d’un ennemi silencieux : le radon, un gaz radioactif responsable de nombreux cancers du poumon.
Le radon, ce tueur invisible que l'on oublie trop souvent
Le cancer du poumon n’est pas qu’une affaire de fumeurs. Si le tabagisme reste la cause numéro un, on oublie souvent son principal complice. Incolore, inodore, le radon est un gaz radioactif d’origine naturelle qui s’infiltre dans nos habitations. Selon les estimations, il serait à l’origine de 3 à 14 % des cancers du poumon dans le monde, ce qui en fait la deuxième cause de la maladie, juste derrière la cigarette.
Ce gaz a une fâcheuse tendance à se concentrer à l’intérieur des bâtiments, surtout dans les sous-sols ou les pièces mal aérées des régions froides. Une fois inhalé, il s’attaque discrètement aux tissus pulmonaires, année après année.
Une « boîte noire » biologique à portée de main
Le vrai défi, jusqu’ici, était de mesurer l’exposition d’une personne au radon sur le long terme. Comment savoir à quelle dose on a été soumis il y a dix ou vingt ans ? C’est là que l’équipe de l’Université de Calgary, au Canada, a eu une idée pour le moins originale. Leurs travaux, publiés dans la revue Environment International, proposent de regarder… sous nos pieds.
Leur hypothèse : les ongles, qui poussent lentement, agissent comme une sorte d’archive biologique. Ils pourraient capturer et stocker les marqueurs d’une exposition chronique au radon.
Du gaz aux ongles : le parcours d'un isotope radioactif
Comment ça marche, concrètement ? « Après inhalation, le radon se transforme assez rapidement en un type spécifique de plomb radioactif, le plomb 210 », explique le Dr Aaron Goodarzi, biochimiste et co-auteur de l’étude. Notre organisme, ne faisant pas la différence, traite ce plomb radioactif comme n’importe quel plomb : il le stocke dans les tissus à renouvellement lent, comme les cheveux, la peau… et les ongles.
Pour le vérifier, les chercheurs ont analysé 55 échantillons d’ongles d’orteils. Les résultats sont parlants. Les personnes ayant vécu dans des maisons à forte concentration de radon pendant plus de 25 ans présentaient une quantité de plomb 210 presque quatre fois supérieure à celle des personnes faiblement exposées.
Vers un nouveau paradigme de dépistage ?
Bien sûr, il est encore trop tôt pour crier victoire. Le seuil exact de plomb 210 qui correspond à un risque avéré de cancer reste à définir. Mais cette étude est une formidable preuve de concept : notre corps garde en mémoire notre exposition au radon, et il est possible de la mesurer de manière non invasive.
L’équipe ne compte pas s’arrêter là. Elle ambitionne désormais d’élargir son étude à près de 10 000 participants. L’objectif est clair : fournir des données solides pour que l’exposition au radon soit enfin prise en compte dans les programmes de dépistage du cancer du poumon.
redonner une chance aux oubliés du diagnostic
Aujourd’hui, le dépistage se concentre massivement sur les fumeurs ou ex-fumeurs, laissant de côté de nombreux patients dont le cancer est lié à d’autres facteurs environnementaux. Cette méthode pourrait changer la donne pour eux.
Comme le résume le Dr Goodarzi, ces travaux pourraient mener à « inclure davantage de patients dans un dépistage et un diagnostic précoces susceptibles de leur sauver la vie ». Une simple coupe d’ongle pourrait un jour devenir un geste aussi anodin que vital.
Selon la source : science-et-vie.com