On cherche partout des solutions contre la maladie d’Alzheimer, une maladie qui touche tant de nos proches. On teste des médicaments, on étudie nos modes de vie… Mais si une partie de la réponse se cachait déjà en nous, dans le rythme même de notre corps ? C’est la piste fascinante explorée par des chercheurs américains. Une piste qui pourrait, un jour peut-être, changer la donne.
L’idée peut paraître étrange, mais elle est très sérieuse. Des scientifiques de la Washington University School of Medicine pensent avoir trouvé un lien entre notre horloge interne et la protection de notre cerveau. C’est une découverte majeure. Une de celles qui redonnent un peu d’espoir à des millions de familles.
Au cœur du mécanisme : une protéine nommée REV-ERBα
Au centre de cette découverte se trouve une protéine au nom un peu compliqué : la protéine REV-ERBα. Pour faire simple, c’est l’une des petites aiguilles de notre horloge biologique. Elle aide à régler chaque jour notre métabolisme (la façon dont notre corps utilise l’énergie) et l’inflammation. Un rôle déjà bien connu.
Mais les chercheurs, dirigés par le Dr Erik Musiek et la Dr Jiyeon Lee, se sont posé une question : que se passerait-il si on mettait cette protéine « en pause » dans le cerveau ? L’idée était de voir si, en la désactivant, on pouvait protéger le cerveau des ravages d’Alzheimer. Un pari audacieux, mené pour l’instant sur des souris de laboratoire.
Le NAD+, le carburant essentiel de notre cerveau
Pour comprendre leur idée, il faut parler d’une autre molécule très importante : le NAD+. Pensez-y comme le carburant de haute qualité pour nos cellules, en particulier pour nos neurones. Le NAD+ leur donne de l’énergie et les aide à se réparer. Le problème, c’est qu’avec l’âge, et encore plus avec des maladies comme Alzheimer, notre niveau de NAD+ a tendance à baisser. Et un cerveau qui manque de carburant, eh bien… il fonctionne moins bien.
C’est là que ça devient vraiment intéressant. Les chercheurs ont découvert qu’en bloquant la fameuse protéine REV-ERBα, le niveau de NAD+ dans le cerveau… augmentait ! C’était la preuve qu’ils cherchaient : en agissant sur l’horloge biologique, on pouvait directement redonner du carburant au cerveau.
L'expérience sur les astrocytes, les gardiens du cerveau
Les scientifiques ne se sont pas arrêtés là. Ils ont voulu être encore plus précis. Dans notre cerveau, il n’y a pas que des neurones. Il y a aussi d’autres cellules, comme les astrocytes, qui agissent un peu comme des gardiens : ils soutiennent, nourrissent et protègent les neurones.
Dans une partie de leur expérience, ils ont donc désactivé la protéine REV-ERBα uniquement dans ces astrocytes. Et le résultat a été le même ! Cela a suffi à faire remonter le niveau de NAD+ dans tout le cerveau. C’est une information capitale, car elle montre qu’on pourrait peut-être, à l’avenir, cibler ces cellules spécifiques pour obtenir un effet protecteur global.
Moins de « déchets » toxiques et un cerveau mieux protégé
Bon, c’est bien d’avoir plus de carburant, mais est-ce que ça protège vraiment contre la maladie ? La réponse, chez les souris, est oui. La maladie d’Alzheimer est notamment causée par l’accumulation d’une protéine toxique, la protéine tau. Cette protéine forme des sortes de « nœuds » ou de « déchets » qui étouffent et tuent les neurones.
L’étude a montré que les souris dont la protéine REV-ERBα était bloquée avaient beaucoup moins de ces accumulations de protéine tau. Leurs neurones étaient donc bien mieux protégés contre la dégénérescence. C’est le résultat le plus concret et le plus porteur d’espoir.
Un nouveau médicament à l'horizon ?
Le plus encourageant dans tout ça, c’est que les chercheurs ont réussi à obtenir ces résultats de deux manières : en modifiant les gènes des souris, mais aussi en utilisant un nouveau médicament expérimental. Ce médicament, qui se prend par voie orale, a eu exactement le même effet protecteur.
Cela ouvre une porte immense. On ne parle plus seulement d’une curiosité de laboratoire, mais d’une vraie piste pour un traitement. D’ailleurs, ce même médicament a déjà montré des signes prometteurs dans d’autres études, contre d’autres aspects de la maladie d’Alzheimer et même contre la maladie de Parkinson. L’espoir est donc permis.
Conclusion : Une nouvelle page s'ouvre, mais restons prudents
Alors, faut-il se réjouir ? Oui, sans aucun doute. C’est une avancée scientifique formidable qui nous montre la maladie sous un angle totalement nouveau. L’idée de pouvoir protéger notre cerveau en agissant sur notre propre horloge biologique est fascinante.
Bien sûr, il faut rester prudent. Ce qui fonctionne sur des souris ne fonctionne pas toujours chez l’homme, et le chemin est encore long avant de voir un éventuel médicament dans nos pharmacies. Mais chaque pas compte. Et celui-ci est un grand pas dans la bonne direction, un pas qui nous rappelle que la science ne baisse jamais les bras face à la maladie.
Selon la source : scitechdaily.com