Un double cercle radio immense découvert à des milliards d’années-lumière : le mystère qui défie la science moderne
Auteur: Adam David
Introduction : un signal venu des confins de l’univers
C’est une silhouette fantomatique, immense et lointaine, que les radiotélescopes viennent de capturer. À plus de sept milliards d’années-lumière, un double cercle radio, le plus puissant jamais observé, interroge les astronomes sur les cataclysmes qui secouent l’univers. Une découverte débusquée non pas par un algorithme, mais grâce à l’œil de citoyens passionnés, qui redessine ce que l’on sait des galaxies et des trous noirs.
Quand la science se fait participative
Sans eux, ce signal serait peut-être resté noyé dans un océan de données. C’est sur la plateforme indienne RAD@home, un laboratoire collaboratif fondé par l’astronome Ananda Hota, que des volontaires ont repéré une forme étrange, une symétrie qui clochait dans les images brutes du ciel. Formés à l’analyse de clichés radio, ces « citoyens scientifiques » épluchent les relevés des plus grands observatoires, comme le LOFAR en Europe.

Un monstre cosmique aux dimensions inédites
Mais de quoi parle-t-on exactement ? D’un « Odd Radio Circle » (ORC), ou cercle radio étrange, un phénomène découvert très récemment, en 2019. Celui-ci, cependant, bat tous les records. Non seulement il est le plus lointain jamais identifié, nous montrant une facette de l’univers tel qu’il était il y a sept milliards d’années, mais il est aussi le plus puissant. Surtout, il est double : deux anneaux entrelacés, une configuration rarissime.
Quelle catastrophe a bien pu créer ces anneaux ?
L’origine d’une telle débauche d’énergie reste, pour l’heure, une énigme. Si la fusion de trous noirs supermassifs a été un temps évoquée pour d’autres ORCs, les chercheurs privilégient ici une autre piste : celle de « super-vents ». Il s’agirait de gigantesques ondes de choc sphériques, parties du cœur de la galaxie, probablement déclenchées par une période de formation d’étoiles frénétique ou par l’activité de son trou noir central.
La structure double suggère un scénario en deux temps. Une première explosion aurait créé le premier anneau, suivie, bien plus tard, par un second événement qui aurait généré le second. Une sorte de « second souffle » cosmique, dont les ORCs seraient la cicatrice durable. Une aubaine pour les scientifiques qui cherchent à comprendre les interactions violentes au sein des galaxies lointaines.
D’autres structures qui complexifient le tableau
Comme pour rendre le puzzle encore plus complexe, l’équipe a identifié deux autres structures radio géantes, bien plus proches de nous. Leur histoire est différente. Il s’agit de deux galaxies massives dont les trous noirs centraux émettent de puissants jets de matière. Ces jets, en traversant le gaz chaud qui baigne les amas de galaxies, créent à leur tour des structures en forme d’anneaux.
Dans l’un des cas, on observe un jet se courber brutalement, comme s’il avait heurté un mur invisible, pour former un anneau à son extrémité. Ces exemples montrent qu’il n’y a peut-être pas une, mais plusieurs façons de créer des cercles radio dans l’univers. Soit par des explosions sphériques, soit par l’impact de jets sur le milieu environnant. Le contexte, notamment la présence d’un amas de galaxies, semble jouer un rôle clé.

Conclusion : de la curiosité à l’outil cosmologique
Loin d’être anecdotique, cette triple découverte pourrait bien changer notre regard sur les ORCs. D’objets rares et isolés, ils pourraient en réalité être bien plus fréquents, mais tout juste à la limite de nos capacités de détection. Ils ne seraient qu’une partie d’une grande famille de « sculptures cosmiques », façonnées par les vents et les jets qui émanent des galaxies.
Ces cercles fantomatiques nous offrent une nouvelle fenêtre sur l’influence des trous noirs sur leur environnement, un processus fondamental pour comprendre l’évolution des galaxies. Le salut viendra sans doute de la prochaine génération de télescopes, comme le Square Kilometre Array (SKA), qui promet de cartographier le ciel radio avec une précision inégalée. En attendant, cette découverte reste une belle leçon : au bout des télescopes les plus puissants, il y a encore et toujours le regard d’un humain curieux.