Aller au contenu
Criminalité Environnement Société

Drogues, armes et exploitation humaine : la face cachée du trafic d’animaux au Canada

 Auteur: Adam David
Partagez : facebook icon twitter icon
Drogues, armes et exploitation humaine : la face cachée du trafic d’animaux au Canada
Crédit: freepik
Quand on parle de braconnage, les images qui viennent à l’esprit sont souvent celles d’éléphants ou de rhinocéros, dans des contrées lointaines d’Afrique ou d’Asie. Pourtant, une nouvelle étude fracassante révèle que le Canada est loin d’être un simple spectateur de ce trafic mondialisé ; il en est une plaque tournante où le crime organisé a tissé une toile complexe et inquiétante.

  Une enquête de terrain met les pieds dans le plat

Une enquête de terrain met les pieds dans le plat
Crédit: freepik
Ce qui n’était jusqu’ici qu’une succession d’anecdotes et de soupçons vient d’être confirmé par des preuves empiriques solides. Des chercheurs ont mené plus de cent entretiens avec des enquêteurs de terrain au Canada, en Afrique du Sud et à Hong Kong. Leurs conclusions, publiées récemment, dessinent les contours d’un phénomène criminel bien plus vaste et interconnecté que ce que l’on imaginait.

  Au canada, l'esturgeon s'échange contre de la drogue

Au canada, l'esturgeon s'échange contre de la drogue
Crédit: freepik
Les témoignages recueillis au Canada sont édifiants. Dans plusieurs provinces, des parties d’animaux, comme l’esturgeon, sont directement troquées contre des stupéfiants. Un officier raconte avoir découvert, lors d’une perquisition, des peaux d’ours polaire et de grizzly échangées contre des narcotiques de grande valeur. Le trafic d’espèces sauvages ne se limite pas à un simple commerce, il sert de monnaie d’échange dans l’économie souterraine.

  Un réseau criminel aux multiples facettes

Un réseau criminel aux multiples facettes
Crédit: freepik
Mais les ramifications ne s’arrêtent pas là. Les mêmes réseaux qui chassent illégalement des animaux sont souvent impliqués dans le trafic d’armes, l’exploitation de travailleurs migrants dans des usines de traitement clandestines, ou encore le commerce de biens de contrefaçon. Certains cas plongent même dans un univers plus glauque, celui des « curiosités » : os humains, reptiles conservés et autres objets macabres, où la frontière entre trafic d’animaux et vente de restes humains devient floue.

  Le même mode opératoire, de hong kong à vancouver

Le même mode opératoire, de hong kong à vancouver
Crédit: freepik
Cette convergence des activités criminelles suit une logique implacable : maximiser les profits en utilisant les mêmes infrastructures. Un contrebandier dispose déjà de filières de transport, de contacts corrompus et de circuits de blanchiment. Diversifier ses activités vers la faune sauvage n’est qu’un moyen d’ajouter une source de revenus, avec des risques judiciaires souvent bien moindres. Comme l’a résumé un enquêteur : « Si vous êtes un passeur, la marchandise peut changer, mais vous restez un passeur. »

  La réponse canadienne : un système en silos qui fait le jeu des criminels

La réponse canadienne : un système en silos qui fait le jeu des criminels
Crédit: freepik
Face à ces réseaux sophistiqués, la réponse des autorités canadiennes semble malheureusement fragmentée. Les crimes liés à la faune sont généralement traités par les ministères de l’Environnement, tandis que le trafic de drogue ou d’êtres humains relève de la police et des agences frontalières. Chaque service travaille dans son couloir, avec ses propres juridictions géographiques. Ce fonctionnement en silos crée des angles morts que les organisations criminelles exploitent sans peine, chaque agence ne voyant qu’une pièce isolée du puzzle.

  Un enjeu de sécurité nationale, au-delà de l'écologie

Un enjeu de sécurité nationale, au-delà de l'écologie
Crédit: freepik
L’enjeu dépasse largement la seule protection de la biodiversité. La Banque mondiale estime que l’exploitation forestière, la pêche et le commerce illégaux d’espèces sauvages entraînent des pertes économiques se chiffrant en milliers de milliards de dollars chaque année. Ces profits immenses alimentent la corruption, déstabilisent des communautés et sapent l’état de droit. En croisant le trafic de drogue et d’armes, ces réseaux renforcent une criminalité qui ronge la société de l’intérieur.

  Conclusion : Changer de regard pour démanteler les réseaux

Conclusion : Changer de regard pour démanteler les réseaux
Crédit: freepik
Traiter le trafic d’espèces sauvages non plus comme un simple délit environnemental, mais comme une forme complexe de crime organisé, est devenu une nécessité. Cela implique une collaboration renforcée entre les agences, un partage systématique des renseignements et des peines plus sévères. C’est en changeant de perspective que le Canada pourra espérer démanteler ces réseaux qui profitent aussi bien de l’exploitation de la planète que de celle des êtres humains.

Selon la source : theconversation.com

facebook icon twitter icon linkedin icon
Copié!

Articles reliés

Plus de contenu