La coque de noix de cajou, l’arme secrète de l’afrique pour produire ses propres vaccins ?

Auteur: Adam David

2025-10-22 09:59:57

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Crédit: freepik

Et si la solution à la dépendance vaccinale de l’Afrique se cachait dans un simple déchet agricole ? C’est le pari audacieux d’une équipe de chercheurs sud-africains. Ils ont mis au point une méthode pour transformer l’huile des coques de noix de cajou en un composant clé des vaccins à ARNm, ouvrant la voie à une autonomie sanitaire longtemps espérée sur le continent.

Le talon d'achille des vaccins à ARNm

La pandémie de Covid-19 a consacré la technologie des vaccins à ARNm, rapides à produire et redoutablement efficaces. Mais elle a aussi révélé sa principale faiblesse : son coût. Pour être injectées dans le corps humain, les fragiles molécules d’ARNm doivent être protégées dans une capsule, une sorte de bulle de graisse. Or, ces ’emballages’, appelés nanoparticules lipidiques, sont aujourd’hui dérivés du pétrole. Leur fabrication est complexe, leur prix exorbitant — jusqu’à 3 500 dollars le gramme — et les brevets sont jalousement gardés par les laboratoires occidentaux.

Une ressource locale et négligée

C’est là que la noix de cajou entre en scène. L’Afrique produit plus de la moitié des noix de cajou du monde, mais leurs coques sont massivement considérées comme des déchets. Pourtant, elles renferment une huile précieuse. L’équipe du professeur Patrick Arbuthnot, de l’Université du Witwatersrand, a eu l’idée de l’exploiter. « Les ARNm sont de grosses molécules, instables et chargées négativement », explique-t-il. « Elles ont besoin d’un emballage pour voyager en toute sécurité jusqu’à nos cellules. » Cet emballage, ils proposent de le fabriquer à partir de cette ressource locale, abondante et durable.

Aussi efficace que les solutions existantes

La prouesse ne s’arrête pas à la bonne idée. Après transformation chimique, l’huile de cajou donne naissance à des capsules lipidiques capables de transporter l’ARNm. Et les premiers résultats sont plus qu’encourageants. Selon les chercheurs, ces capsules ‘made in Africa’ délivrent leur contenu aussi efficacement que la technologie SM102, celle utilisée par le géant Moderna pour ses vaccins anti-Covid. Les réponses immunitaires observées seraient même tout à fait comparables. Un vrai coup de maître.

Vers une souveraineté vaccinale africaine

Au-delà de l’innovation scientifique, l’enjeu est géopolitique. L’Afrique, qui ne fabrique aujourd’hui qu’environ 1% des vaccins qu’elle consomme, ambitionne d’atteindre 60% de production locale d’ici 2040. Développer ses propres composants, comme ces lipides de cajou, est un pas de géant pour sortir de la dépendance aux brevets et aux chaînes d’approvisionnement étrangères. « Cela contribuera à la souveraineté vaccinale de l’Afrique, mais aussi à sa sécurité et à son équité sanitaires », insiste Patrick Arbuthnot. Une manière concrète de se préparer aux futures pandémies, sans avoir à attendre l’aide internationale.

Une plateforme flexible pour l'avenir

L’autre atout de cette découverte, c’est sa flexibilité. La technologie ARNm permet de changer de cible virale très rapidement, simplement en modifiant le ‘code’ génétique inséré dans la capsule. L’équipe sud-africaine travaille d’ailleurs déjà sur un candidat vaccin contre la tuberculose, un fléau majeur sur le continent. La polyvalence de la plateforme pourrait ainsi répondre à de nombreux défis de santé publique spécifiques à l’Afrique.

Conclusion : de la coque au vaccin, un chemin encore à paver

Le projet a déjà sécurisé un financement de près de 400 000 dollars et une procédure de brevet est en cours. Une entreprise sud-africaine est même déjà sur les rangs pour industrialiser la production de ces lipides bio-sourcés. Bien sûr, la route est encore longue avant une application clinique à grande échelle, et de nombreux tests restent à mener. Mais cette innovation frugale, née d’un déchet, incarne une promesse immense : celle d’une science ancrée dans les réalités locales, capable de forger des solutions par et pour le continent.

Selon la source : trustmyscience.com