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Le secret des punaises puantes : elles cultivent des « fermes à champignons » pour protéger leurs œufs
Crédit: freepik

L’étrange découverte sur les pattes des punaises

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Pendant longtemps, les scientifiques se sont cassé la tête sur de minuscules excroissances que l’on pouvait observer sur les pattes arrière de certaines punaises puantes femelles. On croyait dur comme fer que c’était une sorte d’oreille minuscule, un organe tympanal qui leur permettait d’entendre. Mais, comme souvent avec la nature, la vérité est bien plus surprenante, n’est-ce pas ?

Il s’avère que ces « oreilles » sont en réalité de petites fermes, des jardins secrets où l’insecte cultive des champignons protecteurs. C’est une histoire fascinante d’adaptation et de survie, surtout quand on pense que l’objectif principal est de déjouer les attaques des guêpes parasites. Une astuce de mère nature, si vous voulez, pour s’assurer que la prochaine génération arrive à bon port.

L’énigme des « oreilles » : une erreur d’identité

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Ces travaux, menés par Takanori Nishino à l’Institut National des Sciences et Technologies Industrielles Avancées (AIST) au Japon, ont vraiment mis les pendules à l’heure. L’équipe a examiné la structure de près, une tâche délicate, je suppose. Après tout, les insectes développent souvent des organes auditifs qui ressemblent beaucoup à ça, sur les pattes, le thorax… Il y a toute une littérature là-dessus !

Mais pour la punaise Megymenum gracilicorne, la ressemblance n’était qu’une coïncidence. Les chercheurs ont confirmé que ce n’était pas un organe tympanal parce que la cuticule – la peau extérieure – est trop poreuse et, surtout, elle manque totalement des nerfs sensoriels nécessaires pour entendre. Une vraie membrane auditive, voyez-vous, doit être mince et avoir une poche d’air derrière. Rien de tout ça ici.

Non, ce sont deux petites plaques duveteuses sur les pattes arrière qui abritent des milliers de pores, et chaque pore est relié à des cellules sécrétrices. Ces cellules ne captent pas les sons, elles soutiennent activement la croissance d’amis microscopiques : des champignons bénéfiques.

Comment la mère enduit les œufs

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La nature a ce don incroyable de transformer un simple appendice en un outil de survie pour la génération suivante. Lorsque vient le moment de pondre, la femelle a un rituel bien établi. Elle se gratte, elle frotte cet organe touffu sur ses œufs, puis elle étale ces spores comme on étalerait de la peinture, ou plutôt, comme on appliquerait une crème de protection.

C’est un bouclier vivant qu’elle fabrique elle-même. Dans les jours qui suivent, les hyphes (les filaments du champignon) se tissent ensemble pour former un manteau protecteur. L’objectif ? Bloquer les attaques dévastatrices des guêpes parasitoïdes, ces insectes dont les larves finissent par tuer leur hôte.

Des fermes fongiques sur pattes : la nature choisit la protection

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On pourrait se demander : n’importe quel champignon fait-il l’affaire ? Pas du tout. Les chercheurs ont découvert que ces fungi appartiennent principalement à la famille des Cordycipitaceae, qui inclut des espèces célèbres comme le *Cordyceps*. Pourtant, la punaise a l’air de faire son tri, en sélectionnant et cultivant des souches bien plus douces, moins mortelles.

Quand ils ont testé l’effet de ces champignons, notamment des isolats de *Simplicillium* et *Lecanicillium*, ils se sont avérés beaucoup moins létaux que d’autres souches comme *Beauveria*, qui tue facilement l’hôte par injection. Ce comportement suggère clairement que la mère ne veut pas d’un pathogène interne, mais plutôt d’une protection de surface. Une vraie stratégie de sélection agricole !

Un bouclier physique très efficace contre les parasitoïdes

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Le champignon fonctionne-t-il vraiment ? Absolument. Les tests en laboratoire et sur le terrain ont montré que si l’on nettoyait les œufs de leur revêtement fongique, ils subissaient beaucoup plus d’attaques. Les œufs bien recouverts, eux, résistaient à l’oviposition – le fait pour la guêpe de pondre son propre œuf à l’intérieur de celui de la punaise.

C’est important de le noter : les guêpes parasites touchaient les deux types d’œufs, nettoyés ou enduits, mais elles ne parvenaient à pondre que sur les œufs « nus ». Le bouclier fongique change la mécanique de la surface de l’œuf. Ce n’est pas forcément une toxine ou une mauvaise odeur qui les repousse, c’est une barrière physique pure et simple. Un peu comme mettre un casque trop épais pour qu’une aiguille ne puisse pas passer. C’est juste génial, cette ingéniosité animale.

Sur le terrain, les amas d’œufs qui avaient conservé leurs filaments fongiques ont éclos beaucoup plus de punaises puantes, tandis que les masses nettoyées montraient un taux d’échec élevé à cause des assauts des guêpes. La preuve est faite.

De l’oreille à l’armure : quand la nature réutilise ses outils

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C’est un excellent exemple de ce qu’on appelle en biologie l’évolution par réaffectation. La sélection naturelle est une championne du recyclage. Une structure qui, chez les ancêtres ou d’autres espèces, servait peut-être de plaque pour l’ouïe est désormais un organe de symbiose externe, servant à cultiver des microbes pour la défense. C’est malin.

Ce type d’organe fongique spécialisé n’est pas totalement unique. Les coléoptères ambroisie, par exemple, utilisent des cavités appelées mycangia pour transporter des champignons alimentaires qu’ils plantent dans le bois. La punaise a peut-être un système différent en termes de placement et d’échelle, mais la logique reste la même : utiliser des cavités cuticulaires pour nourrir et concentrer des hyphes soigneusement sélectionnés.

Finalement, comprendre comment ce manteau fongique se développe et combien de temps il met pour s’installer pourrait même donner des idées aux agriculteurs pour développer des méthodes de lutte douces. C’est toujours intéressant de voir comment les insectes résolvent leurs propres problèmes, n’est-ce pas ?

Les questions qui restent en suspens pour les chercheurs

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Bien sûr, chaque grande découverte soulève de nouvelles questions. Par exemple : Comment les femelles choisissent-elles exactement le bon champignon à cultiver à chaque nouvelle saison ? L’organe sécrète bien des sucres et des protéines, mais les signaux de reconnaissance sont encore flous. Il doit y avoir un certain équilibre délicat entre fournir une protection et éviter une infection. Si le champignon devient trop virulent, la mère court un risque.

Aussi, maintenant que l’on sait que les guêpes sont gênées par ce « casque », est-ce qu’elles pourraient évoluer pour contourner le problème ? Est-ce qu’elles pourraient apprendre à écraser les hyphes avec leurs antennes pour atteindre la coquille de l’œuf ? C’est une course aux armements perpétuelle !

Des études futures devraient cartographier les gènes actifs dans cet organe au fur et à mesure que la femelle mûrit. C’est le genre de travail pointu qui nous aide à mieux comprendre les mécanismes cachés de l’évolution. On ne s’ennuie jamais avec la nature, je suppose.

Conclusion : Un nouveau regard sur les petites bêtes

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Cette incroyable révélation, publiée dans la prestigieuse revue *Science*, nous montre à quel point il faut toujours rester humble face au monde animal. Une structure que l’on prenait pour un organe sensoriel — une oreille — se révèle être une micro-ferme dédiée à la survie. C’est l’histoire d’une mère qui transforme une partie de son corps en une ligne de défense de nouvelle génération pour ses petits.

Le cas de la punaise puante Megymenum gracilicorne vient enrichir notre catalogue des partenariats entre insectes et microbes, prouvant qu’un simple bouclier physique peut être tout aussi efficace qu’une toxine ou une odeur répugnante. C’est vraiment fascinant de voir à quel point les petites bêtes sont pleines de ressources.

Selon la source : earth.com

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