C’est une nouvelle qui a de quoi nous faire regarder notre prochain passage au supermarché d’un autre œil. On a toujours pensé que les infections urinaires (IU) étaient un problème purement personnel, une question d’hygiène ou de malchance. Mais une nouvelle étude vient de jeter un pavé dans la mare. Des chercheurs ont découvert qu’une part importante de ces infections si courantes et si douloureuses pourrait en réalité provenir… de la viande que nous achetons. Une découverte qui transforme un problème de santé intime en un véritable enjeu de sécurité alimentaire.
Le coupable identifié : une bactérie E. coli venue de la viande

Les infections urinaires sont l’une des infections les plus courantes au monde, responsables de millions de consultations chaque année. Dans plus de 80% des cas, le coupable est une bactérie que l’on connaît bien : Escherichia coli (E. coli). Ces bactéries vivent normalement dans nos intestins, mais certaines souches peuvent devenir pathogènes. Des chercheurs de l’Université George Washington soupçonnaient depuis longtemps que la nourriture pouvait être un vecteur. Leur nouvelle étude, publiée dans la revue mBio, le confirme de manière éclatante : de nombreuses infections urinaires peuvent être directement retracées à des souches d’E. coli présentes dans la viande et la volaille vendues en magasin.
Comment les scientifiques ont-ils remonté la piste ?
Pour prouver ce lien, les scientifiques ont mené une véritable enquête génétique à grande échelle. En collaboration avec des chercheurs de Kaiser Permanente en Californie du Sud, ils ont collecté et analysé l’ADN de plus de 5 000 échantillons d’E. coli. Ces échantillons provenaient à la fois de patientes souffrant d’infections urinaires dans la région entre 2017 et 2023, et de paquets de viande vendus au détail. Ils ont ensuite développé un algorithme capable, sur la base de 17 marqueurs génétiques spécifiques, de déterminer si une souche d’E. coli avait une origine humaine ou animale.
Des chiffres qui font réfléchir : une infection sur cinq d’origine alimentaire
Les résultats de cette analyse sont stupéfiants. Les chercheurs ont découvert que 18% des infections urinaires diagnostiquées dans la région avaient probablement une origine ‘zoonotique’, c’est-à-dire qu’elles provenaient d’animaux. En clair, près d’une infection urinaire sur cinq serait directement liée à la consommation ou à la manipulation de viande contaminée. C’est un chiffre énorme, qui montre que le problème est loin d’être anecdotique. ‘Ces découvertes mettent en évidence la transmission zoonotique comme un moteur important des infections urinaires’, écrivent les auteurs.
Plus qu’un problème personnel, un enjeu de sécurité alimentaire
Cette découverte change complètement notre perspective. ‘Les infections urinaires ont longtemps été considérées comme un problème de santé personnel, mais nos résultats suggèrent qu’il s’agit aussi d’un problème de sécurité alimentaire‘, déclare Lance Price, l’auteur principal de l’étude. L’étude a également révélé que les souches les plus dangereuses provenaient le plus souvent du poulet et de la dinde, et que les personnes vivant dans des quartiers à faibles revenus étaient plus susceptibles d’être touchées. Cela soulève des questions importantes sur les pratiques d’élevage, d’abattage et de distribution dans l’industrie agroalimentaire.
Comment se protéger ? Les gestes simples qui font la différence

Alors, faut-il arrêter de manger de la viande ? Non, mais cette étude est un rappel crucial de l’importance des règles d’hygiène en cuisine. Heureusement, les mêmes gestes qui protègent contre les intoxications alimentaires classiques (comme la salmonelle) devraient également réduire le risque de ces infections urinaires. Voici les règles d’or :
- Achetez de la viande dont l’emballage est bien scellé.
- Dans le caddie et le frigo, séparez bien la viande crue des autres aliments pour éviter les contaminations croisées.
- Lavez-vous soigneusement les mains avec du savon après avoir manipulé de la viande crue.
- Utilisez des planches à découper et des ustensiles différents pour la viande crue et les autres aliments.
- Et surtout, assurez-vous de cuire la viande à cœur. Une bonne cuisson tue les bactéries.
Conclusion : un nouveau regard sur une infection trop banalisée
Au final, cette étude est une petite révolution. Elle nous oblige à reconsidérer l’origine d’une des infections les plus courantes au monde. Ce n’est plus seulement une ‘maladie de femmes’ ou un problème d’hygiène personnelle. C’est aussi une question de ce qu’il y a dans notre assiette. Sans tomber dans la paranoïa, c’est une raison de plus d’être extrêmement vigilant en cuisine et de prendre au sérieux les règles de sécurité alimentaire. Votre vessie vous remerciera peut-être.
Selon la source : publichealth.gwu.edu