Aller au contenu
Le ballet cellulaire qui calme l’inflammation : une découverte majeure pour l’immunité
Crédit: freepik

Nos gardiens de la paix internes

credit : freepik
Vous savez, quand le corps subit une agression, une blessure ou une infection, il déclenche une inflammation. C’est sa manière de se défendre. Mais une fois le danger écarté, il faut bien que quelqu’un vienne éteindre l’incendie. Ce sont les lymphocytes T régulateurs, de véritables gardiens de la paix de notre système immunitaire. Leur rôle est si crucial qu’il a même valu un prix Nobel en 2025 pour leur découverte.

Le souci, c’est que quand ces cellules ne fonctionnent pas bien, c’est la porte ouverte à des maladies auto-immunes ou des inflammations chroniques. On ne comprenait pas bien, jusqu’à récemment, comment elles s’activaient et se désactivaient. Des chercheurs de l’hôpital St. Jude Children’s Research Hospital viennent de lever le voile sur ce mécanisme complexe, et c’est passionnant.

Le métabolisme, le chef d’orchestre caché

credit : freepik
Les scientifiques ont découvert quelque chose d’assez fascinant en étudiant ces cellules de très près. En gros, ils ont réalisé qu’elles passaient par quatre états différents, un peu comme une voiture qui change de vitesse. Au début, elles sont au repos, dans un état métabolique ‘calme’. Puis, face à une inflammation, elles s’activent progressivement pour atteindre un pic d’activité. Et c’est là que vient la surprise.

Une fois leur travail terminé, elles ne s’éteignent pas simplement. Non, elles retournent à un état de repos, une sorte de mise en veille. « Cette dernière phase, où elles redeviennent métaboliquement calmes, n’avait jamais été décrite auparavant », explique Jordy Saravia, l’un des auteurs de l’étude. C’est peut-être la clé pour comprendre comment ces cellules savent quand leur mission est terminée. C’est une véritable feuille de route pour de futures thérapies.

Une histoire de deux organites : les centrales et les recycleurs

credit : freepik
Alors, qu’est-ce qui pilote ces changements d’état ? La réponse se trouve à l’intérieur même des cellules, dans une collaboration entre deux petites structures : les mitochondries et les lysosomes. Pensez aux mitochondries comme les centrales électriques de la cellule, et aux lysosomes comme ses centres de recyclage.

En regardant au microscope électronique, les chercheurs ont vu que les cellules les plus actives avaient beaucoup plus de mitochondries, et que celles-ci étaient plus performantes, avec plus de ‘plis’ internes. C’est comme avoir plus de générateurs dans chaque centrale. Quand ils ont bloqué le gène responsable de ces plis (un gène appelé Opa1), les lysosomes se sont mis à travailler davantage pour compenser. Mais cela n’a pas suffi. La cellule était moins efficace. Ça montre à quel point ces deux systèmes sont liés.

Quand les organites se parlent : une communication inattendue

credit : freepik
Cette interdépendance va encore plus loin. Les chercheurs ont découvert un véritable dialogue entre les mitochondries et les lysosomes. Ils ont identifié un autre gène, Flcn, qui freine normalement l’activité des lysosomes. Lorsqu’ils l’ont supprimé, les lymphocytes T régulateurs sont redevenus défectueux.

En fait, que l’on touche aux mitochondries (avec Opa1) ou aux lysosomes (avec Flcn), le résultat est le même : un signal est mal transmis à une protéine chef d’orchestre appelée TFEB. C’est la preuve d’une communication complexe. « Nous sommes les premiers à décortiquer ce dialogue entre organites dans les lymphocytes T régulateurs », précise Jordy Saravia. C’est cette communication qui assure le bon fonctionnement de nos gardiens de la paix.

Une découverte surprenante : de nouvelles pistes contre le cancer

credit : freepik
Et puis, il y a eu une découverte à laquelle personne ne s’attendait vraiment. Les scientifiques ont remarqué que sans le gène Flcn, les lymphocytes T régulateurs n’arrivaient plus à se rassembler dans des tissus comme les poumons ou le foie. Or, c’est justement dans ces tissus qu’ils protègent parfois… les tumeurs ! En effet, ces cellules peuvent empêcher le système immunitaire d’attaquer les cellules cancéreuses.

L’idée a donc germé : et si on bloquait ce gène pour affaiblir les défenses de la tumeur ? Ils ont testé sur des souris, et ça a marché. En supprimant Flcn, les défenses immunitaires anti-tumorales sont devenues plus efficaces, et les tumeurs ont diminué de taille. Cela pourrait ouvrir la voie à de nouvelles stratégies pour améliorer les immunothérapies actuelles contre le cancer. C’est une piste vraiment prometteuse.

Conclusion : ce que cela change pour nous

credit : freepik
Finalement, que retenir de tout ça ? Cette étude, c’est un peu comme si on venait de trouver le mode d’emploi détaillé de nos cellules gardiennes de l’immunité. On comprend mieux comment elles s’activent, font leur travail, puis se mettent en pause.

Cette danse délicate entre les mitochondries et les lysosomes n’est pas qu’une belle histoire de biologie. Elle nous donne des clés concrètes pour agir. Demain, on pourrait peut-être développer des traitements pour mieux contrôler l’inflammation dans les maladies auto-immunes ou, à l’inverse, pour empêcher les tumeurs de se protéger de nos défenses. Comme le dit le Dr Hongbo Chi, qui a dirigé l’étude, ces nouvelles connaissances « aideront à améliorer les traitements des maladies auto-immunes et du cancer ».

Selon la source : medicalxpress.com

facebook icon twitter icon linkedin icon
Copié!
Plus de contenu