On en parle partout : l’intelligence artificielle, les centres de données… C’est formidable, mais ça consomme une quantité d’électricité absolument vertigineuse. Tellement que ça pourrait compromettre nos efforts pour réduire notre consommation d’énergies fossiles. Alors, forcément, des chercheurs se creusent la tête pour trouver des alternatives. Et parfois, les idées les plus folles sont les meilleures. Tenez-vous bien : et si la solution se trouvait dans un simple champignon ?
Oui, vous avez bien lu. Un champignon, comme ceux que l’on trouve en forêt ou au supermarché. Ça ressemble à de la science-fiction, et pourtant, une découverte ouvre une porte incroyable vers des ordinateurs plus écologiques, moins chers et… biodégradables.
Le champignon qui se souvient
L’idée repose sur un composant électronique appelé « memristor ». Un nom un peu barbare, je vous l’accorde. Pour faire simple, imaginez un interrupteur qui non seulement s’allume ou s’éteint, mais qui, en plus, se souvient de la dernière fois qu’on l’a utilisé. Il peut à la fois stocker de l’information (comme une mémoire) et la traiter (comme un processeur). C’est exactement ce que des chercheurs ont réussi à faire avec… du mycélium de champignon shiitake.
Le mycélium, c’est un peu le réseau de racines du champignon. En lui envoyant de petites impulsions électriques, une équipe menée par le Dr John LaRocco de l’Université de l’Ohio a démontré que ce réseau vivant pouvait se comporter comme un memristor organique. Une sorte de cerveau naturel miniature, en quelque sorte.
L'expérience, pas à pas
Comment ont-ils fait, concrètement ? L’équipe a d’abord cultivé des champignons shiitake, une espèce très courante et facile à trouver. Ensuite, ils ont prélevé le mycélium et l’ont déshydraté. Une fois sec, ils y ont connecté de minuscules électrodes pour y faire passer des courants électriques de différentes tensions et fréquences.
Et là, surprise. Ils ont observé que la « résistance » électrique du mycélium changeait en fonction des signaux reçus. En gros, le champignon gardait une trace du courant qui l’avait traversé. C’est cette variation de résistance qui permet de stocker une information, un peu comme un 0 ou un 1 dans un ordinateur classique. Sauf que là, c’est… un champignon.
Alors, ça marche vraiment bien ?
Les premiers résultats sont assez bluffants. Ce dispositif à base de champignon est capable de changer d’état électrique près de 6 000 fois par seconde. C’est pas mal du tout pour un début. La précision, elle, atteint environ 90 %.
Bon, 90 %, ce n’est pas encore parfait pour remplacer nos disques durs, on est d’accord. Il y a encore du chemin à faire pour que ce soit un système vraiment pratique. Les chercheurs ont aussi remarqué que les performances baissaient si on envoyait des signaux trop rapides. Mais ils ont trouvé une solution d’une simplicité désarmante : pour compenser, il suffit d’ajouter plus de champignons ! C’est quand même formidable, non ?
Pourquoi c'est une piste si intéressante
Au-delà de l’idée un peu amusante, les avantages potentiels sont énormes. D’abord, ces ordinateurs biologiques consommeraient beaucoup moins d’électricité. Ensuite, ils seraient presque entièrement biodégradables. Fini les montagnes de déchets électroniques qui polluent la planète ! On pourrait littéralement composter son vieil ordinateur.
Autre point crucial : pas besoin de terres rares, ces métaux précieux qui créent des tensions géopolitiques et dont l’extraction est très polluante. Et ce n’est pas tout. Les champignons shiitake sont connus pour leur résistance aux radiations. Du coup, on pourrait imaginer des ordinateurs-champignons pour l’exploration spatiale. Qui l’eût cru ?
Conclusion : L'avenir sera-t-il organique ?
Alors, est-ce qu’on va bientôt tous avoir un ordinateur qui pousse dans la cave ? Probablement pas demain. Cette technologie n’en est qu’à ses balbutiements. Mais elle ouvre une voie fascinante vers une informatique plus durable, plus respectueuse de l’environnement.
C’est une belle preuve que la nature a encore beaucoup à nous apprendre. Et puis, ça pose des questions assez amusantes. Si on faisait la même chose avec des champignons hallucinogènes, est-ce que l’ordinateur se mettrait à… planer ? Ou à avoir des idées vraiment bizarres ? Franchement, la science est parfois pleine de surprises, et c’est ça qui la rend passionnante. L’étude, pour les plus curieux, est publiée dans la revue PLoS ONE.
Selon la source : iflscience.com