Un traitement inattendu pour une maladie grave du foie pourrait venir du henné
Auteur: Mathieu Gagnon
Vous ne le savez peut-être pas, mais près de 3 à 4 % de la population mondiale pourrait souffrir d’une maladie du foie assez sérieuse, la fibrose hépatique avancée. C’est une de ces maladies silencieuses qui, si on ne s’en occupe pas, peut vraiment mal tourner. Mais voilà qu’une lueur d’espoir apparaît, et elle vient d’un endroit totalement inattendu : le henné. Oui, cette plante que l’on connaît surtout pour colorer les cheveux ou faire de jolis dessins sur la peau pourrait bien être la clé du premier traitement ciblé contre cette affection.
C’est assez incroyable de se dire qu’un remède si ancien pourrait résoudre un problème de santé si moderne, non ?
Qu'est-ce que la fibrose hépatique ?
Pour faire simple, la fibrose hépatique, c’est l’accumulation de tissu cicatriciel dans le foie. Imaginez une blessure qui cicatrise, mais à l’intérieur de votre foie. Ça arrive après des années de dommages causés par des infections, des maladies auto-immunes ou, bien sûr, une consommation excessive d’alcool. C’est un processus lent et insidieux.
Le vrai danger, c’est que si on ne fait rien, cette fibrose peut évoluer en cirrhose. Et la cirrhose, c’est la porte ouverte à des complications bien plus graves, comme le cancer du foie. Une étude a estimé que 3,3 % de la population mondiale souffrait déjà de fibrose avancée. Ce n’est pas rien.
À la recherche d'une solution ciblée
Jusqu’à présent, pour lutter contre la fibrose, la principale solution était de s’attaquer à la cause : arrêter l’alcool, traiter une hépatite virale… Ça permet de freiner la progression, mais ça ne répare pas vraiment les dégâts déjà faits. C’est pour ça que des chercheurs de l’Université métropolitaine d’Osaka, au Japon, ont voulu trouver un médicament capable d’agir directement sur le mécanisme biologique de la cicatrisation.
Ils se sont intéressés à des cellules bien précises, les cellules hépatiques étoilées (HSC). Quand le foie est blessé, ces cellules s’activent et se mettent à produire du collagène en excès, ce qui crée le tissu cicatriciel. L’idée était donc de trouver un moyen de calmer ces cellules un peu trop zélées.
Le Lawsone, le trésor caché du henné
L’équipe a donc passé au crible plus de 1 800 produits chimiques pour voir s’ils pouvaient agir sur ces fameuses cellules HSC. Et au milieu de tout ça, une substance s’est démarquée : le Lawsone. C’est un composant naturel que l’on trouve… dans le henné !
Les premiers tests en laboratoire ont montré que cet extrait de henné pouvait non seulement inhiber l’activité des cellules HSC, mais qu’en plus, il semblait peu toxique. Une piste très prometteuse, qui a poussé les chercheurs à aller plus loin.
Le henné, une plante aux mille usages
Le henné, ce n’est pas juste une nouveauté. On l’utilise depuis des milliers d’années dans différentes cultures. Les anciens Égyptiens s’en servaient pendant la momification – on a même retrouvé des momies avec des cheveux teints au henné. C’est fou, non ?
L’art de décorer le corps avec des motifs complexes au henné, le mehndi, était aussi populaire dans l’Égypte ancienne que dans l’Empire moghol. Aujourd’hui encore, c’est une tradition importante pour célébrer les mariages et d’autres fêtes dans de nombreuses religions. Et bien sûr, le henné a toujours eu sa place dans les médecines traditionnelles. C’est comme si on redécouvrait une sagesse ancestrale.
Des résultats encourageants chez les souris
Forts de leurs premières découvertes, les scientifiques ont testé le Lawsone sur des souris atteintes de fibrose hépatique. Les résultats ont été très positifs. Chez les souris traitées, les marqueurs de la fibrose ont diminué. Mais le plus intéressant, c’est que le Lawsone ne se contente pas de calmer les cellules HSC.
Il semble aussi les aider à revenir à leur état normal, non-cicatriciel. Cela veut dire qu’on pourrait non seulement stopper la progression de la maladie, mais peut-être même inverser une partie des dommages. C’est une avancée considérable.
Conclusion : Quel avenir pour ce traitement ?
Alors, que va-t-il se passer maintenant ? Les chercheurs sont optimistes. Tsutomu Matsubara, l’un des auteurs de l’étude, explique qu’ils travaillent actuellement sur un système pour administrer le médicament directement aux bonnes cellules dans le foie. L’objectif final, bien sûr, est de pouvoir proposer ce traitement aux patients.
En contrôlant l’activité de ces cellules, on pourrait limiter, et qui sait, peut-être un jour inverser les effets de la fibrose. C’est une perspective vraiment formidable, qui montre une fois de plus que la nature a encore bien des secrets à nous révéler.
Selon la source : iflscience.com