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Le Canada au bord de la rupture politique ? ce que révèle une étude inédite sur nos divisions
Crédit: freepik

La peur du miroir américain

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À force de naviguer sur les réseaux sociaux et de lire les chroniques politiques, on pourrait presque le croire : le Canada serait en train de glisser sur la même pente que son voisin américain, celle d’une polarisation irréconciliable. Le spectre d’une société fracturée en deux camps ennemis hante les esprits. Mais qu’en est-il vraiment ? Une nouvelle étude vient brosser un portrait bien plus nuancé, et peut-être un peu plus rassurant, de l’état de nos divisions.

Au-delà des idées, la guerre des émotions

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Pour comprendre le malaise, il faut distinguer deux concepts. Le premier, c’est la « polarisation affective ». Il ne s’agit pas ici de désaccords sur les politiques publiques, mais d’une fracture bien plus viscérale : la chaleur que l’on ressent pour son propre camp et l’hostilité, voire le mépris, que l’on éprouve pour celui d’en face. C’est une affaire de cœur, pas seulement de raison.

Le second, plus grave encore, est le « sectarisme politique ». On bascule ici dans une autre dimension : l’adversaire n’est plus seulement quelqu’un qui a tort, il devient un danger moral, un être incompréhensible et foncièrement mauvais. Faire un compromis avec lui s’apparente alors à une trahison.

Le diagnostic : une fièvre modérée, mais une asymétrie notable

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Alors, où se situe le Canada sur ce thermomètre des émotions ? L’enquête, menée auprès de 2 500 Canadiens, révèle une polarisation affective bien réelle, mais modérée. Le fossé est là, mais il est loin de l’abîme qui sépare démocrates et républicains aux États-Unis. Nous nous regardons encore sans nous haïr.

Un détail, cependant, est frappant. Les Canadiens s’identifiant à la gauche expriment une aversion plus forte envers la droite que l’inverse. Cette asymétrie n’est pas propre au Canada ; elle suggère que la perception de la menace, qu’elle soit sociale ou morale, n’est pas la même des deux côtés de l’échiquier politique.

Qui sont les plus divisés ?

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Le portrait-robot du Canadien polarisé se dessine peu à peu. Les électeurs les plus engagés, notamment ceux du NPD, du Parti conservateur et du Parti populaire, montrent les divisions les plus marquées. L’âge joue aussi un rôle : les Canadiens plus âgés sont plus polarisés que les jeunes. Géographiquement, une tension apparaît entre l’Alberta et les provinces de l’Atlantique, ces dernières étant plus mesurées.

Mais ce qui est peut-être plus intéressant, c’est ce qui ne semble pas jouer de rôle majeur. Contrairement aux idées reçues, ni le genre, ni l’origine ethnique, ni le niveau d’éducation ou le fait de vivre en ville ou à la campagne ne semblent être des facteurs déterminants de cette fracture affective.

Pourquoi cette animosité est une menace silencieuse

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Même modérée, cette animosité n’est pas sans danger. Elle érode lentement mais sûrement le ciment de notre démocratie : la confiance. Confiance dans les institutions, mais aussi confiance les uns envers les autres. Quand le débat politique se transforme en guerre de tranchées émotionnelle, la capacité à collaborer pour le bien commun s’effrite.

Le risque, c’est que les algorithmes des réseaux sociaux et le discours de certains acteurs politiques jettent de l’huile sur ce feu qui couve, transformant la méfiance en véritable détestation. C’est un engrenage qui, une fois enclenché, est très difficile à arrêter.

Conclusion : un appel à la vigilance, pas à la panique

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Pour l’instant, le Canada semble encore doté de certains garde-fous. Notre culture politique et notre consommation de médias, encore largement tournée vers des sources d’information crédibles, nous protègent sans doute des pires excès. Le diagnostic est donc celui de la prudence, pas de la crise.

Mais cet équilibre est fragile. La suite de l’histoire dépendra de la volonté de nos élus, des médias et de chaque citoyen de refuser la caricature et de tendre la main à ceux qui ne pensent pas comme eux. Nos différences politiques sont réelles, mais elles ne nous ont pas encore transformés en ennemis. C’est un avantage précieux qu’il nous appartient de préserver.

Selon la source : theconversation.com

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