Aller au contenu
L’ordonnance qui empoisonne la planète : nos rivières sont saturées d’antibiotiques
Crédit: freepik

La contamination invisible

credit : freepik
Elles irriguent nos champs, abreuvent nos villes et dessinent nos paysages. Pourtant, sous la surface de nos rivières, une pollution sournoise s’installe. Sans couleur ni odeur, les résidus de nos antibiotiques s’accumulent, transformant les artères vivantes de la planète en un réceptacle de nos excès médicaux. Une contamination à l’échelle mondiale, dont on commence à peine à mesurer l’ampleur.

Une empreinte chimique de 8 500 tonnes par an

credit : freepik
Chaque comprimé que nous avalons laisse une trace. Selon une étude d’envergure de l’Université McGill, ce sont près de 8 500 tonnes de molécules antibiotiques qui finissent chaque année dans les cours d’eau du globe. Un chiffre colossal qui ne prend en compte que la consommation humaine. Une fois dans notre organisme, une part non négligeable de ces substances est excrétée presque intacte, commençant alors un long périple dans l’environnement.

Le long voyage des molécules

credit : freepik
Les chercheurs ont pisté une quarantaine d’antibiotiques parmi les plus communs, comme l’amoxicilline ou la ceftriaxone. Leur constat est sans appel : nos stations d’épuration, même les plus modernes, peinent à filtrer ces molécules complexes. Elles passent au travers des mailles du filet. Le problème est encore plus criant dans les régions où près de la moitié des eaux usées sont rejetées sans le moindre traitement. Les fleuves deviennent alors, malgré eux, les autoroutes de cette pollution.

Quand le poison atteint les zones les plus reculées

credit : freepik
Pour cartographier ce phénomène, les scientifiques ont mis au point un modèle hydrologique, baptisé HydroFATE. Et la simulation a de quoi surprendre. Elle montre que la contamination ne se cantonne pas aux abords des grandes métropoles. Les courants et les cycles de l’eau dispersent ces résidus sur des milliers de kilomètres. On retrouve ainsi des traces mesurables d’antibiotiques dans des rivières que l’on pensait préservées, loin de toute activité humaine directe.

Six millions de kilomètres de rivières au-delà du seuil critique

credit : freepik
L’étude révèle une donnée alarmante : sur environ six millions de kilomètres de rivières dans le monde, les concentrations d’antibiotiques dépassent les seuils de sécurité. Des seuils fixés pour protéger la vie aquatique mais aussi pour éviter un autre fléau : l’antibiorésistance. C’est en Asie du Sud-Est, notamment en Inde, au Pakistan ou en Chine, que la situation est la plus critique. Là-bas, jusqu’à 80 % des cours d’eau affichent des niveaux jugés dangereux, l’amoxicilline étant le principal responsable.

La fabrique de superbactéries

credit : freepik
Même à des doses infimes, ces résidus ont un impact dévastateur. Ils fragilisent les écosystèmes microbiens, socle de la vie aquatique, mais surtout, ils créent un environnement propice à la sélection de bactéries résistantes. En exposant constamment les micro-organismes à des antibiotiques, les rivières se transforment peu à peu en incubateurs de « superbactéries ». Des bactéries capables de déjouer nos traitements médicaux les plus précieux, faisant de la pollution de l’eau une menace directe pour la santé mondiale.

L’illusion de l’eau propre

credit : freepik
On estime que 750 millions de personnes vivent à proximité d’un de ces cours d’eau contaminés, utilisant cette ressource pour boire, cuisiner ou irriguer. Le danger n’est pas limité aux pays en développement : des résidus ont été détectés dans les réseaux d’eau potable aux États-Unis ou en Europe. Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. L’étude n’a pas inclus les antibiotiques massifs de l’élevage et de l’industrie pharmaceutique, qui alourdissent encore ce bilan.

Conclusion : notre santé et celle des rivières, un même combat

credit : freepik
Sous l’apparente tranquillité de l’eau qui coule se joue une crise silencieuse. Cette chimie invisible, issue de nos propres pharmacies, nous rappelle que la santé humaine et la santé des écosystèmes sont intimement liées. Repenser notre usage des médicaments et la gestion de nos déchets est devenu plus qu’une question environnementale, c’est une urgence sanitaire pour préserver l’efficacité des traitements de demain.

Selon la source : science-et-vie.com

facebook icon twitter icon linkedin icon
Copié!
Plus de contenu