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Notre mémoire est-elle soluble dans le smartphone ?
Crédit: freepik

Une mémoire de poche à double tranchant

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Il est devenu notre réveil, notre boussole, et surtout, notre mémoire de secours. Le smartphone, ce compagnon de chaque instant, stocke nos photos, nos rendez-vous et nos listes de courses. Mais cette externalisation de nos souvenirs, si pratique soit-elle, n’est pas sans conséquence. Des scientifiques et des institutions alertent : à trop confier nos pensées à la machine, notre cerveau pourrait bien commencer à oublier comment s’en souvenir par lui-même.

Quand le cerveau se met en veille

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Avec près de neuf Français sur dix équipés, le réflexe est bien ancré : une information à retenir ? On la note. Un itinéraire ? Le GPS s’en charge. Cette délégation permanente de nos facultés cognitives est au cœur des préoccupations du Haut-Commissariat au Plan (HCP). Selon ses travaux, plus nous nous reposons sur ces béquilles numériques, moins nous entraînons les circuits neuronaux dédiés à la mémorisation. C’est un peu comme un muscle qui s’atrophie faute d’exercice. L’habitude nous rendrait dépendants, et à terme, moins capables de retenir les choses sans assistance.

La saturation mentale, l’ennemi du souvenir

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Notre cerveau n’est pas un disque dur illimité. Il a besoin de temps morts pour trier, classer et consolider les informations. Or, le flux incessant de notifications le maintient dans un état de surchauffe permanent. Une thèse soutenue en 2024 par le Dr Rayane Boulahia a montré qu’une simple semaine avec moins d’écrans suffisait à réduire l’anxiété et les symptômes dépressifs. Pourquoi ? Parce que cette pause permet au cerveau de se « désaturer ». En le bombardant de stimuli, on l’empêche de faire son travail de consolidation. Les souvenirs restent alors fragiles, volatiles, avant de disparaître.

L’attention émiettée, la mémoire dispersée

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Sylvie Chokron, neuropsychologue et directrice de recherche au CNRS, parle d’une attention « morcelée ». On papillonne d’un mail à une vidéo, d’un message à un article, sans jamais se poser réellement. Ce zapping constant a un coût : il empêche les informations de passer de notre mémoire à court terme, très volatile, à notre mémoire à long terme, celle qui ancre les souvenirs. Pour que quelque chose s’imprime durablement, il faut de la concentration. En clair, nous retenons moins bien, car notre esprit est trop occupé à jongler avec une multitude de micro-sollicitations.

Les jeunes générations en première ligne

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Si les adultes sont touchés, les enfants et les adolescents sont encore plus vulnérables. Leur cerveau, en pleine construction, est particulièrement sensible à cette surexposition. Le HCP, mais aussi le Haut Conseil de la santé publique, tirent la sonnette d’alarme : une immersion précoce et intense dans les écrans peut perturber la maturation des zones liées à l’attention, au langage et même à la gestion des émotions. On parle d’une « empreinte numérique » qui pourrait façonner durablement leur rapport au monde, avec des risques de troubles de l’attention ou de difficultés de concentration en classe.

Conclusion : réapprendre à se souvenir

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Le tableau peut sembler sombre, mais rien n’est irréversible. Le cerveau humain possède une formidable plasticité. Les spécialistes s’accordent sur la nécessité de s’offrir des pauses numériques, de bannir les écrans au moins une heure avant de dormir, et de renouer avec des activités qui musclent la mémoire : lire un livre, écrire à la main, faire une promenade sans GPS. Comme le souligne le HCP, le véritable enjeu n’est pas de diaboliser la technologie, mais « d’apprendre à cohabiter sainement avec les écrans » pour qu’ils restent des outils au service de notre intelligence, et non ses remplaçants.

Selon la source : passeportsante.net

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