Recherche sur les AVC : une découverte troublante remet en cause des centaines d’études
Auteur: Mathieu Gagnon
Un pavé dans la mare de la recherche médicale

On pense souvent que la science est infaillible. Mais voilà une nouvelle qui risque de secouer pas mal de certitudes. Une étude toute récente, menée par des chercheurs néerlandais, vient de mettre le doigt sur un problème assez grave : plus de 240 publications scientifiques sur les lésions cérébrales après un AVC hémorragique contiendraient des images… disons, problématiques.
Ça soulève de vraies questions sur la fiabilité de toute une partie de la recherche dans ce domaine. Et quand on parle de santé, la confiance, c’est la base de tout, non ?
Comment la découverte a-t-elle été faite ?

C’est une histoire assez incroyable, en fait. À l’origine, l’équipe de René Aquarius et Kim Wever, du centre médical universitaire Radboud, ne cherchait pas du tout ça. Ils voulaient simplement passer en revue les études existantes sur les animaux pour trouver des traitements prometteurs contre les AVC. Un travail de fourmi, somme toute classique.
Mais au milieu de l’été 2023, en épluchant les articles, ils ont commencé à tiquer sur certaines images. Des choses qui clochent, des photos qui semblaient un peu trop familières. Plutôt que de fermer les yeux, ils ont décidé de creuser. Et ce qu’ils ont trouvé dépasse l’entendement.
Des images dupliquées, qu’est-ce que ça veut dire au juste ?

Le problème principal, c’est la duplication d’images. Imaginez un peu : les chercheurs utilisent des photos pour prouver leurs résultats. Par exemple, une image montrant que tel traitement a bien réduit une lésion dans le cerveau d’une souris.
Ce que l’équipe a découvert, ce sont de nombreux cas où la même image était utilisée plusieurs fois. Parfois dans le même article, mais en prétendant qu’elle venait de deux expériences différentes. Pire encore, ils ont retrouvé des images identiques dans des publications complètement distinctes, signées par des auteurs différents, censées décrire des expériences uniques. Forcément, ça jette un froid. Si la preuve est la même pour deux choses différentes, où est la vérité ?
L’ampleur du problème : des chiffres qui donnent le vertige

Au début, ils pensaient peut-être à quelques cas isolés. Mais en menant une enquête systématique sur les 608 publications qu’ils avaient sélectionnées, le couperet est tombé. Au total, 243 articles, soit 40% du total, ont été jugés problématiques. Quarante pour cent ! C’est énorme.
Les auteurs de l’étude l’avouent eux-mêmes : « Ces découvertes nous ont profondément choqués ». On peut les comprendre. Ils racontent comment, pendant l’été, ils s’envoyaient des messages à chaque fois qu’ils trouvaient une nouvelle image suspecte. Chaque notification était la preuve que le problème était bien plus étendu qu’ils ne l’avaient imaginé.
Pourquoi c’est si grave pour nous tous ?

On pourrait se dire que ce sont des histoires de laboratoires, loin de notre quotidien. Mais pas du tout. Ces recherches sur les animaux sont la toute première étape avant de tester des traitements sur les humains. Si les bases sont faussées, comment voulez-vous construire quelque chose de solide dessus ?
Les chercheurs le disent avec une franchise qui fait froid dans le dos : cette situation « pourrait expliquer pourquoi, malgré des centaines d’études sur les animaux, nous n’avons toujours pas de traitement efficace pour les lésions cérébrales précoces chez les patients victimes d’AVC hémorragique ». Tout ce travail, tout cet argent, pour rien ou presque. La science doit être irréprochable pour que les médecins et les autorités puissent prendre les bonnes décisions pour notre santé.
Conclusion : un grand nettoyage s’impose

Face à ce constat, que faire ? Les auteurs de l’étude ne se contentent pas de lancer une alerte. Ils appellent les journaux scientifiques et les éditeurs à prendre leurs responsabilités. Il faut enquêter sur ces publications, une par une, et faire les corrections nécessaires. Retirer ce qui doit l’être, rectifier les erreurs.
C’est un travail colossal, mais indispensable. Pour que la recherche avance, il faut pouvoir se fier à ce qui a été fait avant. C’est un peu comme construire une maison : si les fondations sont pourries, tout risque de s’effondrer. Il est grand temps de vérifier les fondations de la recherche sur les AVC pour espérer un jour protéger la santé des patients.