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De l’ADN ancien qui pourrait bien réécrire notre préhistoire
Crédit: freepik

Un petit os, une grande histoire

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Imaginez une grotte nichée au cœur des montagnes de Crimée. Un lieu appelé Starosele. C’est là, en fouillant parmi des milliers d’ossements d’animaux, que des archéologues ont mis la main sur quelque chose de spécial. Un tout petit fragment d’os. Rien de bien spectaculaire à première vue, n’est-ce pas ?

Pourtant, ce minuscule morceau d’histoire, baptisé Star 1, appartenait à un Néandertalien qui a vécu il y a entre 40 000 et 50 000 ans. Et ce qu’il nous révèle est tout simplement fascinant. Il s’avère que ses plus proches parents ont été retrouvés à des milliers de kilomètres de là, aux confins de la Sibérie. Une découverte qui change complètement notre vision des déplacements de nos lointains cousins.

La surprise de la grotte de Starosele

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La grotte de Starosele n’est pas une inconnue pour les spécialistes. On y a trouvé des restes humains depuis les années 1950. Mais à chaque fois, la déception était au rendez-vous. Toutes les analyses montraient que les ossements dataient du Moyen Âge, ou même d’après. Il y a eu le fameux « enfant de Starosele », qu’on a longtemps cru être un chaînon manquant entre Néandertal et nous, les Homo sapiens… avant de réaliser qu’il s’agissait, là aussi, d’une sépulture médiévale.

Alors, vous imaginez l’enthousiasme quand, pour la première fois, l’ADN a parlé et a confirmé l’impensable : ce petit fragment, Star 1, était bien celui d’un Néandertalien. Un vrai. Une découverte d’autant plus précieuse que l’ADN des autres restes de Néandertaliens de la région, qui semblait être leur dernier refuge, était jusqu’ici impossible à extraire.

L’ADN qui parle : une technologie de pointe

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Mais comment faire la différence entre un os d’animal et un os humain après des millénaires passés sous terre, souvent grignotés par les carnivores et usés par le temps ? C’est là que la technologie moderne entre en jeu. L’équipe de recherche, menée par Emily Pigott de l’Université de Vienne, a utilisé une méthode appelée ZooMS (Zooarchéologie par Spectrométrie de Masse). Pour faire simple, c’est une technique qui permet d’identifier l’espèce à partir de minuscules échantillons d’os, presque sans les abîmer.

C’est grâce à cela qu’ils ont pu isoler notre fameux fragment. Ensuite, ils ont analysé son ADN mitochondrial. C’est l’ADN qui se trouve dans les petites « centrales énergétiques » de nos cellules et qui est transmis uniquement par la mère. Et c’est cette analyse qui a révélé une origine bien lointaine…

Un lien inattendu avec la Sibérie

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Et quelle surprise ! L’ADN de Star 1 était étroitement lié à celui d’autres Néandertaliens retrouvés dans trois grottes des montagnes de l’Altaï, en Sibérie. Ces grottes, nommées Denisova, Chagyrskaya et Okladnikov, se trouvent à environ 3 000 kilomètres de la Crimée. Trois mille kilomètres ! C’est une distance absolument colossale pour l’époque.

Comment expliquer qu’un individu en Crimée puisse avoir des parents si loin à l’est ? Cette connexion génétique suggère que les groupes de Néandertaliens ne restaient pas cantonnés à leur petit territoire. Ils bougeaient, beaucoup plus qu’on ne le pensait.

Sur les traces des anciens nomades

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Les chercheurs pensent que ces grandes migrations se sont probablement produites pendant des périodes climatiques plus douces, lorsque les immenses glaciers qui recouvraient l’Europe fondaient un peu. Cela rendait les longs voyages possibles. Et il n’y a pas que les gènes qui relient ces populations si distantes.

Les outils en pierre trouvés à Starosele ressemblent étrangement à ceux des grottes de Sibérie. C’est ce qu’on appelle la tradition « Micoquienne », une façon particulière de tailler la pierre. On a aussi retrouvé des os d’animaux avec des marques de couteaux, montrant qu’ils chassaient les mêmes proies, comme les chevaux et les bisons des steppes. C’est donc toute une culture qui semble avoir voyagé à travers le continent.

Conclusion : La Crimée, un carrefour préhistorique ?

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Finalement, ce tout petit os, Star 1, nous ouvre une fenêtre incroyable sur le passé. Il nous montre que les Néandertaliens n’étaient pas des groupes isolés, mais qu’ils faisaient partie d’un vaste réseau d’échanges et de déplacements s’étendant sur des milliers de kilomètres.

Cette découverte renforce l’idée que la Crimée n’était pas seulement un cul-de-sac, mais plutôt un carrefour majeur sur une route de migration qui allait du centre de l’Europe jusqu’aux portes de la Sibérie. Comme quoi, les plus petites trouvailles sont souvent celles qui racontent les plus grandes histoires. Et qui sait ce que d’autres fragments d’os nous apprendront demain ? L’aventure ne fait que commencer.

Selon la source : popularmechanics.com

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