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Du riz dans les champs anglais ? L’agriculture britannique se réinvente face au climat
Crédit: freepik

Une image du futur dans les campagnes anglaises

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L’image a de quoi surprendre. Des plants de riz, les pieds dans l’eau, sous le ciel souvent gris de l’est de l’Angleterre. Un pari un peu fou ? Pas vraiment. Pour des scientifiques britanniques, cette scène pourrait bien être une réponse pragmatique à une question angoissante : que mangerons-nous demain, dans un monde à +2°C où cultiver le blé deviendra un défi ?

Le grenier à blé du royaume en péril

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Nous sommes dans les Fens, une région de tourbières asséchées, considérée comme le « grenier à blé du Royaume-Uni ». C’est ici que Craig et Sarah-Jane Taylor cultivent la terre, comme des générations avant eux. Mais le couple le constate chaque jour : « nos sols s’épuisent », confie Sarah-Jane. Le drainage intensif qui a rendu ces terres si fertiles les appauvrit désormais, et l’accès à l’eau devient une véritable épine dans le pied. Pire, en s’asséchant, ces tourbières historiques libèrent des quantités massives de CO2.

Nadine Mitschunas et ses rizières expérimentales

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C’est là qu’intervient Nadine Mitschunas. Les bottes en caoutchouc bien ancrées dans la boue, cette chercheuse du Centre britannique d’écologie et d’hydrologie (UKCEH) supervise un projet audacieux : ré-humidifier ces terres pour y tester de nouvelles cultures. « Faire pousser du riz n’avait jamais été fait au Royaume-Uni », s’enthousiasme-t-elle, manipulant des plants à maturité. Son expérience montre que ce n’est « finalement pas aussi fou qu’il y paraît ». En remettant les parcelles en eau, elle espère non seulement trouver des cultures alternatives viables, mais aussi réactiver le pouvoir de captage de CO₂ des tourbières.

Des variétés colombiennes et des espoirs pour dans dix ans

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Sur neuf variétés de riz testées, venues des quatre coins du monde, quatre semblent déjà prometteuses. L’une d’elles, originaire de Colombie, s’adapte particulièrement bien. Bien sûr, le chemin est encore long. « Je ne mange pas encore mon propre riz », s’amuse la chercheuse, qui estime qu’une production locale pourrait devenir une réalité d’ici une décennie. Le mouvement est d’ailleurs européen : des projets similaires, et même plus avancés, existent déjà aux Pays-Bas et en Allemagne. Le climat compatible avec la riziculture remonte, lentement mais sûrement, vers le nord.

Pois chiches, soja, citrons : repenser toute la filière

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Le riz n’est que la partie émergée de l’iceberg. Les modélisations de l’UKCEH sont formelles : avec un réchauffement de 2°C, des cultures emblématiques comme le blé ou les fraises souffriront. À l’inverse, le tournesol, le soja, le blé dur et même les citrons pourraient prospérer. À l’université de Southampton, le professeur Mark Chapman mène ainsi des essais sur la culture de pois chiches à travers le pays. Son credo : il faut agir maintenant.

Conclusion : anticiper pour ne pas subir

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« Si nous attendons 20 ou 30 ans pour nous rendre compte que nous ne pouvons plus cultiver du blé, alors nous aurons un problème », martèle Mark Chapman. L’enjeu est de préparer cette transition en impliquant les agriculteurs, ceux qui connaissent la terre mieux que personne. Au début, le projet de rizière a suscité l’étonnement chez les voisins de Sarah-Jane et Craig. Aujourd’hui, il intrigue et suscite l’intérêt. Après tout, comme le conclut l’agricultrice avec philosophie : « Il fut un temps où on ne cultivait pas la pomme de terre ici. Alors pourquoi le riz ne serait-il pas une option ? Pourquoi ne pas essayer ? »

Selon la source : geo.fr

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