Décryptage du séisme ‘supersonique’ du Myanmar : ce que les scientifiques ont découvert
Auteur: Mathieu Gagnon
On se souvient probablement tous de ce terrible 28 mars 2025. Le jour où la terre a tremblé si fort au Myanmar, laissant derrière elle un paysage de désolation. Mais ce n’était pas un séisme comme les autres, non. Celui-ci était différent, d’une rapidité effrayante. Les scientifiques l’ont qualifié de ‘supersonique’.
Une toute nouvelle étude, publiée dans la prestigieuse revue Science, lève enfin le voile sur les mécanismes qui ont conduit à cette catastrophe. Et ce qu’elle nous apprend est… eh bien, c’est à la fois fascinant et un peu inquiétant.
Un bilan humain et matériel effroyable
Les chiffres, d’abord, donnent le vertige. Le bilan officiel fait état d’au moins 5 352 morts. Des villes entières, comme Mandalay et Naypyidaw, ont été ravagées. La faille de Sagaing, l’épicentre du drame, s’est ouverte sur plus de 450 kilomètres. Vous imaginez ? C’est une distance colossale.
La puissance du séisme, estimée entre 7,7 et 7,8, était telle que les secousses ont été ressenties jusqu’à Bangkok, en Thaïlande, à plus de 1 000 kilomètres de là. C’est dire la violence inouïe du phénomène qui a frappé la région.
Qu'est-ce qu'un séisme 'supersonique' ?
Alors, ce terme, ‘supersonique’… qu’est-ce que ça signifie concrètement ? Pensez à un avion de chasse qui passe le mur du son. Il crée une onde de choc, un énorme ‘bang’. Pour ce tremblement de terre, c’est un peu le même principe. La fissure dans le sol s’est propagée plus vite que les ondes sismiques qu’elle générait.
C’est un phénomène extrêmement rare et surtout, particulièrement destructeur. Les chercheurs de l’étude, menée par Shengji Wei, ont mesuré des vitesses de rupture allant jusqu’à 5,3 kilomètres par seconde. Oui, vous avez bien lu, par seconde. C’est presque difficile à concevoir.
Les scientifiques sur la piste des causes
Pour percer ce mystère, l’équipe de scientifiques a dû mener une véritable enquête. Ils ont utilisé tout un arsenal de technologies : données satellites, enregistrements des mouvements forts du sol, analyse des ondes sismiques, cartographie 3D de la déformation de la surface… Bref, un travail de fourmi pour reconstituer le puzzle.
Cet événement tragique a fourni, malgré tout, une occasion unique d’étudier en détail comment une faille peut se comporter de manière aussi extrême et rapide. C’était une ‘chance’ scientifique, si on peut dire, pour mieux comprendre la dynamique de ces ruptures hors normes.
La 'recette' d'une catastrophe
Alors, qu’ont-ils découvert ? Il semblerait qu’il y ait une sorte de combinaison de facteurs bien précise pour déclencher un tel monstre. D’abord, la faille de Sagaing est remarquablement simple et droite. Au lieu de disperser l’énergie du séisme, cette géométrie a agi comme une ‘super-autoroute’, la concentrant et la guidant.
Ensuite, les analyses ont révélé une zone de faille particulièrement épaisse (environ 2 km) et ‘molle’, où la vitesse des ondes est réduite de 45%. Cette faiblesse a permis à la rupture de passer de subsonique à supersonique, et surtout de maintenir cette vitesse folle sur plus de 200 km. Un bassin de sédiments au sud de la faille aurait aussi aidé, agissant un peu comme un tremplin pour la rupture. La combinaison parfaite, malheureusement.
Conclusion : Mieux comprendre pour mieux se préparer
On pourrait se demander à quoi bon savoir tout ça, puisque de toute façon, on ne peut pas empêcher la terre de trembler. C’est une question légitime. La réponse est simple : la préparation.
En comprenant les ingrédients qui favorisent ces séismes ‘supersoniques’, les experts peuvent mieux évaluer les risques dans d’autres régions du monde. On pense immédiatement à la célèbre faille de San Andreas en Californie ou à la faille Nord-Anatolienne en Turquie, qui présentent des caractéristiques similaires. Ces nouvelles connaissances sont cruciales pour améliorer les modèles de risques sismiques et, espérons-le, pour aider les villes à construire des infrastructures plus résistantes. Il reste encore du chemin à parcourir, bien sûr, mais chaque étude comme celle-ci est un pas de plus vers la protection des vies humaines.
Selon la source : phys.org