L’ADN marin révèle une biodiversité océanique bien plus vaste qu’on ne le pensait
Auteur: Mathieu Gagnon
L'ADN environnemental, ou l'art de trouver sans chercher
Loïc Sanchez, le chercheur qui a mené cette étude, a mis le doigt sur quelque chose d’énorme. Son équipe a analysé près de 1 000 échantillons d’eau, des pôles aux tropiques. Le verdict ? Pour 93% des espèces, leur territoire connu était sous-estimé. Ils ont même calculé qu’avec seulement 10 échantillons, on pourrait découvrir en moyenne 24 nouvelles espèces de poissons dans une zone, et même jusqu’à 98 dans des régions tropicales peu explorées. Incroyable, non ?
Pourquoi étions-nous passés à côté de tant de choses ?
L’ADNe vient combler ces trous, non seulement dans les zones jamais visitées, mais aussi là où les méthodes traditionnelles ne suffisaient pas. Je pense notamment aux petits poissons qui se cachent dans les crevasses des récifs, les fameux poissons cryptobenthiques. Ils sont si discrets que les plongeurs et les caméras les manquent souvent.
Des découvertes qui changent la donne
Les chercheurs ont d’ailleurs bien vérifié que leurs découvertes n’étaient pas dues au hasard. Leurs modèles ont montré que dans près de la moitié des cas, l’extension du territoire d’une espèce était bien réelle et pas juste le fruit d’un échantillonnage aléatoire. C’est du solide.
Allier le meilleur des deux mondes
Ce qui est vraiment intéressant, c’est que cette nouvelle approche est aussi très économique. L’étude suggère une règle simple : avec seulement dix prélèvements d’eau locaux, on peut souvent identifier une vingtaine d’espèces de poissons que les programmes de surveillance classiques auraient manquées. C’est une bonne nouvelle pour les budgets de recherche, qui ne sont pas toujours extensibles.
Les limites de cette nouvelle méthode
Les scientifiques ont été très prudents pour éviter les erreurs. Ils n’ont gardé que les séquences d’ADN qui correspondaient parfaitement à une espèce connue et ont écarté les détections douteuses. C’est cette rigueur qui rend leurs résultats si crédibles.
Conclusion : Mieux connaître pour mieux protéger
Avec un simple balayage ADNe, on peut rapidement vérifier la présence d’espèces dans une réserve marine, un couloir de navigation ou sur un plateau polaire. Pour l’avenir, il faudra enrichir les bibliothèques génétiques et combiner encore plus les campagnes d’ADNe avec les méthodes traditionnelles. C’est cet équilibre entre la curiosité de la découverte et la discipline scientifique qui nous permettra de dresser, enfin, une carte fiable de la vie dans nos océans.
Selon la source : earth.com