On envoie des sondes à des millions de kilomètres, mais on ignore encore presque tout de ce qui grouille sous nos pieds, au fond des mers. C’est un peu fou, non ? Le 14 octobre 2024, la NASA a lancé sa mission Europa Clipper vers une lune de Jupiter, dans l’espoir d’y trouver des signes de vie sous sa croûte de glace. Une aventure incroyable. Pourtant, pendant ce temps, ici, sur notre bonne vieille Terre, les mystères de nos propres océans restent immenses et pleins de surprises.
Et quelle surprise ! Des scientifiques viennent de trouver une créature totalement inconnue, un prédateur actif, dans l’un des endroits les plus profonds et inaccessibles du monde. On pensait tout connaître, ou presque… quelle erreur.
Dulcibella camanchaca : la créature des ténèbres
Des chercheurs de l’Institut Océanographique de Woods Hole (WHOI) et de l’Université de Concepción au Chili ont mis la main sur quelque chose d’extraordinaire. Ils ont remonté quatre spécimens d’un crustacé inconnu depuis une profondeur de près de 8 000 mètres. Pour vous donner une idée, c’est presque la hauteur du mont Everest, mais… sous l’eau.
Ils l’ont baptisé « Dulcibella camanchaca ». Ce dernier mot, « camanchaca », signifie « ténèbres » dans la langue des peuples de la région des Andes. Un nom parfaitement choisi, vous allez voir pourquoi.
Un physique tout droit sorti d'un film de science-fiction
Avec sa carapace toute blanche, il a une allure fantomatique. Franchement, il fait un peu penser au « Facehugger » du film Alien, cette créature qui s’agrippe au visage. Ça donne froid dans le dos !
Son nom est d’autant plus juste qu’il vit à 7 000 mètres sous la « zone aphotique ». C’est le nom scientifique pour désigner la partie de l’océan où la lumière du soleil ne pénètre absolument jamais. Il passe toute sa vie dans une obscurité totale. Cette nouvelle espèce a été officiellement décrite l’année dernière dans la revue scientifique Systematics and Biodiversity.
La Fosse Atacama : un monde à part sous nos pieds
Cette bestiole a été trouvée dans la Fosse Atacama, aussi appelée Fosse Pérou-Chili. C’est une gigantesque crevasse sous-marine qui s’étend sur près de 6 000 kilomètres le long de la côte. À certains endroits, elle plonge à des profondeurs vertigineuses, bien au-delà de ce qu’on appelle la « zone hadale », la partie la plus profonde de l’océan.
Les scientifiques rêvent depuis longtemps d’explorer ces zones. En 2023, une expédition de l’Institut Milenio de Oceanografía (IMO) a été menée à bord du navire de recherche Abate Molina. C’est durant cette mission qu’ils ont pu remonter les fameux spécimens, qui ont ensuite été congelés pour être étudiés.
Plus qu'une espèce, une toute nouvelle famille !
L’analyse de l’ADN et l’étude de la forme de ces créatures ont révélé quelque chose d’encore plus fou. « Le plus excitant, c’est que les données ont montré qu’il s’agissait non seulement d’une nouvelle espèce, mais aussi d’un nouveau genre« , a expliqué Johanna Weston, l’auteure principale de l’étude. Selon elle, cela confirme que la Fosse Atacama est un véritable « point chaud » de vie unique au monde.
En clair, ce n’est pas juste un nouveau cousin éloigné d’une espèce connue, c’est comme découvrir une branche entièrement nouvelle de l’arbre généalogique animal.
Un petit chasseur, mais un redoutable prédateur
Ne vous fiez pas à sa taille. Ce crustacé ne mesure qu’environ quatre centimètres de long, mais c’est un chasseur redoutable. Il utilise ses pinces, appelées « appendices raptoriaux », pour attraper et broyer d’autres petits crustacés qui ont le malheur de croiser son chemin. Ça ne vous rappelle rien ?
Mais le plus impressionnant, c’est sa capacité à survivre dans un tel environnement. Il supporte des pressions jusqu’à 800 fois plus fortes que celle que nous ressentons à la surface. C’est tout simplement inimaginable pour nous, les humains.
Conclusion : de la Terre à Europa, la vie trouve toujours un chemin
« Cette découverte souligne l’importance de poursuivre l’exploration des grands fonds marins, en particulier juste devant chez nous, au Chili », a déclaré Carolina González, co-auteure de l’étude. Et elle a bien raison, qui sait ce qu’on trouvera la prochaine fois ?
Finalement, si une si petite créature peut non seulement survivre, mais prospérer dans des conditions aussi extrêmes, dans le noir et sous une pression écrasante, cela redonne un peu d’espoir. Peut-être que la sonde Europa Clipper a une chance, même infime, de trouver des conditions favorables à la vie dans l’océan salé d’un tout autre monde. La vie est décidément pleine de surprises, que ce soit à des années-lumière ou au fond de nos propres océans.
Selon la source : popularmechanics.com