C’est une petite phrase qui fait trembler la démocratie américaine. Interrogé sur la possibilité de briguer un troisième mandat, une idée pourtant interdite par la Constitution, le président Donald Trump n’a pas fermé la porte. Au contraire, il a déclaré qu’il « adorerait » le faire. Cette déclaration fait suite aux propos de son proche allié, Steve Bannon, qui a affirmé sans détour qu’un « plan » existait pour maintenir Trump au pouvoir au-delà de la limite de deux mandats. Une rhétorique qui teste les limites de la Constitution et alarme les gardiens de la démocratie.
« Il aura un troisième mandat » : la bombe lâchée par Steve Bannon
La polémique a été lancée par Steve Bannon, ancien stratège en chef de Trump. Dans un entretien vidéo avec The Economist, il a été catégorique : ‘Il va obtenir un troisième mandat. Trump sera président en 28 et les gens devraient s’en accommoder ». Face à l’obstacle constitutionnel, Bannon a ajouté, énigmatique : « Il existe de nombreuses alternatives différentes. Le moment venu, nous exposerons notre plan, mais il y a un plan ». Ces commentaires ont immédiatement provoqué l’inquiétude des constitutionnalistes et des groupes de surveillance, qui y voient une tentative d’affaiblir les normes démocratiques.
Le mur constitutionnel : le 22e amendement
L’idée d’un troisième mandat se heurte à un obstacle de taille : le 22e amendement de la Constitution américaine. Ratifié en 1951, il stipule clairement que ‘nul ne pourra être élu à la fonction de président plus de deux fois’. C’est une règle fondamentale de la vie politique américaine, mise en place après les quatre mandats de Franklin D. Roosevelt. Le ‘plan’ de Bannon, quel qu’il soit, nécessiterait donc de contourner ou de violer l’un des piliers de la République, ce qui alarme les juristes.
La réponse de Trump : « J'adorerais le faire »
Loin de calmer le jeu, Donald Trump a jeté de l’huile sur le feu. Interrogé par des journalistes à bord d’Air Force One, il n’a pas du tout rejeté l’idée. Au contraire, il a semblé l’accueillir favorablement : « J’adorerais le faire. J’ai les meilleurs chiffres de mon histoire », a-t-il déclaré. Une affirmation qui, comme souvent, est à prendre avec des pincettes et contraste fortement avec la réalité des sondages nationaux.
La dure réalité des sondages : une popularité très divisée
Si Trump se vante de ses ‘meilleurs chiffres’, la réalité est plus nuancée. Sa popularité reste très forte chez les républicains, mais elle chute drastiquement dans l’ensemble de la population. Les dernières données nationales montrent qu’environ 44% des Américains approuvent sa présidence, tandis que 52% la désapprouvent. Sur des sujets précis comme l’immigration, ses chiffres sont encore plus faibles, avec seulement 46% d’approbation, reflétant une frustration généralisée face à sa politique de déportations.
Préparer la succession... ou pas ?
Alors que des casquettes « Trump 2028 » auraient été distribuées à la Maison-Blanche, le président a aussi semblé préparer l’avenir du parti, en faisant l’éloge de son vice-président JD Vance et de son secrétaire d’État Marco Rubio, les qualifiant de « grande équipe » qui serait « impossible à arrêter ». Mais Steve Bannon, de son côté, ne croit pas en un successeur. Il considère Trump comme indispensable pour achever le projet politique qu’il a initié, ce qui renforce l’idée qu’il fera tout pour le maintenir au pouvoir.
Conclusion : une rhétorique qui teste les limites de la démocratie
Au final, cette nouvelle polémique est bien plus qu’une simple provocation. C’est un test. En flirtant avec l’idée de violer la Constitution, Donald Trump et ses alliés testent les limites de la démocratie américaine et la réaction du public et des institutions. Qu’il s’agisse d’un simple ballon d’essai ou d’un projet sérieusement envisagé, cette rhétorique contribue à saper la confiance dans les règles fondamentales du jeu démocratique, une stratégie qui a déjà fait ses preuves par le passé.
Selon la source : abcnews.go.com