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Retrouver les requins-marteaux fantômes grâce à leur ADN dans l’océan
Crédit: lanature.ca (image IA)

Des requins-marteaux devenus presque invisibles

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Imaginez chercher une aiguille dans une botte de foin. C’est un peu le défi que rencontrent les scientifiques qui tentent de retrouver la trace de certains requins-marteaux. Ces créatures, autrefois communes, ont littéralement disparu de nos radars. Mais un biologiste marin a eu une idée brillante : et si, au lieu de chercher les requins eux-mêmes, on cherchait les indices qu’ils laissent derrière eux, directement dans l’eau ?

C’est une approche qui pourrait bien tout changer pour des espèces au bord de l’extinction.

Un ‘radar’ à requins ? L’ADN environnemental expliqué simplement

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L’idée, développée par Diego Cardeñosa de l’Université Internationale de Floride, est à la fois simple et révolutionnaire. On l’appelle l’ADN environnemental, ou ADNe. Plutôt que de courir après des animaux insaisissables avec des filets, on analyse un simple échantillon d’eau de mer. Pourquoi ? Parce que chaque animal laisse derrière lui de minuscules fragments de son passage : des bouts de peau, du mucus, des écailles… Bref, son ADN. C’est comme une carte de visite génétique flottant dans l’océan.

Ce nouveau ‘radar’ permet de détecter trois espèces de petits requins-marteaux particulièrement discrets : le requin-marteau à festons, le requin-marteau à petits yeux et le requin-marteau du Pacifique. Pour des espèces au bord du gouffre, c’est une véritable bouée de sauvetage.

Mais où sont-ils passés ? Les raisons d’une disparition silencieuse

credit : lanature.ca (image IA)

Ces petits requins-marteaux ne se sont pas volatilisés par magie. Ils ont été victimes de décennies de surpêche côtière. Leur plus grand malheur, c’est peut-être leur habitat. Ils aiment les eaux peu profondes, les baies boueuses, les criques bordées de mangroves… des endroits souvent reculés et difficiles d’accès pour les scientifiques.

C’est un cercle vicieux : la surveillance est faible là où la pression de la pêche est la plus forte. Les données sont rares, et quand une population s’effondre, elle peut tout simplement disparaître des registres scientifiques. On pense qu’avant, ils étaient probablement très courants. Aujourd’hui, les apercevoir est devenu un événement. Certaines observations confirmées datent de plusieurs décennies… C’est dire à quel point il est difficile de les trouver.

Un refuge secret en Colombie : le laboratoire idéal

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Heureusement, tout n’est pas perdu. Il existe un endroit, le parc national naturel d’Uramba/Bahía Málaga en Colombie, qui semble être une sorte de sanctuaire. Là-bas, Diego Cardeñosa raconte qu’il suffit de ‘jeter un hameçon et une ligne pour attraper une ou deux de ces espèces en moins de 10 minutes’. C’est incroyable, non ?

Cette forte concentration d’animaux en fait le laboratoire parfait. Si le test ADN fonctionne là où l’on sait que les requins sont présents, alors on pourra faire confiance aux résultats quand ils seront négatifs ailleurs. C’est une étape cruciale pour valider la méthode avant de la déployer à plus grande échelle, du Mexique jusqu’au nord du Pérou.

Les avantages concrets de cette méthode révolutionnaire

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L’ADNe a deux grands atouts. D’abord, il est extrêmement sensible. Une seule bouteille d’eau peut révéler le passage d’un requin des heures, voire des jours auparavant. C’est fascinant de se dire qu’une simple gorgée d’océan peut nous raconter une histoire. Ensuite, c’est une méthode incroyablement douce. Pas de capture, pas de stress pour les animaux, pas de perturbation de leur habitat. On vient, on prend un peu d’eau, et on repart.

Pour ceux qui gèrent les zones protégées, c’est un outil formidable. Il transforme un immense littoral en une carte où l’on peut voir les ‘points chauds’, les zones prioritaires à protéger. On peut aussi vérifier si les mesures prises fonctionnent : si les signaux génétiques se renforcent après une réglementation sur la pêche, c’est une victoire qu’on peut mesurer.

Perdre ces requins, c’est perdre une page de l’histoire de la vie

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On parle souvent de protéger les prédateurs pour l’équilibre des écosystèmes. Et c’est vrai. Mais Diego Cardeñosa ajoute une autre dimension, plus profonde peut-être. Certains de ces requins-marteaux sont parmi les lignées de requins les plus récentes sur l’échelle de l’évolution. Les perdre, ce n’est pas seulement perdre un maillon de la chaîne alimentaire. C’est effacer une branche unique de l’arbre de la vie.

‘L’extinction est éternelle’, dit-il, ‘et c’est une raison suffisante pour moi d’agir’. Cette urgence est aussi très concrète. Plus on attend, plus il est difficile de mettre en place des protections, de trouver des financements et de convaincre les populations locales. L’ADNe, lui, fournit des preuves rapides et locales sur lesquelles on peut s’appuyer.

Prochaine étape : déployer la méthode et impliquer tout le monde

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Le défi, maintenant, c’est de passer à la vitesse supérieure. Avec un test qui a fait ses preuves, les équipes peuvent créer des réseaux de prélèvements régionaux et harmoniser les méthodes entre les pays. Le gros avantage, c’est que la technique n’est pas très coûteuse et ne demande pas de matériel sophistiqué.

On peut donc facilement travailler avec des partenaires sur place : des pêcheurs, des gardes de parc, ou même des étudiants. Chaque litre d’eau de mer devient une sorte de capsule temporelle. L’ADN extrait peut être conservé des années, prêt à être réanalysé si de nouvelles questions scientifiques apparaissent.

Laisser l’océan nous guider

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La promesse est simple : laissons l’eau nous dire la vérité. Si ces petits requins-marteaux existent encore en dehors de leurs quelques refuges connus, l’ADNe les trouvera. Et si ce n’est pas le cas, leur absence sera tout aussi visible. Cette connaissance nous obligera à agir : soit par des protections plus fortes là où ils survivent encore, soit par des décisions difficiles, mais honnêtes, là où ils ont déjà disparu.

Au fond, cette technologie nous donne les moyens de ne plus naviguer à l’aveugle. C’est un espoir immense pour la survie de ces créatures extraordinaires.

Selon la source : earth.com

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