Aller au contenu
Biologie Évolution Science

La roue du paon : et si darwin s’était trompé sur le secret de sa séduction ?

 Auteur: Adam David
Partagez : facebook icon twitter icon
La roue du paon : et si darwin s’était trompé sur le secret de sa séduction ?
Crédit: lanature.ca (image IA)
La roue du paon, un spectacle de la nature qui a pourtant donné des sueurs froides à Charles Darwin. Il y voyait une aberration, un défi extravagant à sa grande théorie de la sélection naturelle. Plus de 150 ans après, de nouvelles recherches suggèrent que le célèbre naturaliste, fasciné par cette beauté, est peut-être passé à côté de l’essentiel.

  Une beauté qui rendait malade

Une beauté qui rendait malade
Crédit: lanature.ca (image IA)
« La vue d’une plume dans la queue d’un paon, chaque fois que je la regarde, me rend malade ! » écrivait Darwin à un confrère. Comment expliquer qu’un attribut aussi encombrant, si peu pratique pour fuir les prédateurs, ait pu être favorisé par l’évolution ? Pour résoudre ce paradoxe, il a formulé la théorie de la sélection sexuelle : les paonnes, dotées d’un sens esthétique, choisiraient les mâles aux plus beaux ornements, quitte à ce qu’ils soient peu fonctionnels.

  Les angles morts de la théorie

Les angles morts de la théorie
Crédit: lanature.ca (image IA)
Pourtant, cette théorie reposait sur des bases fragiles. D’une part, Darwin voyait cette queue comme un pur handicap, omettant une règle de base de la nature : tout est affaire de compromis. Un trait peut être désavantageux pour la survie mais crucial pour la reproduction. D’autre part, il prêtait aux oiseaux une appréciation de la beauté presque humaine, une idée qui a longtemps orienté la recherche vers l’étude des fameuses taches en forme d’œil, les ocelles, sans jamais vraiment prouver leur rôle décisif.

  Le regard neuf d'un généticien

Le regard neuf d'un généticien
Crédit: lanature.ca (image IA)
C’est en sortant du cadre que la lumière s’est faite. En tant que généticien, mon attention a été attirée non pas par l’esthétique, mais par la structure. L’examen de spécimens de musée a révélé un secret de fabrication d’une simplicité désarmante : la complexité et la symétrie parfaite de la roue découlent d’un simple agencement en quinconce des follicules où poussent les plumes. C’est l’une des formes d’empilement les plus denses connues, produisant un effet visuel spectaculaire.

  Ce que la paonne voit vraiment

Ce que la paonne voit vraiment
Crédit: lanature.ca (image IA)
Cette découverte change tout. Puisque les plumes et leurs ocelles font partie de la même structure, leur nombre et la taille globale de la traîne sont intrinsèquement liés. Pour la paonne, il ne s’agit pas de traits distincts à évaluer séparément. De loin, elle ne perçoit pas chaque ocelle, mais une masse impressionnante de couleurs vert-bleu. Elle ne choisit donc pas un catalogue de motifs, mais un signal unique et puissant : un mâle grand, vigoureux, dont la queue majestueuse est le reflet direct de sa bonne santé. La sélection porte sur la queue dans son ensemble, pas seulement sur ses bijoux.

  Derrière le paon, les préjugés d'une époque

Derrière le paon, les préjugés d'une époque
Crédit: lanature.ca (image IA)
Il faut dire que la théorie de la sélection sexuelle servait à Darwin bien plus qu’à expliquer la queue du paon. Il s’en est servi pour théoriser sur la formation des races humaines, postulant des normes de beauté propres à chaque groupe. Ancré dans son époque victorienne, il affirmait que si les femelles choisissaient chez les oiseaux, c’étaient les mâles qui sélectionnaient chez les humains, considérant les femmes comme passives. Ces croyances ont sans doute contribué à biaiser son approche de la séduction animale.

  la beauté comme un signal honnête

la beauté comme un signal honnête
Crédit: lanature.ca (image IA)
Faut-il pour autant jeter la sélection sexuelle aux oubliettes ? Non, le choix du partenaire est un moteur indéniable de l’évolution. Mais l’histoire du paon nous rappelle que la nature est souvent plus pragmatique que romantique. Sa beauté n’est peut-être pas une simple affaire de goût, mais plutôt le spectaculaire étendard d’une santé de fer, un signal honnête que les femelles ont appris à décrypter. Un débat qui, un siècle et demi plus tard, n’a rien perdu de ses couleurs.

Selon la source : theconversation.com

facebook icon twitter icon linkedin icon
Copié!

Articles reliés

Plus de contenu