Une solution climatique qui pourrait nous affamer ? Une étude alerte sur la perte de protéines dans nos cultures
Auteur: Mathieu Gagnon
L'intervention stratosphérique par aérosols, c'est quoi au juste ?
Le plan ? Envoyer du dioxyde de soufre là-haut, qui se transformerait en particules d’acide sulfurique. Ces particules formeraient alors une sorte de nuage persistant qui renverrait une petite partie du soleil dans l’espace. Sur le papier, ça semble être une solution pour limiter la hausse des températures. Mais la nature est complexe, et toucher à un équilibre en crée souvent un autre… différent.
Le paradoxe des protéines : un casse-tête inattendu
C’est ici que les choses se compliquent. On sait que nos grandes cultures, même si elles sont surtout riches en glucides, nous apportent une part non négligeable de nos protéines quotidiennes. Les chercheurs ont utilisé des modèles informatiques pour voir comment ces plantes réagiraient. Et le résultat est… surprenant.
Apparemment, une concentration élevée de CO2 dans l’air a tendance à faire baisser la teneur en protéines des cultures. À l’inverse, une augmentation des températures a, elle, tendance à l’augmenter. C’est un peu un jeu d’équilibres. Le problème, c’est que l’intervention climatique annule la hausse des températures, mais pas l’augmentation du CO2. Résultat : l’effet négatif du CO2 ne serait plus compensé. On se retrouverait avec des cultures moins riches en protéines que dans un monde plus chaud sans intervention.
Un climat "découplé" et ses mystères
Il dit : « Cela réduirait probablement la teneur en protéines des cultures et aurait un impact sur l’écologie végétale d’autres manières que nous ne comprenons pas encore entièrement ». C’est un peu effrayant, non ? On jouerait aux apprentis sorciers avec un système qu’on ne maîtrise pas totalement. On croit résoudre un problème, mais on en crée peut-être un autre, plus insidieux, qui toucherait directement notre assiette.
Les plus vulnérables, encore une fois les plus touchés
On parle de pays où l’accès à une alimentation riche et variée est déjà un combat de tous les jours. Imaginer que la solution pensée par les pays riches pour régler un problème qu’ils ont largement créé puisse aggraver la situation des plus pauvres… c’est une réalité qui donne le vertige. Les auteurs de l’étude insistent d’ailleurs sur le fait qu’il faut bien plus de recherches avant de prendre la moindre décision.
Le vrai débat est sur la table
Finalement, cette étude nous pose une question fondamentale, comme le résume Alan Robock, l’un des co-auteurs : « Sommes-nous prêts à vivre avec tous ces impacts potentiels pour avoir moins de réchauffement climatique ? » Voilà le vrai dilemme.
Il ne s’agit pas de dire si la géo-ingénierie est bonne ou mauvaise. C’est bien plus nuancé. Il s’agit de mettre sur la table, de façon transparente, tous les risques et tous les bénéfices. Avant de se lancer dans des projets aussi gigantesques, il faut être sûr d’avoir tout pesé. L’enjeu, ce n’est pas seulement le climat de demain, mais aussi la nourriture que nous aurons dans nos assiettes. Et ça, ça concerne absolument tout le monde.
Selon la source : phys.org