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Aux frontières de l’Europe, une cité souterraine tissée par 100 000 araignées

 Auteur: Adam David
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Aux frontières de l’Europe, une cité souterraine tissée par 100 000 araignées
Crédit: lanature.ca (image IA)
Imaginez une grotte plongée dans une obscurité totale, à la frontière entre la Grèce et l’Albanie. C’est là, dans ce silence minéral, qu’une équipe internationale de biologistes a fait une découverte qui semble tout droit sortie d’un roman fantastique : une toile d’araignée monumentale de plus de 100 mètres carrés, abritant une colonie de plus de 110 000 individus. Un spectacle fascinant et, pour certains, un peu effrayant.

  Deux espèces ennemies, une alliance inattendue

Deux espèces ennemies, une alliance inattendue
Crédit: lanature.ca (image IA)
Ce qui rend cette trouvaille exceptionnelle n’est pas seulement sa taille. C’est surtout l’identité de ses habitantes. La toile est le fruit du travail de deux espèces, la tégénaire domestique (Tegenaria domestica) et Prinerigone vagans, que l’on retrouve d’ailleurs couramment en France. Or, ces araignées sont connues pour être solitaires et même prédatrices l’une envers l’autre. C’est la première fois qu’on documente une telle colocation à si grande échelle entre elles.

  Une mégalopole tissée fil à fil

Une mégalopole tissée fil à fil
Crédit: lanature.ca (image IA)
Cette structure n’est pas l’œuvre d’une seule reine, mais le résultat d’un travail collectif involontaire. Chaque araignée a tissé sa propre toile en forme d’entonnoir, son habitat personnel. Avec le temps et la densité de la population, ces milliers de toiles individuelles ont fini par fusionner, créant un réseau complexe et continu. Une véritable mégalopole de soie, accrochée aux parois d’un passage étroit, formant une sorte de voile blanc aussi dense que fluide.

  Le mystère de la cohabitation pacifique

Le mystère de la cohabitation pacifique
Crédit: lanature.ca (image IA)
Comment une telle cohabitation est-elle possible ? Dans cette grotte baptisée « Sulfur Cave », l’obscurité est perpétuelle. Les chercheurs avancent une hypothèse : cette absence totale de lumière aurait pu altérer le comportement des araignées, les rendant moins agressives et plus tolérantes envers leurs voisines. Privées de repères visuels, elles auraient mis de côté leur instinct de prédation mutuelle pour survivre ensemble.

  Un écosystème unique pour survivre

Un écosystème unique pour survivre
Crédit: lanature.ca (image IA)
Si elles ne se mangent pas entre elles, de quoi vivent-elles ? Le secret de leur survie réside dans l’écosystème particulier de la grotte. Un ruisseau chargé en sulfure d’hydrogène la traverse, nourrissant des bactéries spécialisées. Ces dernières servent de repas à des nuées de moucherons, qui deviennent à leur tour la principale source de nourriture pour l’immense colonie d’araignées. Une chaîne alimentaire parfaitement adaptée à cet environnement hostile.

  L'adaptation au cœur de l'obscurité

L'adaptation au cœur de l'obscurité
Crédit: lanature.ca (image IA)
Vivre dans de telles conditions a laissé des traces. Les analyses ont montré que ces araignées se sont génétiquement adaptées. Leur microbiome, c’est-à-dire l’ensemble des bactéries vivant dans leur organisme, est bien moins diversifié que celui de leurs cousines vivant à la surface. Elles ont évolué pour prospérer dans ce monde souterrain, sombre et saturé de soufre, démontrant une plasticité biologique remarquable.

  Quand la nature réécrit ses propres règles

Quand la nature réécrit ses propres règles
Crédit: lanature.ca (image IA)
« Souvent, nous pensons connaître parfaitement une espèce, puis des découvertes inattendues viennent tout remettre en question », résume István Urák, l’un des auteurs de l’étude. Cette toile géante n’est pas juste une curiosité. Elle nous rappelle que certaines espèces possèdent des capacités d’adaptation insoupçonnées, qui ne se révèlent que dans des conditions extrêmes. Et elle nous laisse imaginer ce que d’autres recoins inexplorés de notre planète pourraient encore nous cacher.

Selon la source : tameteo.com

Urák I, Vrenozi B, Głąbiak Z, Lecoquierre N, Eiberger C, Maraun M, Ştefan A, Flot J-F, Brad T, Dainelli L, Sarbu SM, Băncilă RI (2025) An extraordinary colonial spider community in Sulfur Cave (Albania/Greece) sustained by chemoautotrophy. Subterranean Biology

Laurent Guarrigues, 20Minutes, (07/11/2025), Une « extraordinaire » et gigantesque toile d’araignée découverte au fond d’une grotte

Chloé Gurdjian, Géo.fr, (05/11/2025), Une toile géante abritant plus de 111000 araignées découverte dans une grotte

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