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La crise de la quarantaine ? Finie, désormais ce sont les jeunes les plus malheureux

Auteur: Mathieu Gagnon

2025-11-10 09:12:10

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Crédit: lanature.ca (image IA)

On nous a souvent répété que nos années de lycée seraient les plus belles de notre vie. Une sorte d’âge d’or avant les responsabilités d’adulte. Mais cette idée, comme tant d’autres, semble prendre l’eau. D’après les travaux du professeur David Blanchflower de l’Université de Dartmouth, le schéma bien connu du bonheur, cette fameuse courbe en U, est complètement bouleversé. Fini le creux de la vague à la quarantaine, maintenant, le bien-être ressemble plus à une lente ascension qu’à autre chose.

Cette fameuse courbe en U, c'était quoi au juste ?

Pendant des décennies, les chercheurs ont observé un modèle presque universel du bonheur. Ça ressemblait à un grand sourire, ou un ‘U’ si vous préférez. On démarre la vie d’adulte plutôt content, puis le moral baisse progressivement jusqu’à atteindre un point bas vers la quarantaine – la fameuse crise de la quarantaine – avant de remonter joyeusement avec l’âge. C’était une constante, une sorte de loi de la nature humaine.

Ce n’était pas juste une histoire de pays riches. On a retrouvé cette courbe dans plus de 145 pays, des nations développées aux pays en développement, qu’on y parle anglais ou non. C’était tellement fondamental qu’on l’a même observé chez nos cousins les grands singes ! On aurait dit que c’était inscrit dans nos gènes : heureux jeunes et vieux, et un peu grognons entre les deux.

Un retournement de situation totalement inattendu

Et puis, tout a changé. Sans crier gare. Aujourd’hui, cette courbe n’a plus rien d’un U. Elle ressemble plutôt à une ligne droite qui monte. Le bien-être est au plus bas au début de la vie d’adulte et augmente avec les années. C’est un bouleversement complet. David Blanchflower lui-même avoue que ça l’a « un peu choqué ».Il semblerait que le changement ait commencé à s’opérer aux alentours de 2017. Tout à coup, les données montraient une chute rapide du bien-être chez les jeunes. C’était du jamais vu. Les jeunes adultes sont devenus, en moyenne, les personnes les moins heureuses. C’est quand même un comble, non ?

Des chiffres qui font froid dans le dos

Ce n’est pas juste une impression. Les chiffres sont là, et ils sont inquiétants. Aux États-Unis, environ une jeune femme sur neuf déclare passer chaque journée dans un mauvais état mental. Pour les jeunes hommes, c’est un peu moins, mais avec près d’un sur quatorze, ça reste très préoccupant.L’équipe de chercheurs a constaté une augmentation massive des consultations en santé mentale, des hospitalisations pour automutilation et même des tentatives de suicide chez les jeunes. Et ce n’est pas un problème uniquement américain, loin de là. Le même schéma a été retrouvé dans plus de 80 pays, de l’Australie au Zimbabwe. C’est un phénomène mondial, et ça fait peur.

Mais alors, quelle est la cause ?

C’est bien là toute la question. Et la réponse, c’est qu’on ne sait pas vraiment. Les explications faciles ne tiennent pas la route. Ce n’est pas le COVID, insiste le professeur Blanchflower, car la tendance a démarré bien avant, vers 2011. Ce n’est probablement pas non plus le marché du travail, puisque le moral des jeunes a commencé à chuter au moment où l’emploi repartait.

Alors quoi ? « Il faut trouver quelque chose qui commence vers 2014, qui est mondial et qui touche de manière disproportionnée les jeunes – surtout les jeunes femmes », explique-t-il. Et il avoue un peu désemparé : « À part les téléphones portables, je n’ai pas d’autre piste. » Une hypothèse qui fait réfléchir, même si elle reste à prouver.

un avenir à réécrire

On se retrouve donc face à un constat troublant : la jeunesse, autrefois synonyme d’insouciance, est devenue la période la plus difficile de la vie pour beaucoup. La vieille carte du bonheur est devenue obsolète et nous naviguons en terrain inconnu. Ce qui est certain, c’est que cette tendance ne peut être ignorée.Il y a urgence à comprendre ce qui se passe dans la tête de nos jeunes et à agir. Les chercheurs comme Blanchflower tirent la sonnette d’alarme depuis des années. Peut-être est-il enfin temps de les écouter. Après tout, l’idée que le meilleur est peut-être à venir, et non derrière nous, est une maigre consolation quand le présent est si lourd à porter. Il est crucial de trouver des solutions pour que la jeunesse redevienne une promesse d’avenir, et non une épreuve.

Selon la source : iflscience.com