Alzheimer : Deux médicaments contre le cancer pourraient-ils changer la donne ?
Auteur: Mathieu Gagnon
Le cerveau humain, quel mystère… On a beau l’étudier depuis des siècles, il garde encore bien des secrets. Et quand il est touché par une maladie comme Alzheimer, le défi est immense. Voilà plus de 120 ans qu’on la connaît, et pourtant, les solutions pour freiner son avancée se font rares. C’est une réalité difficile pour des millions de personnes.
Le problème, c’est qu’Alzheimer n’a pas une seule cause. C’est un peu comme une machine complexe où plusieurs pièces se dérèglent en même temps. Difficile, dans ce cas, de trouver LE remède miracle. On parle de plus en plus, comme pour le VIH, d’un ‘cocktail’ de médicaments, une approche sur mesure pour chaque patient. Mais comment trouver les bons ingrédients ?
Une approche totalement nouvelle
Trouver de nouveaux médicaments, ça prend un temps fou et coûte une fortune. Et si la solution se trouvait déjà dans nos pharmacies ? C’est la piste qu’ont suivie des chercheurs de l’Université de Californie à San Francisco (UCSF). Leur idée est aussi simple que géniale : ils ont étudié les gènes modifiés par la maladie d’Alzheimer, puis ont cherché des médicaments déjà existants qui produiraient… l’effet exactement inverse.
Ils ont passé au crible une liste impressionnante de 1 300 médicaments autorisés par la FDA, l’agence américaine du médicament. C’est un travail de fourmi, un vrai jeu de détective à l’échelle moléculaire.
L'analyse des données de santé : une mine d'or
Après ce premier tri, la liste s’est considérablement réduite. De 1 300, ils sont passés à 86 candidats, puis à 25, pour finalement n’en garder qu’une poignée. Pour affiner encore leur recherche, ils ont eu accès à une ressource incroyable : 1,4 million de dossiers médicaux électroniques anonymisés de personnes de plus de 65 ans.
Cela leur a permis de voir si les patients qui prenaient déjà certains de ces médicaments pour d’autres raisons avaient, ou non, moins de risques de développer Alzheimer. C’est un peu, comme le dit l’une des chercheuses, Yaqiao Li, « comme un essai clinique simulé ». Et là, deux noms sont sortis du lot.
Deux médicaments contre le cancer sous les projecteurs
Les deux élus sont le letrozole et l’irinotecan. Le premier est habituellement utilisé contre le cancer du sein, et les scientifiques pensent qu’il pourrait agir positivement sur les neurones. Le second, prescrit pour des cancers du côlon et du poumon, semble s’attaquer aux problèmes liés aux cellules gliales, ces cellules qui soutiennent les neurones. Une sorte d’action en duo, chacun avec sa spécialité.
C’est fascinant de penser que des traitements conçus pour combattre le cancer pourraient avoir une seconde vie en protégeant notre cerveau. Cela montre à quel point le corps humain est un système interconnecté et complexe.
Des résultats encourageants sur les modèles animaux
Bien sûr, une corrélation dans des données ne suffit pas. Il fallait vérifier. Les chercheurs ont donc administré cette combinaison de médicaments à des souris modèles pour la maladie d’Alzheimer. Et les résultats sont là : l’association des deux traitements a permis de limiter l’accumulation de la protéine tau malformée dans leur cerveau.
Cette protéine tau, c’est l’un des principaux coupables connus dans le développement de la maladie. La voir régresser, même chez la souris, est une étape cruciale et une validation très forte de leur hypothèse de départ. C’est la preuve que leur approche informatique n’était pas juste une belle théorie.
Un pas de géant vers de futurs essais cliniques ?
Alors, que retenir de tout ça ? D’abord, que la recherche avance, et parfois par des chemins inattendus. L’idée de ‘recycler’ des médicaments existants est une stratégie de plus en plus explorée, car elle permet de gagner un temps précieux.
Le grand avantage ici, c’est que le letrozole et l’irinotecan sont déjà approuvés par la FDA. On connaît leur sécurité, leurs effets secondaires… Cela pourrait, on l’espère, accélérer considérablement le passage aux essais cliniques sur l’homme. Il reste bien sûr beaucoup de chemin à parcourir, mais cette découverte redonne un véritable espoir à des millions de familles touchées par Alzheimer. C’est une porte qui s’ouvre, et c’est déjà énorme.
Selon la source : popularmechanics.com