Ces volcans bizarres qui nous offrent 70 % des diamants : le secret enfin révélé
Auteur: Mathieu Gagnon
Mais comment la magie opère-t-elle, au juste ? Des décennies durant, les scientifiques se sont cassé la tête pour comprendre comment ces roches fondues, qui prennent naissance à plus de 150 km de profondeur dans le manteau terrestre, parviennent à remonter à la surface. Un nouveau travail fascinant, mené par l’équipe d’Ana Anzulović de l’Université d’Oslo, vient enfin éclairer ce long mystère géologique en nous parlant d’eau et, surtout, de dioxyde de carbone. C’est la clé, semble-t-il, pour comprendre leur étonnante flottabilité et la violence de leur explosion.
Des 'carottes' volcaniques et la vitesse de l'ascension
Durant cette ascension supersonique, la roche fondue agit comme un aspirateur géant, ramassant des fragments de roches et de minéraux qu’on appelle les xénolithes et les xénocristaux. Ces débris sont, pour nous géologues, des témoins précieux : ils offrent un aperçu unique et très rare de ce qui se passe dans les profondeurs de la planète. Franchement, même si on les étudie depuis longtemps, Ana Anzulović, chercheuse à Oslo, le dit bien : « Ce sont des roches très intéressantes et encore très énigmatiques. » Je ne pourrais pas mieux résumer.
Pourquoi la rapidité est essentielle pour le diamant
Cependant, déterminer la composition exacte de cette roche fondue originelle, celle qui a tout déclenché, restait un casse-tête. Le problème, c’est que ce magma, ce « proto-kimberlite » ou « magma parental », on ne peut pas le mesurer directement. Anzulović explique : « Tout ce que nous savons provient des roches très altérées qui sont mises en place. » C’est un peu comme essayer de deviner le gâteau original en ne regardant que les miettes séchées des jours après.
Modéliser l’invisible : l’expérience de Jericho
La simulation, réalisée grâce à un logiciel de dynamique moléculaire, a permis de suivre comment les atomes se déplacent et comment la densité du magma évolue sous différentes conditions de pression et de température. C’est un peu comme prendre un échantillon de kimberlite virtuelle à différents paliers de son ascension, pour voir si elle reste assez légère — assez flottante — pour continuer de monter.
Le secret quantifié : le seuil critique de CO2
Le rôle des volatiles est d’ailleurs très distinct. L’eau est essentielle, elle augmente la diffusivité et maintient le magma fluide et mobile. Mais c’est le CO2 qui structure la fonte à haute pression, et surtout, qui se dégage près de la surface, agissant comme un gaz propulseur puissant pour l’éruption. La chercheuse confie : « J’ai été vraiment surprise de constater que si je n’ajoutais pas de carbone, cette matière fondue serait plus dense que le craton, et donc, cela n’exploserait pas. » Cela montre bien l’impact d’un tout petit changement chimique sur un processus géologique gigantesque.
Le pouvoir de transport impressionnant du magma léger
L’étude a montré que la composition la plus riche en gaz pouvait charrier jusqu’à 44 % de péridotite du manteau — c’est-à-dire une quantité énorme de roches et de minéraux lourds — jusqu’à la surface. C’est un chiffre impressionnant pour un magma de si faible viscosité. C’est cela qui permet non seulement l’ascension rapide des diamants, mais aussi le transport de tous ces xénolithes, ces preuves précieuses des profondeurs terrestres. Ces petites cheminées, en apparence inoffensives avant leur éruption, sont de véritables ascenseurs cosmiques pour les matériaux internes de la Terre.
De la chimie atomique à l’éruption
C’est réconfortant de voir que même après tant d’années, notre planète continue de nous réserver des surprises. Finalement, ce n’est pas uniquement la profondeur qui fait le diamant, mais la quantité juste de gaz propulseur. La prochaine fois que vous verrez un bijou, souvenez-vous de cette incroyable odyssée, cette course de 150 km, lancée par une bulle de dioxyde de carbone, pour empêcher le diamant de devenir un simple morceau de crayon.
Selon la source : scitechdaily.com