Pour Sophia Yasin, 29 ans, cette première grossesse était une promesse de bonheur. Mais derrière la joie des premiers mois se cachait une réalité bien plus sombre. Des nausées intenses, des sueurs nocturnes et des démangeaisons incessantes, d’abord interprétées comme les aléas classiques de la maternité, étaient en fait les signaux d’alerte d’un combat pour sa propre vie.
L'engrenage d'un diagnostic manqué
Tout a commencé en juin 2024. Installée à Middlesbrough, en Angleterre, Sophia vit ce que beaucoup de femmes enceintes connaissent : des symptômes difficiles. Mais les siens sont particulièrement violents. Malgré plusieurs consultations, le discours des médecins se veut rassurant. « On m’a dit que c’était normal au premier trimestre, que cela allait passer », confie-t-elle. On met ça sur le compte d’une grossesse un peu compliquée.
Pourtant, son état ne s’améliore pas, bien au contraire. Le point de rupture survient à 14 semaines de grossesse, lorsqu’elle s’effondre sur son lieu de travail. Transportée d’urgence à l’hôpital, l’inquiétude monte d’un cran. Le simple « malaise de grossesse » ne tient plus.
La chute : un lymphome agressif
Les premiers examens sont flous, on évoque une pneumonie. Mais les investigations se poursuivent et les nouvelles sont de plus en plus alarmantes. Une série de biopsies et d’imageries finit par révéler l’impensable : une tumeur massive, presque aussi grosse que son cœur, s’est développée près de l’organe vital.
Le diagnostic tombe, brutal : lymphome non hodgkinien à cellules B, un cancer agressif du système lymphatique. Pour la future maman, le ciel s’effondre. Toutes les questions se bousculent dans un chaos total : la grossesse, le bébé, le traitement, les risques. L’avenir venait de voler en éclats.
Le dilemme d'une mère : choisir entre sa vie et celle de son enfant
Face à l’agressivité et à la taille de la tumeur, les médecins n’ont pas d’autre choix que de proposer un traitement immédiat. Une chimiothérapie, lourde et urgente. Mais comment soigner la mère sans mettre en danger l’enfant qu’elle porte ? C’est le dilemme le plus cruel qui soit.
Sophia et son mari n’ont que quelques heures pour prendre une décision. La seule qui s’impose pour lui donner une chance de survivre : interrompre la grossesse. À 15 semaines, elle donne naissance à sa fille, Kainaat Pearl, trop fragile pour vivre. « J’ai perdu mon bébé, mes cheveux, ma vie d’avant », témoigne-t-elle, avec une émotion palpable.
Se battre, malgré tout : la chimiothérapie et le deuil
Le deuil de son enfant à peine commencé, Sophia a dû puiser dans ses dernières forces pour entamer un autre combat, celui pour sa propre survie. S’en sont suivies six cures de chimiothérapie, un parcours éreintant physiquement et psychologiquement. Il fallait supporter les effets du traitement tout en faisant face à l’absence, au vide laissé par Kainaat Pearl.
Pourtant, elle a tenu bon. Soutenue par ses proches, elle a traversé l’épreuve, une étape à la fois, avec une résilience hors du commun.
De la tragédie à l'engagement
Aujourd’hui, Sophia est en rémission. Si les cicatrices physiques s’estompent, celles de l’âme restent. Elle parle d’un « deuil profond » qui l’accompagnera toujours. De cette tragédie, elle a pourtant décidé de faire une force. Pour honorer la mémoire de sa fille, elle a organisé une marche de 7 kilomètres afin de récolter des fonds pour l’association Lymphoma Action.
Avec le recul, elle livre une analyse poignante : paradoxalement, c’est sa grossesse qui lui a sauvé la vie. « Comme j’étais enceinte, je passais en priorité à l’hôpital », explique-t-elle. Sans cela, le diagnostic serait peut-être arrivé bien trop tard. Une ironie tragique qui souligne l’importance d’écouter son corps.
quand la grossesse masque le pire
L’histoire de Sophia met en lumière une réalité médicale complexe : la difficulté à distinguer des symptômes de grossesse, jugés anodins, des signes avant-coureurs d’une maladie grave. Une fatigue extrême, des sueurs nocturnes intenses ou un malaise persistant ne devraient jamais être pris à la légère, même pendant ces neuf mois si particuliers.
Son parcours est un puissant rappel à la vigilance, pour les patientes comme pour le corps médical. Sophia, elle, espère pouvoir un jour connaître à nouveau la maternité. Les médecins lui ont conseillé d’attendre au moins deux ans. Une lueur d’espoir, fragile, au bout d’un long tunnel.
Selon la source : aufeminin.com