Votre boeuf coûte trop cher ? Les géants de la viande accusés d’entente sur les prix
Auteur: Simon Kabbaj
Si vous avez l’impression que le prix du bœuf a explosé ces dernières années, vous n’êtes peut-être pas victime de l’inflation, mais d’une entente illégale. Deux recours collectifs, l’un en Colombie-Britannique et l’autre au Québec, accusent quatre géants nord-américains de l’industrie de la viande d’avoir conspiré pour gonfler artificiellement les prix. Les entreprises visées sont des noms bien connus : Cargill Inc., JBS, Tyson Food Inc. et National Beef.
Une conspiration qui durerait depuis 2015
Les deux poursuites, intentées par les cabinets d’avocats Camp Fiorante Matthews Mogerman en C.-B. et Belleau Lapointe au Québec, allèguent que le complot a commencé au moins dès le 1er janvier 2015. L’objectif aurait été de « fixer, maintenir, contrôler ou réduire la production ou l’offre de bœuf » et de « fixer, augmenter, maintenir ou stabiliser le prix du bœuf vendu aux acheteurs au Canada ». Selon les documents déposés, ces quatre entreprises contrôleraient environ 85 % du marché canadien du bœuf, leur donnant un pouvoir immense sur les prix que nous payons tous.
Une situation 'exaspérante' pour les familles à faible revenu
Cette situation a un impact direct sur le portefeuille des Canadiens, en particulier les plus vulnérables. Sylvie de Bellefeuille, avocate chez l’organisme de défense des consommateurs Option consommateurs, qui est à l’origine du recours québécois, a exprimé son indignation à la Presse Canadienne. « Je trouve cette situation exaspérante », a-t-elle déclaré. « [P]our les personnes à faible revenu, par exemple, elles ont maintenant du mal à acheter du bœuf, donc c’est quelque chose qui m’indigne vraiment ».
La défense des entreprises : 'des allégations sans fondement'
Contactées par le magazine Canadian Grocer, les entreprises n’ont pas répondu. Cependant, dans une déclaration au Toronto Star, Cargill a nié les accusations en bloc, affirmant que les allégations « manquent de fondement ». L’entreprise a ajouté : « Nous concurrençons vigoureusement sur le marché et menons nos activités de manière éthique, et nous sommes confiants dans nos efforts pour maintenir l’intégrité du marché pour le compte de nos clients et des consommateurs ».
Un air de déjà-vu : la même situation aux États-Unis
Pour l’expert bien connu de l’industrie alimentaire, le professeur Sylvain Charlebois de l’Université Dalhousie, ces poursuites au Canada n’étaient qu’une question de temps. « Il y a eu beaucoup de bruit aux États-Unis à propos de la collusion dans le secteur du bœuf », a-t-il expliqué. En effet, les quatre mêmes entreprises font face à des litiges antitrust similaires chez nos voisins du sud. Le président Joe Biden a même appelé à de nouvelles règles pour accroître la concurrence. L’une des entreprises, JBS, a déjà accepté de payer 52,5 millions de dollars dans un règlement annoncé début février aux États-Unis.
Vers un règlement à l'amiable sans aveu de culpabilité ?
Selon la source : canadiangrocer.com