Enfin, on sait d’où vient l’anxiété : la découverte d’un gène que l’on pourrait neutraliser
Auteur: Mathieu Gagnon
Quand on regarde les chiffres, ça donne le vertige : rien qu’aux États-Unis, 40 millions d’adultes et même 4 millions d’enfants vivent sous le joug de cette anxiété paralysante. Le problème est immense. Mais jusqu’à très récemment, les origines exactes de ce mal étaient floues. On savait que ça se passait dans la tête, bien sûr, mais quoi exactement ? Eh bien, des scientifiques pourraient bien avoir trouvé la pièce manquante du puzzle.
Le siège de nos émotions : quand l'amygdale s'emballe
L’inflammation, c’est un peu le dénominateur commun de pas mal de conditions comme l’anxiété et la dépression, qui vont souvent de pair. Le stress chronique, on le sait, joue un rôle majeur là-dedans, perturbant des neurotransmetteurs essentiels comme la sérotonine ou l’épinéphrine. Les antidépresseurs tentent d’ailleurs de corriger ce déséquilibre. Mais il y avait encore quelque chose d’autre, de plus précis, qui nous échappait.
Le coupable inattendu : l'excès du gène Grik4
Le Grik4 est responsable de l’encodage d’une protéine dans notre système nerveux central qui sert de neurotransmetteur. Son rôle, c’est d’exciter les neurones. C’est important pour le fonctionnement normal, évidemment, mais quand il y en a trop… eh bien, ça dépasse le seuil de l’excitation normale pour devenir carrément de la surchauffe neuronale. Et c’est cette surchauffe qui stresse l’amygdale.
Des souris anxieuses aux résultats spectaculaires
Qu’est-ce qu’on a observé chez ces souris avec un excès de Grik4 ? Des symptômes clairs d’anxiété, de dépression, et un retrait social marqué. Elles préféraient rester dans des espaces confinés et ignoraient les nouvelles souris qui leur étaient présentées. Bref, elles étaient en détresse, un peu comme nous quand on est submergés.
Mais la question cruciale était : pouvait-on inverser ça ? Lerma a alors administré des injections visant à rééquilibrer les niveaux de Grik4 dans une zone clé de l’amygdale, le noyau basolatéral. Et ce qui s’est passé ensuite est bluffant.
La clé de communication entre neurones
Le Grik4 s’exprime un peu partout dans l’amygdale, mais si l’expression monte en flèche dans ces neurones basolatéraux, ça perturbe la conversation avec les neurones du centre de l’amygdale, notamment un groupe qui s’appelle l’amygdale centrolatérale, qui sont ceux qui envoient les impulsions nerveuses. C’est un peu comme si la ligne téléphonique entre ces deux régions était saturée et que le message ne passait plus correctement.
Une fois qu’ils ont réussi à baisser les niveaux de Grik4, la communication entre le basolatéral et le centrolatéral est revenue à la normale. La ligne téléphonique était réparée !
Un changement instantané et réversible
C’est incroyable, non ? Le Dr Lerma souligne que cette découverte, en identifiant le rôle crucial d’une si petite population de neurones, « met en évidence à quel point de subtils changements dans l’intensité d’un influx peuvent suffire à distordre de manière réversible l’activité d’un circuit. » C’est une formulation scientifique, je suppose, mais le message est simple : on a trouvé une nouvelle cible pour traiter les troubles affectifs.
Vers de nouvelles thérapies pour les humains ?
Les scientifiques vont maintenant s’intéresser à la façon dont d’autres régions du cerveau, comme l’hippocampe, pourraient aussi être impliquées dans l’anxiété. Mais en attendant que la science avance vers ces nouvelles thérapies ciblées, n’oublions pas les bonnes vieilles méthodes : quelques exercices de respiration profonde, ça aide toujours, n’est-ce pas ? La tranquillité pourrait bien être inscrite dans nos gènes, et peut-être que bientôt, on saura comment la réactiver.
Selon la source : popularmechanics.com