Des riches touristes auraient payé une fortune pour tuer des civils lors de « safaris humains » en Bosnie
Auteur: Simon Kabbaj
C’est une histoire d’une noirceur absolue qui refait surface des heures les plus sombres de la guerre de Bosnie. Des allégations glaçantes de « safaris humains » organisés pendant le siège de Sarajevo dans les années 90 sont aujourd’hui au cœur d’enquêtes en Italie et aux États-Unis. Des « touristes snipers« , de riches individus en quête de sensations fortes, auraient payé des dizaines de milliers d’euros pour avoir le droit de tirer sur des civils depuis les montagnes surplombant la capitale assiégée. Une élue américaine a lancé un avertissement sévère à tout citoyen qui aurait pu participer à ces atrocités.
L'enquête italienne : des 'chasses à l'homme' pour de riches touristes
L’affaire a été relancée par une plainte déposée à Milan par le journaliste et romancier Ezio Gavazzeni. Il décrit une véritable ‘chasse à l’homme‘ organisée pour des ‘personnes très riches’. Selon lui, des Italiens et d’autres étrangers auraient ‘payé pour pouvoir tuer des civils sans défense’ depuis les positions serbes dans les collines autour de Sarajevo. Certains rapports évoquent même des tarifs différents pour tuer des hommes, des femmes ou des enfants. En février, Gavazzeni aurait remis un dossier de 17 pages aux procureurs, incluant un rapport de l’ancienne maire de Sarajevo, Benjamina Karic. Il a affirmé au journal italien La Repubblica qu »au moins une centaine’ de personnes auraient participé à ces pratiques.
Des doutes et un "mythe urbain" ?
Si le parquet de Milan a bien ouvert une enquête sur ces allégations, un certain scepticisme demeure. Des membres des forces britanniques qui ont servi à Sarajevo pendant le siège ont déclaré à la BBC n’avoir jamais entendu parler de ce « tourisme de snipers« . Un soldat a même qualifié ces allégations de ‘mythe urbain’. Ces témoignages contrastent fortement avec les accusations, ajoutant une couche de complexité à cette affaire sordide.
Une élue américaine lance un avertissement sévère
L’affaire a pris une dimension politique aux États-Unis. La députée républicaine Anna Paulina Luna a annoncé sur X (anciennement Twitter) le 13 novembre qu’elle avait ouvert sa propre enquête. « Concernant le prétendu ‘tourisme du meurtre’ […] j’ai ouvert une enquête sur cette affaire et je suis en contact avec le consulat de Bosnie ainsi qu’avec l’ambassade d’Italie », a-t-elle écrit. Elle a clairement averti tout citoyen américain qui aurait pu être impliqué.
'Un niveau de mal que notre pays ne tolérera pas'
La députée n’a pas mâché ses mots pour condamner ces actes présumés. « Payer de l’argent pour tirer sur des civils — et pire encore pour tirer sur des enfants — est un niveau de mal que notre pays ne peut et ne tolérera pas », a-t-elle poursuivi. Elle a affirmé que les gouvernements italien et bosnien partageraient toutes les informations concernant les Américains impliqués, ajoutant que s’il y en a, ils « méritent d’être inculpés et poursuivis ». « Le meurtre est le meurtre », a-t-elle conclu, soulignant que c’était une affaire américaine si des citoyens avaient payé pour tuer des gens pour le sport.
Conclusion : la traque des fantômes d'une guerre atroce
Selon la source : dw.com