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Les ‘codes-barres’ neuronaux : ce que l’activité interne de notre cerveau révèle sur notre personnalité et nos faiblesses
Crédit: lanature.ca (image IA)

Le mystère de nos différences

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Nous sommes tous si différents, n’est-ce pas ? Face à une même situation, nous réagissons de façon unique. Ces nuances dans la manière de penser, de se comporter et de fonctionner découlent d’un mélange étonnant : nos gènes, nos expériences de vie, et bien sûr, la façon dont notre cerveau est construit et travaille. Comprendre ce qui fait notre singularité est un objectif central pour les chercheurs en psychologie et en neurosciences.

Pendant longtemps, la recherche s’est concentrée sur la communication entre les régions du cerveau – comment les zones distantes se « parlaient » pendant que nous étions au repos. Mais une nouvelle étude très ambitieuse vient de changer la donne. Des scientifiques basés notamment à l’Université normale de Pékin ont décidé de regarder non pas la connexion entre, mais les dynamiques à l’intérieur de chaque région cérébrale. Qu’est-ce qui se passe vraiment localement, au fil du temps ?

Leurs découvertes, publiées dans la revue Nature Human Behaviour, sont fascinantes : ils ont identifié des schémas d’activité interne qui pourraient bien prédire des traits aussi variés que nos tendances à l’abus de substances ou notre capacité cognitive générale. Un peu comme si notre cerveau portait un ‘code-barres’ unique.

Ce que les chercheurs cherchaient vraiment

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Ce travail part d’un postulat simple mais puissant : l’activité spontanée du cerveau, quand nous ne faisons rien de particulier, est fondamentale pour comprendre ce qui nous distingue les uns des autres. C’est ce qu’on appelle l’état de repos. Mais comme l’ont souligné Xiaohan Tian, Yingjie Peng et leurs collègues, si l’on a beaucoup étudié les liens entre les régions (le couplage interrégional), l’activité intrinsèque, qui se déroule au sein de chaque zone, restait largement inexplorée. C’est le chaînon manquant, peut-être.

Alors, pour pallier ce manque, les chercheurs ont mis les bouchées doubles. Ils ont analysé des données issues de quatre grandes cohortes d’imagerie cérébrale. Imaginez : ils ont extrait près de 5 000 caractéristiques temporelles à partir des signaux cérébraux de repos sur 271 régions distinctes. C’est une quantité de données colossale !

Leur but était de caractériser de manière exhaustive ces fameuses dynamiques intrarégionales, pour voir si elles pouvaient capturer des aspects comportementaux uniques à chaque personne. Et surprise, ils ont réussi. Ils ont trouvé un sous-ensemble de ces caractéristiques qui fonctionne comme un ‘code-barres’ propre à chaque individu, stable à travers les différents ensembles de données.

L’extraction du code-barres neural sur des milliers de cerveaux

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Pour cette étude, les chercheurs ont analysé les scanners cérébraux de repos de plus de 30 000 personnes. Oui, vous avez bien lu : trente mille ! Ces participants étaient très diversifiés, âgés de 8 à 82 ans. C’est un échantillon d’une taille incroyable, qui garantit que les résultats sont très généralisables, ce qui est crucial en science.

Après avoir divisé le cerveau en 271 sections, ils ont utilisé des outils sophistiqués pour décrire comment l’activité de chaque zone changeait au fil du temps. Le résultat ? Ces « codes-barres » neuronaux, ce sont des dimensions dynamiques multifacettes qui reflètent de manière stable la variation entre les individus. C’est vraiment fascinant de se dire qu’une simple activité au repos peut être aussi révélatrice de qui nous sommes.

Mais qu’est-ce que ces codes-barres prédisent, concrètement ? La réponse est double, et plutôt surprenante.

Un lien surprenant entre nos sens et les tendances addictives

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Le premier élément que ces codes-barres ont aidé à prédire concerne les tendances à l’abus de substances. Vous vous attendriez peut-être à ce que cela soit lié à des régions de récompense très complexes, mais la vérité est plus subtile.

Les chercheurs ont découvert que les signaux cérébraux suivant des schémas « non linéaires » spécifiques dans les régions dites unimodales – celles qui traitent les signaux sensoriels comme la vue, le son ou le toucher – étaient de bons prédicteurs de l’usage de substances. C’est un peu contre-intuitif, n’est-ce pas ? La manière dont l’information sensorielle est traitée de façon désordonnée ou complexe semble être un indicateur.

Fait important, même si cette association était généralisable, elle montrait une variation spécifique à l’âge. Peut-être que la vulnérabilité change à mesure que nous vieillissons, ou plutôt que la façon dont cette dynamique se manifeste évolue. C’est une piste de réflexion très riche pour les prochaines études.

La marche lente de la cognition générale

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Le deuxième grand pan de l’étude s’est concentré sur la capacité cognitive générale (notre intelligence globale, incluant la mémoire, le raisonnement, etc.). Ici, le schéma était complètement différent, et peut-être plus logique : les aptitudes mentales les plus solides étaient liées à des signaux lents, qui changent graduellement.

Les chercheurs ont parlé de dynamiques de « marche aléatoire » dans les réseaux dits d’ordre supérieur. Ce sont les zones cérébrales qui soutiennent la prise de décision, le raisonnement et la mémoire de travail. En gros, un signal qui évolue lentement, avec une sorte de rythme régulier et mesuré, serait synonyme de meilleures capacités mentales globales. C’est un peu comme si pour bien réfléchir, notre cerveau préférait prendre son temps, sans être bousculé par des fluctuations rapides.

Contrairement aux tendances d’abus, ce lien entre la dynamique cérébrale lente et la cognition s’est montré étonnamment stable et cohérent pour tous les groupes d’âge. Une preuve que ces schémas sont profondément ancrés dans notre fonctionnement.

Les perspectives de cette nouvelle approche

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Le travail colossal mené par ces chercheurs met en lumière le potentiel extraordinaire des dynamiques intrarégionales pour les études d’association cerveau-comportement. Ce n’est pas rien : ils ont montré que la simple façon dont une zone cérébrale « respire » individuellement peut indiquer nos traits de personnalité ou nos vulnérabilités.

À l’avenir, d’autres neuroscientifiques pourront s’appuyer sur la découverte de ces ‘codes-barres’ stables et prédictifs. Cela pourrait fournir des informations cruciales et généralisables sur les fondements biologiques de nos capacités cognitives. On pourrait alors imaginer des applications très concrètes : évaluer la vulnérabilité d’une personne face à certains troubles de la santé mentale avant même qu’ils n’apparaissent, ou concevoir des interventions personnalisées ciblant des schémas comportementaux indésirables. C’est l’espoir qui émerge de cette recherche, un pas de plus vers une compréhension plus fine de l’être humain.

Selon la source : medicalxpress.com

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