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Diabète de type 2 et fatalisme : l’impact sur le moral, mais de sérieuses réserves sur la fiabilité des données
Crédit: lanature.ca (image IA)

L’attitude, clé de la santé?

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On nous le répète souvent : l’attitude, la manière dont on perçoit sa maladie, est cruciale. Mais est-ce que le simple fait de croire que l’on ne peut rien y changer – ce que l’on appelle le fatalisme – peut réellement miner la santé physique ou mentale, surtout quand on parle d’une maladie chronique comme le diabète de type 2?

C’est la question posée par des chercheurs des universités du Wisconsin-Milwaukee et de Buffalo. Leur travail, qui se concentre spécifiquement sur les adultes afro-américains (une population particulièrement vulnérable aux complications du diabète), semble indiquer que cette attitude de fatalité pèse lourdement sur la qualité de vie mentale sur une période de douze mois. Curieux, n’est-ce pas? Par contre, les résultats sont, disons, compliqués à cause de gros problèmes dans la présentation des chiffres.

Le diabète et les disparités raciales

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Parlons un peu du contexte. Le diabète est une maladie massive aux États-Unis, touchant environ 37,1 millions d’adultes. C’est quand même la huitième cause de mortalité dans le pays. Et, malheureusement, on observe de fortes disparités raciales : les adultes afro-américains se trouvent confrontés à un risque accru de complications et de décès liés au diabète.

C’est pourquoi il est essentiel d’étudier non seulement les aspects biologiques de la maladie, mais aussi les facteurs psychologiques, ou psychosociaux. Des études antérieures suggéraient déjà que des facteurs comme le fatalisme jouent un rôle dans la façon dont les patients gèrent leur traitement et, de fait, sur les résultats cliniques.

Les participants et l’étude longitudinale

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L’étude, intitulée « Effet longitudinal du fatalisme lié au diabète sur les résultats cliniques et la qualité de vie liée à la santé chez les Afro-Américains atteints de diabète de type 2 », a été publiée dans le Journal of General Internal Medicine. Les chercheurs ont suivi 200 adultes afro-américains, tous souffrant d’un diabète de type 2 mal contrôlé. Ils ont été recrutés dans quatre cliniques du sud-est des États-Unis.

Ces participants avaient en moyenne 56 ans et vivaient avec le diabète depuis une quinzaine d’années. C’est une période assez longue, n’est-ce pas? Ce qui est intéressant dans cette approche, c’est le suivi sur 12 mois. Cela permet vraiment de voir si les attitudes initiales changent quelque chose sur le long terme.

Lien significatif : la qualité de vie mentale

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Alors, qu’est-ce qu’ils ont trouvé? Les chercheurs ont utilisé plusieurs modèles, y compris l’échelle de fatalisme du diabète. Sur les cinq modèles explorés pour évaluer le fatalisme, un seul lien statistiquement significatif est ressorti : celui entre le fatalisme et le score de qualité de vie mentale. En gros, plus les participants croyaient qu’ils ne pouvaient rien faire face à leur maladie, plus leur moral baissait sur l’année.

C’est un point vraiment important. Cela signifie que même si l’attitude ne change pas directement les chiffres de laboratoire, elle impacte profondément le bien-être psychologique. En revanche, le fatalisme n’a montré aucune association avec les résultats cliniques ‘purs’, comme l’HbA1c (le taux de sucre moyen) ou la pression artérielle. C’est étonnant, non?

L’ombre au tableau : incohérences dans les données

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Cependant, et c’est là que le bât blesse, plusieurs incohérences de données jettent un doute sérieux sur la fiabilité des conclusions. Je ne suis pas mathématicien, mais il y a des choses qui ne collent pas du tout. Les auteurs affirment avoir enrôlé exactement 200 individus. Or, quand on a 200 personnes, tous les pourcentages doivent être des multiples de 0,5%.

Par exemple, l’étude indique que 24,3% des participants étaient « jamais mariés/célibataires ». Pour obtenir 24,3%, il faudrait que l’échantillon soit un multiple de 10. Imaginez, 243 personnes sur 1000! Mais s’ils n’en ont que 200, comment obtient-on 24,3%? C’est mathématiquement impossible. De même, un revenu inférieur à 25 000 dollars est rapporté à 61,03%. Là encore, pour obtenir ces décimales, il aurait fallu un minimum de 10 000 participants! On parle d’une différence énorme entre la réalité et ce qui est affiché. C’est franchement troublant, je suppose même un peu embarrassant pour les auteurs.

Des échelles de mesure qui se contredisent

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Et ce n’est pas la seule zone d’ombre, hélas. L’analyse utilisait une sous-échelle de « détresse émotionnelle », dérivée du questionnaire initial sur le fatalisme. Les scores de cette sous-échelle sont décrits de manière différente à deux endroits dans le document. Une section dit que l’échelle va de 5 à 50, tandis qu’une autre prétend qu’elle va de 5 à 30.

Ce genre de contradiction est problématique. Comment peut-on être sûr de l’interprétation des résultats si les outils de mesure eux-mêmes sont décrits de façon inconsistante? On remarque d’ailleurs que les chercheurs ont dû présenter cinq modèles supplémentaires basés uniquement sur la détresse émotionnelle, où un lien minime est apparu pour le taux d’HbA1c. Mais entre les modèles multiples et les erreurs de données, on est en droit de se demander si on ne cherche pas un peu trop la corrélation.

Leçons tirées et appel à la prudence

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Alors, que retenir de tout cela? Si l’étude a eu le grand mérite de souligner que le fatalisme a un impact direct et significatif sur le bien-être psychologique des patients diabétiques afro-américains (un aspect qu’il ne faut absolument pas négliger!), elle est malheureusement entachée par de sérieuses erreurs de présentation et de collecte des données.

Avec ces incohérences dans les pourcentages de la cohorte et les contradictions sur les échelles de mesure, il est très difficile, pour ne pas dire impossible, de considérer ces résultats comme entièrement fiables. Il faudra d’autres études, menées avec une rigueur méthodologique impeccable, pour confirmer le lien entre le fatalisme et la santé mentale, un lien qui, intuitivement, semble pourtant bien réel. En attendant, restons prudents, mais gardons en tête que le moral compte énormément dans la gestion d’une maladie comme le diabète.

Selon la source : medicalxpress.com

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