Les crèmes anti-âge utilisées trop tôt, le piège que redoutent les dermatologues

Cette tendance n’est pas le fruit du hasard. L’industrie cosmétique a brillamment réussi à transformer la peur du vieillissement en un impératif de prévention quasi obsessionnel, même chez les plus jeunes. On voit ainsi des produits conçus pour l’atténuation des rides s’étaler sur des visages à peine sortis de l’adolescence.

À l’ère des fameux «Sephora Kids» et des influenceurs beauté auto-proclamés, l’idée qu’il «vaut mieux prévenir que guérir» s’est ancrée dans les esprits. La nouvelle génération de beauty addicts privilégie désormais ces flacons formels et coûteux, délaissant les simples baumes et masques fantaisie de leur enfance, dans l’espoir illusoire de «figer le temps».

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ces formules ne sont pas de simples compléments bénéfiques. Pour la peau jeune, elles sont souvent contre-productives, car elles ne sont tout simplement pas conçues pour elle. Sophie Strobel, biologiste et cosmétologue, rappelle que le nœud du problème réside dans la texture même de ces crèmes.

Ces produits sont spécifiquement destinés à des peaux dont les besoins sont liés à la maturité (perte de sébum, manque de lipides). Pour garantir le confort des peaux mûres, les fabricants y ajoutent des «substances occlusives», comme certaines huiles minérales, qui rendent la crème plus épaisse et nourrissante. Une peau jeune, déjà pleine de vitalité et bien nourrie, n’a pas besoin de ce surdosage.

Appliquer de tels soins sur un épiderme sain et déjà bien hydraté revient, selon les experts, à suralimenter une plante en pleine croissance. Le résultat est souvent l’inverse de l’effet désiré. Plutôt que de protéger, on risque de perturber gravement l’équilibre naturel de la peau.

L’abus de ces principes actifs peut fragiliser la barrière cutanée, conduisant à des problèmes qui n’existaient pas initialement. On parle d’une peau plus réactive, sujette à l’excès de sébum, à la sécheresse cutanée paradoxale, voire à l’apparition de comédons. Pour les spécialistes, ce n’est pas un acte de bien-être, mais une forme d’auto-sabotage qui ruine silencieusement la capacité de la peau à se réguler seule.

Face à cette surconsommation cosmétique où l’on vante des routines interminables, les professionnels de santé appellent à un retour urgent à la simplicité. La dermatologue allemande Dr Yael Adler résume parfaitement la situation : le vrai secret d’une peau bien gardée est souvent de la «laisser tranquille».

À l’âge d’or de la vingtaine, l’épiderme possède toutes les ressources nécessaires pour se régénérer. Il n’a besoin que du strict minimum, c’est-à-dire une hydratation adaptée à son type de peau et, surtout, une protection solaire rigoureuse, et ce, même en hiver. Ces deux essentiels sont infiniment plus profitables que n’importe quelle cascade de soins anti-âge sélectionnés au hasard.

En fin de compte, les jeunes générations se trompent de combat. Plutôt que de chasser des rides inexistantes à coups de crèmes luxueuses, il serait plus pertinent de remettre en question les diktats de beauté qui nous poussent à diaboliser tout signe de l’âge. La meilleure façon de bichonner sa peau passe par l’intérieur : une alimentation variée et une hydratation interne suffisante.

Il est temps d’arrêter de perdre son temps à essayer de le ralentir sur son visage. La jeunesse n’a pas besoin d’être «protégée» de façon agressive ; elle a simplement besoin de quelques bons gestes intelligents, et de la permission de faire son travail en paix.

Selon la source : ma-grande-taille.com