Cette habitude de laver immédiatement les assiettes trahit-elle un besoin plus profond ?
Auteur: Adam David
Chez certains, la vaisselle s’entasse dangereusement, formant une véritable tour de Pise dans l’évier. Chez d’autres, l’éponge est dégainée dès la dernière bouchée avalée. Si vous faites partie de ces personnes qui ne peuvent pas attendre une minute de plus avant de frotter la moindre tasse, sachez que ce n’est pas forcément qu’une simple manie d’hyperactif.
Les psychologues se sont penchés sur ce rituel domestique, que l’entourage qualifie volontiers d’« obsession ». Ils y voient en réalité des mécanismes de bien-être et de gestion du stress bien plus sophistiqués qu’il n’y paraît. Ce geste, parfois mécanique, répond à plusieurs besoins fondamentaux de notre cerveau.
Le besoin irrépressible de clôturer l'action
Pour les âmes qui s’empressent d’enfiler les gants, le fait de laisser l’évier encombré est une source d’anxiété. Loin d’être une lubie, cette hâte répond à ce que les spécialistes appellent le besoin de « clôture psychologique ».
Ce concept décrit la satisfaction profonde ressentie lorsque le cerveau met un point final à une activité. Tant que les assiettes sont là, le repas n’est pas *terminé*. Laisser le désordre s’accumuler crée une tension mentale, comme une tâche en suspens qui empêche de passer sereinement à autre chose. Finalement, ce n’est pas tant la propreté qui apaise, mais plutôt la sensation d’avoir achevé ce qui a été commencé.
Un rituel d'apaisement et de régulation émotionnelle
Derrière l’étiquette de « M. Propre » ou de « psychorigide » se cache également un véritable outil de régulation émotionnelle. L’acte répétitif, la chaleur de l’eau, le contact physique avec les objets : tout cela contribue à créer une sorte de refuge. Les psys parlent d’une « activité de régulation », au même titre que marcher ou nettoyer son bureau.
L’évier devient en quelque sorte un spa nomade. Une étude menée par l’université d’État de Floride a même démontré l’effet thérapeutique de la vaisselle : pratiquer cette tâche en pleine conscience, en étant attentif aux sensations et au bruit de l’eau, réduirait le niveau de stress de près de 27 %. Il y a une dimension méditative, un moment où l’on se coupe du monde extérieur pour s’ancrer dans le présent.
L'intolérance au chaos visuel
Pour certaines personnalités, un plan de travail encombré, débordant d’ustensiles et portant encore les stigmates du café, est une véritable scène d’horreur. Cette sensibilité à l’environnement rend la personne très réactive au désordre. On parle de « surcharge cognitive ».
Le cerveau interprète l’accumulation de vaisselle comme un chaos qui gêne la concentration et affecte l’humeur. La personne fonctionne mieux et plus sereinement dans des espaces nets et dégagés. Remettre un peu d’ordre juste après avoir mangé n’est donc pas seulement une question d’hygiène, mais une manière de permettre à leur cerveau de respirer et de retrouver une clarté mentale immédiate.
L'éloge de la discipline et de la maîtrise de soi
Là où d’autres procrastinent sans cesse, ceux qui agissent immédiatement font preuve d’une grande discipline. C’est la mentalité « action, réaction » : ils n’ont besoin ni de liste, ni de rappel pour s’acquitter de la tâche. L’efficacité prend le pas sur l’envie de se jeter immédiatement sur le canapé.
Derrière le côté « fée du logis » se cache donc une capacité d’auto-régulation précieuse. Ils privilégient la dépense intelligente de leurs minutes pour éviter que la tâche, remise à plus tard, ne devienne une obligation lourde. Cette assiduité se retrouve souvent dans d’autres domaines, comme au travail, où ils bouclent spontanément les dossiers et répondent aux mails sans laisser traîner.
Quand le rituel devient une force
Ce rituel domestique, souvent caricaturé, est donc en réalité un mécanisme psychologique sophistiqué d’auto-régulation. Que ce soit pour gagner en clarté mentale, réduire l’anxiété ou exercer une saine discipline, cette habitude est loin d’être un défaut. Elle devient une véritable force lorsqu’elle est pratiquée par choix, et non par obligation oppressante.
Évidemment, l’ordre parfait peut attendre. Il est bon de se rappeler que si un soir l’appel du canapé est plus fort que celui de l’éponge, votre équilibre psychologique n’en souffrira pas. Le tout est de trouver son propre seuil de tolérance au désordre.
Selon la source : ma-grande-taille.com