L’éclat trompeur des mégaprojets saoudiens: quand le fonds souverain tire la langue
Auteur: Adam David
L’ambition sans limite face à la réalité budgétaire
Le prince héritier Mohammed ben Salmane, surnommé MBS, a toujours cultivé l’image d’un dirigeant aux ambitions illimitées, capable de promettre des milliards de dollars d’investissement d’un claquement de doigts. Cette aura de puissance s’est parfois manifestée dans des contextes très diplomatiques, comme lorsqu’il s’est vu, à une époque, absous par Donald Trump des soupçons pesant sur l’affaire Khashoggi, en échange de vagues promesses d’investissement saoudien aux États-Unis.
Pourtant, derrière les discours tonitruants et les annonces pharaoniques, un secret de polichinelle commence à peser lourd sur la trésorerie du royaume. La source de cette puissance supposée inépuisable, le Fonds d’investissement public saoudien (PIF), serait en réalité à bout de souffle.
Un trésor supposé inépuisable à sec

Si l’Arabie saoudite aime à se présenter comme le détenteur d’une fortune aux ressources infinies, la réalité est plus prosaïque. Selon les révélations du *New York Times*, le Public Investment Fund (PIF), le bras armé de la stratégie économique de MBS, manquerait cruellement de liquidités pour financer ses prochaines initiatives. Cette nouvelle sonne comme un avertissement, d’autant plus que le PIF est censé être l’instrument principal de la « Vision 2030 », visant à diversifier l’économie et préparer le pays à l’après-pétrole.
En quelques années, le prince héritier et ses adjoints auraient dépensé une vaste partie de la richesse nationale dans des projets dont la viabilité financière est au mieux incertaine. On parle désormais d’une tentative, presque frénétique, de redresser la barre.
Le gouffre des projets fantaisistes
L’épuisement des réserves du PIF est directement lié à une série d’investissements colossaux, dont la rentabilité semble pour l’instant chimérique. Le cas le plus emblématique reste Neom, cette immense utopie technologique de plusieurs centaines de milliards de dollars sur les bords de la mer Rouge, qui accumule retards et critiques. Mais l’argent s’est également volatilisé dans des initiatives beaucoup moins ambitieuses et pourtant tout aussi inefficaces.
Le *NYT* rapporte ainsi que le fonds a financé, par exemple, une chaîne de cafés qui ne compte à ce jour qu’un seul magasin ouvert, une compagnie de croisières dotée d’un unique navire, ou encore une start-up de véhicules électriques lancée il y a trois ans, qui n’a toujours pas livré la moindre voiture sur le marché. De quoi interroger sérieusement les choix d’investissement des conseillers de MBS.
Des actifs « immobiliers » difficiles à vendre

Bien que le PIF continue d’affirmer détenir près de 1 000 milliards de dollars d’actifs, ce chiffre est à prendre avec précaution. Contrairement à d’autres fonds souverains internationaux, le PIF ne publie en effet qu’une page et demie de chiffres financiers annuels, rendant l’analyse extérieure très difficile. Surtout, une grande partie de ce portefeuille est immobilisée dans des actifs non cotés, sans évaluation publique et pour lesquels il n’existe virtuellement pas de marché de revente rapide.
En clair, ces participations ne peuvent pas être transformées facilement en argent frais pour honorer de nouveaux chèques. Onze personnes informées de ces opérations ont d’ailleurs accepté de s’exprimer anonymement auprès du *New York Times*, décrivant une situation où le faste de la richesse nationale est désormais masqué par la difficulté à générer de vrais flux de trésorerie.
Le piège de la dépendance au pétrole et du déficit

Le royaume ne peut pas même se reposer entièrement sur sa manne pétrolière pour boucher les trous. Des accords géopolitiques visant à stabiliser les prix mondiaux – notamment via l’OPEP – le forcent à restreindre son offre. Or, les revenus générés ne sont plus suffisants pour compenser les dépenses. Le gouvernement saoudien voit son déficit budgétaire croître et doit désormais s’endetter pour tenir les promesses intérieures faites par le prince Mohammed.
Face à cette pression, le PIF s’emploie activement à restructurer ses opérations, le prince héritier gardant un œil attentif sur chaque décision. Le conseil travaille sur des plans pour changer radicalement de stratégie et investir dans des secteurs plus classiques et sécurisés, comme les actions et obligations cotées en bourse, selon des sources internes.
L’offre : renflouer l’ancien avant d’investir dans le neuf
La nouvelle ligne directrice du PIF témoigne de la situation critique. Cette année, les représentants du Fonds ont ainsi annoncé aux gestionnaires d’actifs du monde entier de nouvelles conditions strictes pour de futurs partenariats. Le message est simple : il n’y aura plus de nouveaux fonds disponibles, sauf en échange d’une aide concrète pour renflouer ses anciens investissements, ceux qui sont en difficulté. Une manière assez directe de demander aux partenaires étrangers d’assumer une partie du risque initial.
Cette approche, peu orthodoxe, pose une question fondamentale. Comment MBS parviendra-t-il à faire de son pays un modèle de modernité et de *soft power* sur la scène internationale, alors que la principale vache à lait du royaume semble bel et bien sur le point de déclarer forfait ?
Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.