Un plan de paix mort-né ?

On nous parle d’un nouveau plan de paix pour le Soudan, mené par les États-Unis, mais à peine proposé, il semble déjà dans une impasse. Franchement, c’est à se demander si quelqu’un en veut vraiment. Les deux principaux camps qui se font la guerre, les Forces Armées Soudanaises (SAF) et les Forces de Soutien Rapide (RSF), l’ont soit rejeté en bloc, soit accepté avec tellement de conditions que ça revient au même. Pas vraiment un bon début, n’est-ce pas ?
D’un côté, le général Abdel Fattah al-Burhan, chef des SAF, a qualifié le projet de « pire document jamais vu ». Rien que ça. Il accuse les médiateurs d’être partiaux et de vouloir démanteler son armée. Pour lui, pas question de discuter tant que les RSF n’auront pas quitté les zones civiles. De l’autre, Mohamed Hamdan Dagalo, surnommé Hemedti, à la tête des RSF, a annoncé un cessez-le-feu de son côté… mais sans jamais approuver officiellement le texte du plan. Une manœuvre pour calmer la pression internationale, probablement. Au final, au 25 novembre 2025, personne n’a formellement dit ‘oui’. La situation reste donc bloquée.
Les dessous du plan de paix du « Quad »

Alors, que contient ce fameux plan ? C’est une initiative du « Quad », un groupe formé par les États-Unis, l’Arabie Saoudite, l’Égypte et les Émirats Arabes Unis. Ils ont présenté leur feuille de route le 12 septembre 2025. L’idée est de procéder en deux temps.
D’abord, une première phase de trois mois avec une trêve humanitaire. Le but est de laisser passer l’aide et de permettre aux civils de se déplacer un peu plus librement. Ensuite, une deuxième phase de neuf mois pour mettre en place une transition politique et former un gouvernement dirigé par des civils. Sur le papier, ça semble bien. Le principe directeur, c’est que les chefs de guerre ne doivent pas diriger le pays. Le plan dénonce aussi les groupes extrémistes, visant sans le dire certains alliés du général Burhan. Une autre demande importante : arrêter de livrer des armes aux deux camps… même si les pays du Quad eux-mêmes ne prennent pas d’engagement ferme là-dessus. Un peu facile, non ?
La diplomatie en coulisses : un jeu bien complexe

Celui qui mène la danse, c’est Massad Boulos, le conseiller de Washington pour les affaires arabes et africaines. Il fait la navette, principalement depuis Abou Dabi, pour essayer de rapprocher les deux camps. Il travaille main dans la main avec un conseiller des Émirats, Anwar Gargash. L’Arabie Saoudite s’est aussi impliquée plus directement après que le prince héritier Mohammed ben Salmane a appelé le président Trump à la mi-novembre.
Mais, soyons honnêtes, la crédibilité de tout ça est mise à rude épreuve. Comment voulez-vous qu’une médiation fonctionne quand les médiateurs eux-mêmes ne sont pas d’accord ? On accuse les Émirats Arabes Unis d’armer les RSF, tandis que l’Arabie Saoudite soutient les forces armées officielles (SAF). Difficile de paraître uni dans ces conditions. Ça ressemble plus à un jeu d’influences qu’à une véritable recherche de paix.
Dans le Golfe : deux alliés, deux stratégies opposées

Pour bien comprendre le blocage, il faut regarder la rivalité entre les Émirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite. Les Émirats soutiennent les RSF de Hemedti non pas par sympathie, mais par pur intérêt. Ils voient en eux un moyen d’étendre leur influence sur la mer Rouge, de mettre la main sur l’or et les richesses agricoles du Soudan, et de sécuriser leurs routes commerciales. Les RSF sont un partenaire souple, qui leur permet de peser sur le pays sans passer par l’État officiel.
L’Arabie Saoudite, elle, voit les choses différemment. Pour Riyad, l’armée régulière (SAF) est la seule garante de la stabilité. Les Saoudiens ont horreur des milices autonomes et des trafics qui menacent la sécurité de la région. Ils ont même demandé à Washington de sanctionner les RSF, et pourquoi pas, leurs soutiens… visant directement les Émirats. On a donc deux philosophies qui s’affrontent : d’un côté, le soutien aux institutions traditionnelles (Riyad), de l’autre, une stratégie d’influence par des groupes armés (Abou Dabi).
Sur le terrain, la guerre et le désastre humanitaire

Pendant que les diplomates discutent, la situation sur le terrain est catastrophique. Les RSF semblent prendre le dessus militairement. Depuis la chute de la ville d’El-Fasher fin octobre, ils contrôlent une grande partie de l’ouest du Soudan et se rapprochent dangereusement de la capitale, Khartoum. Pour l’armée régulière, c’est un tournant critique. L’Égypte voisine a même prévenu que la chute d’Omdurman, une ville clé, serait une ligne rouge.
Et les civils dans tout ça ? Ils paient le prix fort. Le bilan humain est effroyable : plus de 40 000 morts confirmés (et sans doute beaucoup plus), plus de 14 millions de déplacés, et la famine qui s’installe. On parle de massacres ethniques et de crimes de guerre, particulièrement de la part des RSF au Darfour. C’est un véritable désastre humanitaire qui se déroule sous nos yeux, et aucun camp ne semble vouloir y mettre un terme.
Le retour de Washington et ses contradictions

L’implication personnelle du président Trump a changé la donne, du moins en apparence. Le dossier soudanais est devenu une priorité pour son administration. Dans les faits, c’est toujours M. Boulos qui gère, même si son expérience dans des conflits aussi complexes est jugée limitée par certains. Pendant ce temps, le Secrétaire d’État Marco Rubio essaierait de couper les vivres aux RSF, allant jusqu’à envisager des sanctions contre les Émirats Arabes Unis. Une mesure qui serait sans précédent contre un allié aussi proche.
C’est là tout le paradoxe de la politique américaine : comment jouer les gendarmes du monde et prôner la paix au Soudan tout en ayant besoin de conserver ses bases militaires cruciales… sur le sol émirati ? Un vrai numéro d’équilibriste.
Conclusion : Quelle issue pour le Soudan ?
Ce conflit soudanais montre bien l’échec des plans de paix conçus de l’extérieur, qui ne tiennent pas compte des réalités locales. L’armée (SAF) voit ce plan comme une menace à son existence et se braque. Les miliciens (RSF), eux, se sentent proches de la victoire et n’ont aucune raison de faire des compromis. Le groupe de médiateurs est lui-même miné par les contradictions entre ses membres, notamment la querelle entre l’Arabie Saoudite et les Émirats, qui transforment la médiation en une guerre d’influence par procuration.
Deux scénarios se dessinent. Soit les RSF continuent leur avancée et le Soudan devient un ensemble de fiefs contrôlés par des seigneurs de guerre, avec une économie basée sur le trafic d’or sous patronage émirati. Soit la pression américaine et saoudienne parvient à isoler les RSF, forçant une nouvelle négociation. Mais sans véritable moyen de faire appliquer un embargo, ce second scénario semble peu probable.
En réalité, la paix au Soudan semble très lointaine. Le plus probable est un conflit qui s’éternise, avec des combats de faible intensité et des trêves fragiles. Une guerre gelée, nourrie par les intérêts étrangers et le désespoir de la population.
Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.