Des abeilles pour protéger les fermiers des éléphants ? L’étonnante situation au Botswana
Auteur: Mathieu Gagnon
Vivre avec les géants de la savane

Face à ce défi de taille, des chercheurs comme le Dr Tempe Adams, de l’université de Nouvelle-Galles du Sud, consacrent leur vie à trouver des solutions. Installée au Botswana, elle connaît bien cette réalité. « Pour les fermiers ici, il n’est pas rare de se réveiller et de trouver un éléphant dans sa cour », explique-t-elle. Son travail n’est pas seulement académique, il est profondément humain : aider les gens à cohabiter, sans conflit, avec ces animaux incroyables. C’est un véritable paradoxe. D’un côté, nous célébrons le succès des efforts de conservation qui ont permis aux populations d’éléphants de croître. C’est une excellente nouvelle pour la biodiversité. Mais de l’autre, cette croissance met une pression immense sur les communautés locales qui vivent aux premières loges. Le Dr Adams ne cherche pas des solutions agressives, mais plutôt des moyens intelligents et respectueux pour éloigner les éléphants des cultures sans leur faire de mal. Son approche consiste à développer et tester des méthodes de dissuasion qui pourraient enfin apporter un peu de sérénité aux agriculteurs, sans pour autant nuire à ces magnifiques pachydermes.
L’idée des abeilles, une solution miracle ?

Cependant, le Dr Adams savait qu’on ne pouvait pas simplement importer cette solution au Botswana sans la vérifier. Chaque écosystème est unique, et ce qui fonctionne dans les plaines humides du Kenya pourrait très bien échouer dans le climat aride du Botswana. « Nous sommes dans une région très sèche, avec le sol sableux du Kalahari. Chaque territoire d’éléphants a des facteurs environnementaux différents », souligne-t-elle. Plutôt que de se lancer dans la construction coûteuse de kilomètres de clôtures de ruches, elle a décidé de procéder avec prudence et intelligence. Son équipe a mis en place un test bien plus simple et moins cher : diffuser des enregistrements de bourdonnements d’abeilles à des éléphants sauvages et observer attentivement leurs réactions. C’était une manière de tester le concept fondamental : les éléphants du Botswana ont-ils, oui ou non, peur des abeilles ? Cette démarche scientifique rigoureuse était absolument essentielle avant d’investir du temps et de l’argent dans une solution qui n’était peut-être pas adaptée à la réalité locale. C’est ça, la vraie science : douter, vérifier, et s’adapter.
Des résultats surprenants et mitigés

En analysant les données, les chercheurs ont constaté que tout de même 53,3 % des groupes familiaux d’éléphants ont eu une réaction moyenne ou forte aux enregistrements d’abeilles, contre seulement 26,6 % pour le bruit de contrôle. Quatre familles ont même fui à plus de vingt mètres, alors qu’une seule l’a fait pendant la diffusion du son neutre. « C’est en soi un résultat incroyable », affirme le Dr Adams. Ce qui est particulièrement intéressant, c’est justement cette absence d’uniformité. Cela montre que la peur des abeilles n’est pas innée chez tous les éléphants du Botswana. Certains l’ont apprise, probablement après une mauvaise rencontre, et s’en souviennent très bien. D’autres, n’ayant jamais été piqués, ne voient aucune raison de s’inquiéter. Le Dr Adams insiste sur l’importance de publier ces résultats nuancés. En science, on a trop souvent tendance à ne montrer que ce qui « marche » parfaitement. Mais comprendre pourquoi une méthode ne fonctionne pas partout est tout aussi crucial, surtout quand on a affaire à des animaux aussi intelligents et dotés d’une personnalité propre que les éléphants. Ces résultats mitigés sont une porte ouverte vers une compréhension plus profonde du problème.
Un nouveau défi pour l’avenir

Cette histoire est une belle leçon d’humilité et de persévérance. Elle nous rappelle que dans la nature, tout est lié. Un problème aussi imposant que la cohabitation avec 130 000 éléphants pourrait trouver sa solution dans le sort d’un insecte minuscule. Le travail mené par des gens comme le Dr Tempe Adams, soutenue par des organisations comme Elephants Without Borders et en collaboration avec des pionniers comme le Dr Lucy King, est absolument essentiel. Il ne s’agit pas de trouver une solution magique et universelle, mais de tisser patiemment des solutions locales, adaptées à la réalité du terrain et respectueuses de tous les êtres vivants. Le chemin est encore long, et les questions sont nombreuses. Mais cet effort pour comprendre et agir avec intelligence et compassion offre une véritable lueur d’espoir. Il nous montre qu’un avenir où les humains et la faune sauvage peuvent non seulement coexister, mais s’entraider, est peut-être possible après tout. Et c’est une perspective qui mérite tous nos encouragements.
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