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Data centers : le canada veut-il vraiment ces géants énergivores de l’ia?
Crédit: lanature.ca (image IA)

La course aux armements de l’ia

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L’intelligence artificielle n’est qu’une abstraction pour beaucoup, mais pour fonctionner, elle a besoin d’infrastructures physiques monstrueuses : les centres de données. Ces immenses entrepôts informatiques, qui abritent des milliers de serveurs, se multiplient à vitesse grand V au Canada, attirant les promesses de fortunes privées et l’espoir d’investissements massifs. Alors que provinces et promoteurs rivalisent pour attirer ces géants du numérique, une question essentielle se pose : quel est le véritable coût, énergétique et économique, de cet engouement soudain?

L’énergie comme arme absolue

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L’engouement pour l’IA a déclenché une véritable rivalité, que Martin Bouchard, président et cofondateur de QScale, compare sans détour à une « course aux armements » entre les géants comme Microsoft et OpenAI. Dans ce nouveau conflit technologique, l’arme absolue est l’accès aux ressources. Il le dit clairement : ils se battent tous pour la même chose, l’énergie.

C’est là que le Canada présente un attrait majeur. Notre électricité est non seulement relativement bon marché, mais elle provient souvent de sources dites propres, et notre climat nordique aide naturellement au refroidissement des serveurs. Ces atouts font du pays un lieu de prédilection, si bien que l’on compte déjà plus de 200 centres de données de diverses tailles d’un océan à l’autre.

Des mégawatts à quel prix?

Cet appétit colossal pour les mégawatts met nos réseaux sous forte pression. Le Québec, par exemple, après des années de réticence face aux besoins énergivores de cette industrie, a récemment opéré un virage stratégique. Le premier ministre François Legault a signalé que les centres informatiques étaient prêts à payer des prix « très élevés », possiblement jusqu’à trois fois plus cher que les grands clients industriels comme les alumineries.

L’Alberta opte pour une stratégie différente, en encourageant l’industrie à consommer son gaz naturel, qu’elle devra transformer elle-même en électricité. L’ambition y est démesurée : l’entrepreneur Kevin O’Leary rêve d’y ériger la « Wonder Valley », un site qui, à terme, pourrait nécessiter 7,5 gigawatts, soit une quantité d’énergie comparable à celle nécessaire pour alimenter l’intégralité de l’île de Montréal.

Le dilemme du carbone mis de côté

Face à l’urgence de la demande, le bilan carbone semble avoir perdu de son poids dans l’équation. Martin Bouchard est formel : « Il n’y a presque plus du tout d’intérêt pour l’énergie verte de la part des gestionnaires de centres de données. C’est plutôt : ‘Je veux de l’énergie, point à la ligne!’ ».

Cette soif sans limite fait grimper les coûts dans certains marchés américains, non seulement en raison de la demande, mais aussi parce qu’il faut investir massivement pour construire les infrastructures électriques nécessaires afin d’approvisionner ces nouveaux clients. L’impératif écologique est clairement repoussé à plus tard au profit de la rapidité d’exécution et de l’accès immédiat aux ressources.

Des emplois locaux à la loupe

credit : lanature.ca (image IA)
Si les promesses d’investissements atteignent la quinzaine de milliards de dollars canadiens, les retombées économiques locales réelles pourraient être minces. Guillaume Beaumier, qui enseigne à l’ÉNAP, appelle à la prudence. Il est non seulement bien compliqué de taxer les profits réalisés dans ces installations appartenant souvent à des entités étrangères, mais ces centres créent étonnamment peu d’emplois à long terme, soit à peine une centaine de postes une fois la structure en marche.

Pour illustrer ce paradoxe, la responsable de l’Association des centres de données du Mexique a comparé un centre à un hôtel. Ce n’est pas le site en lui-même qui crée la richesse, mais l’entretien indirect—les câbles, les serveurs, la ventilation—un peu comme le lavage des draps qui permet aux communautés de se développer réellement. C’est une perspective loin des milliers d’emplois hautement qualifiés souvent vantés.

L’ombre mexicaine de la soif et du secret

Le coût environnemental n’est pas seulement énergétique; il est aussi hydrique. Dans la région aride de Querétaro, au nord-ouest de Mexico, Rosillo doit vérifier l’eau du robinet dès son réveil. La prolifération rapide de centres de données dans cette zone exerce une pression immense sur les infrastructures locales, en particulier l’aqueduc, un problème qui semble s’être accentué ces dernières années.

Les centres de données traînent une réputation de grands consommateurs d’eau, utilisée pour refroidir les milliers de processeurs. Or, il est impossible de vérifier la quantité d’eau puisée par ces entreprises privées au Mexique. Cette information est considérée comme un secret d’entreprise, d’autant plus que les politiciens locaux ont souvent signé des ententes de non-divulgation. Pour l’environnementaliste Teresa Roldán, cette opacité est inquiétante : « Quand il n’y a pas de transparence, c’est parce qu’on cache quelque chose. »

La quête de la souveraineté numérique

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Malgré les critiques, un argument pèse lourd dans la balance : la souveraineté numérique. Pour Julien Billot, directeur général de Scale AI, il est stratégique que le Canada contrôle le mieux possible le sort de ses propres données, notamment celles liées à la santé ou à la défense nationale. L’enjeu est d’autant plus sensible que la majorité des géants du numérique sont américains.

L’argument est double : d’une part, confier les données à des entreprises étrangères conduit à une fuite de capitaux. D’autre part, ces données, même hébergées sur le sol canadien, peuvent potentiellement être obtenues par les autorités américaines en vertu de leurs lois nationales. Pour être un pays souverain dans l’ère de l’IA, soutient Billot, il faut encourager les entreprises canadiennes à bâtir et à utiliser des solutions d’hébergement locales.

l’urgence et le piège

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Le monde de l’IA bouge très vite, et de vastes sommes d’argent sont disponibles maintenant, créant un sentiment d’urgence. C’est un « grand piège de se dire : ‘On va manquer le bateau, donc il faut embarquer dans le bateau!’ », alerte Guillaume Beaumier. Pourtant, la réflexion stratégique est cruciale, car une fois les infrastructures installées, il est difficile de revenir en arrière.

Si l’Internet et l’intelligence artificielle doivent forcément « rouler quelque part », comme le rappelle l’industrie, le Canada doit choisir si cette course aux centres de données se fait à ses propres conditions—en maximisant les gains stratégiques et en minimisant les impacts environnementaux—ou si elle se résume à subventionner une infrastructure gourmande dont il ne tirera qu’un bénéfice marginal.

Selon la source : ici.radio-canada.ca

Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.

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