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La bataille du f-35 pour mirabel : washington et l’emploi québécois en otages
Crédit: U.S. Air Force, Public domain, via Wikimedia Commons

Un enjeu stratégique majeur pour l’industrie québécoise

Le Québec pourrait devenir un maillon essentiel de la chaîne logistique nord-américaine pour le chasseur furtif F-35. Mais cette opportunité, qui promet des milliers d’emplois, est loin d’être assurée. Ces derniers jours, l’industrie de la défense, menée par la firme L3Harris et le constructeur Lockheed Martin, intensifie ses démarches auprès d’Ottawa et de Québec pour promouvoir un projet ambitieux : faire de Mirabel un site majeur d’entretien pour les flottes canadienne et américaine.

Le pari du « gagnant-gagnant » nord-américain

L3Harris voit dans l’utilisation de son centre de Mirabel par les forces américaines une situation idéale. Plusieurs sources au sein de l’industrie canadienne de la défense, y compris Richard Foster, vice-président responsable des activités canadiennes chez L3Harris, affirment que les États-Unis seraient de plus en plus réceptifs à cette idée. Le Canada pourrait ainsi jouer pleinement son rôle au sein du NORAD en offrant des capacités supplémentaires pour le soutien de la flotte de F-35 de son voisin du sud, contribuant directement à la sécurité continentale.

La course contre la montre des CF-18 vieillissants

credit : lanature.ca (image IA)

L’enjeu pour L3Harris est avant tout temporel. L’entreprise utilise actuellement ses installations pour maintenir la flotte de CF-18 de l’Aviation royale canadienne, des avions qui arrivent clairement en fin de vie. Or, si le Canada doit recevoir ses premiers F-35 dès l’an prochain, ceux-ci n’auront pas besoin de maintenance lourde avant 2031, selon les projections de M. Foster. Sans une clientèle de remplacement rapide, la firme aura du mal à maintenir ses infrastructures. L3Harris presse donc pour accueillir les premiers appareils américains dès 2028-2029.

Le flou d’ottawa sur la commande complète

Toutefois, tout cet échafaudage industriel repose sur une condition politique unique : l’engagement d’Ottawa à acheter la flotte complète de 88 F-35. Bien que le gouvernement ait procédé à l’acquisition des 16 premiers chasseurs, il maintient un flou persistant sur le reste de la commande. Les porte-parole de Lockheed Martin ont été clairs : les retombées économiques promises seront proportionnelles au nombre d’avions acquis. Si la commande est amputée, les bénéfices pour l’industrie canadienne et québécoise fondront.

Cette incertitude est renforcée par la révision de l’achat global, initiée notamment par l’effritement des relations canado-américaines durant l’ère Trump.

200 millions et 10 000 emplois en balance

Afin de transformer Mirabel en un dépôt d’entretien compatible avec le F-35, L3Harris évalue les coûts de mise à niveau, principalement pour la sécurité des installations, à environ 200 millions de dollars. L’entreprise sollicite activement du financement auprès des deux paliers de gouvernement, promettant en retour de pérenniser 1500 emplois directs et 3500 emplois indirects. Néanmoins, l’alternative suédoise représente une menace crédible : Saab, qui propose le Gripen, a soulevé la possibilité de créer jusqu’à 10 000 emplois si le Canada optait pour son appareil.

Les exigences de la ministre joly et le rôle américain

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Côté fédéral, la ministre de l’Industrie, Mélanie Joly, met la pression. Elle a publiquement déclaré que les bénéfices industriels proposés par Lockheed Martin n’étaient « pas assez clairs » et que le Canada « s’attend à beaucoup plus ». Pour que le projet de Mirabel se concrétise en tant que dépôt régional nord-américain, il faut absolument que les États-Unis confirment leur intention d’utiliser le site québécois comme stationnement de débordement lorsque leurs dépôts principaux en Caroline du Nord et en Utah seront saturés.

À l’instar de l’Italie, du Japon et de l’Australie pour leurs régions respectives, Mirabel deviendrait une pièce clé de l’infrastructure de l’avion furtif, mais uniquement si Ottawa donne des garanties claires sur sa commande.

Un choix qui déterminera l’avenir aéronautique

credit : lanature.ca (image IA)

Les entreprises canadiennes et américaines, dont Lockheed Martin et L3Harris, multiplient les rencontres de lobbying ces dernières semaines, visant de hauts fonctionnaires du ministère de l’Industrie. Le gouvernement du Québec, bien que la décision finale revienne à Ottawa, suit aussi le dossier de près, s’assurant que tout projet retenu soit « porteur » pour la province. Le sort de Mirabel est donc intimement lié au rapport de force entre la nécessité de sécuriser la défense continentale et l’exigence de maximiser les retombées économiques nationales. L’industrie attend désormais de savoir si le Canada choisira de s’ancrer définitivement dans la chaîne logistique du F-35 ou de bifurquer vers une solution concurrente.

Selon la source : ici.radio-canada.ca

Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.

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