Un air de déjà-vu

C’est une étrange sensation de déjà-vu qui nous saisit, je dois l’avouer, à la lecture de ce document. Donald Trump, fidèle à sa méthode brutale, a jeté sur la table un prétendu « plan de paix » qui ressemble à s’y méprendre aux brouillons abandonnés d’Istanbul, il y a deux ans. On y retrouve les mêmes renoncements exigés à Kiev : l’abandon de la Crimée, le deuil du Donbass, et cette promesse de neutralité qui sonne comme un glas pour les ambitions atlantistes de l’Ukraine.
Pourtant, le contexte n’est plus le même, hélas. À l’époque, l’armée ukrainienne tenait bon ; aujourd’hui, la fatigue se lit sur les visages et sur le front. Ce projet, concocté loin de l’Europe par des conseillers américains pressés, semble vouloir geler le conflit sur des lignes cruelles. On parle de limites d’effectifs militaires, de frontières redessinées par la force des armes… C’est un pari risqué, une sorte de « deal » immobilier appliqué à la géopolitique, qui laisse un goût particulièrement amer.
Le dilemme européen : payer sans décider

Ce qui frappe, et qui blesse un peu notre orgueil de Vieux Continent, c’est la désinvolture avec laquelle l’Europe est traitée dans cette affaire. Nous sommes, pour ainsi dire, les grands absents de la négociation mais les futurs trésoriers de la reconstruction. Washington regarde vers la Chine, on le sait, et souhaite solder le dossier russe pour revenir au « business », laissant aux Européens la lourde tâche de garantir une sécurité précaire, peut-être même en stationnant des avions en Pologne.
C’est une situation paradoxale, voire humiliante. On nous demande de financer une paix que nous n’avons pas écrite, et d’accepter des conditions que nous jugions inacceptables hier encore. Certes, Bruxelles tente de négocier des ajustements, réclamant par exemple une armée ukrainienne plus robuste — 800 000 hommes plutôt que les maigres effectifs tolérés par Moscou — mais la voix de l’Europe porte peu. Nous sommes acculés, conscients que sans le parapluie américain, nos marges de manœuvre deviennent, je le crains, inexistantes.
Conclusion : La résignation face au réel

Il faut sans doute se rendre à l’évidence, même si elle est douloureuse : le temps de l’idéalisme est révolu. Les chancelleries européennes, le cœur lourd, semblent se résigner à cette paix imparfaite, dictée par la réalité du terrain et l’épuisement des forces ukrainiennes. Zelensky est pris en étau, entre les scandales qui minent son administration et une pression militaire russe incessante. Nous n’avons pas su faire respecter les accords de Minsk autrefois ; nous voilà spectateurs d’une partition jouée par d’autres.
Si ce plan aboutit, et c’est un grand « si », l’Europe pourrait finalement respirer, soulagée de voir l’hémorragie s’arrêter à ses portes. Ce serait une paix froide, une paix de renoncement, mais une paix tout de même. L’économie pourrait repartir, les canons se taire. Mais ne nous y trompons pas : en acceptant ce compromis, nous validons implicitement le fait que la force prime le droit, ouvrant une page incertaine pour notre sécurité future.
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