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Et si les cheveux gris étaient la preuve que votre corps se bat contre le cancer?
Crédit: lanature.ca (image IA)

Un marqueur du temps ou un signal d’alarme vital

Longtemps considérés comme la simple marque du temps qui passe, les cheveux gris pourraient en réalité raconter une histoire bien plus complexe et vitale. Une nouvelle étude, menée par l’Institut des Sciences Médicales de l’Université de Tokyo, vient de jeter un pavé dans la mare : ce blanchissement capillaire ne serait pas un simple déclin, mais le signe visible d’un mécanisme de défense naturel que le corps active pour se prémunir du cancer de la peau.

Publiée dans la revue scientifique de référence *Nature Cell Biology*, cette recherche propose une lecture radicalement différente du vieillissement capillaire. Elle établit un lien inattendu entre la perte de pigmentation et un processus cellulaire d’autoprotection, éclairant d’un jour nouveau les rapports complexes entre l’âge et le risque oncologique.

Le sacrifice des cellules souches pour préserver l’intégrité de l’adn

credit : lanature.ca (image IA)

Au cœur de nos follicules pileux, se trouvent les cellules souches de mélanocytes (McSCs), responsables de la teinte de notre chevelure. Ces sentinelles biologiques sont confrontées à un dilemme permanent, notamment lorsqu’elles subissent de graves dommages à leur ADN, comme des cassures double-brin provoquées par des agressions extérieures (radiations, stress oxydatif, etc.).

Plutôt que de risquer une division anarchique qui pourrait mener à une tumeur maligne — un mélanome dans le cas des mélanocytes — ces cellules optent pour l’autodestruction. Les scientifiques appellent cette stratégie radicale la « seno-différenciation ». C’est une décision cellulaire ultime : se sacrifier pour que le tissu reste sain.

Grisonnement : le prix du bouclier cellulaire

credit : lanature.ca (image IA)

Ce sacrifice est loin d’être aléatoire. L’équipe de l’Université de Tokyo a montré que ce mécanisme protecteur est orchestré par l’activation d’une voie de signalisation bien connue en oncologie : la voie p53–p21, souvent surnommée le « gardien du génome ».

En clair, face à un patrimoine génétique trop altéré, la cellule reçoit l’ordre d’entamer une différenciation irréversible, puis de disparaître. Si le prix à payer est la perte de pigmentation — et donc l’apparition de ces fameux cheveux argentés — le bénéfice est majeur : limiter drastiquement le risque de transformation cancéreuse. Le cheveu gris devient, dans ce contexte, un indicateur que le corps a su éliminer, naturellement, une cellule potentiellement dangereuse.

Comment les cancérogènes court-circuitent la protection naturelle

Malheureusement, ce bouclier n’est pas infaillible. Les chercheurs japonais ont identifié des mécanismes qui permettent aux McSCs endommagées de contourner cette défense salvatrice. Sous l’effet d’agents cancérogènes puissants (comme le DMBA ou l’exposition chronique aux rayons UVB), la voie protectrice p53 est inhibée, même en présence de dommages génétiques.

Le contournement s’explique par l’intervention d’un facteur de croissance nommé KIT ligand (KITL). Ce signal, sécrété par le microenvironnement folliculaire, neutralise l’ordre de seno-différenciation. Résultat : la cellule endommagée conserve sa capacité à se renouveler, créant un terrain fertile pour l’accumulation de mutations et la formation de tumeurs pré-mélanomateuses. C’est ici que réside la vraie fragilité du système.

Le rôle du vieillissement et l’affaiblissement de la « niche »

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L’âge vient complexifier davantage cette équation. Le vieillissement ne touche pas uniquement les cellules elles-mêmes, mais aussi leur « niche », c’est-à-dire l’environnement tissulaire qui dicte leur comportement. L’étude a révélé que chez les souris âgées, cette niche devient moins efficace pour maintenir l’ordre.

L’activité de la voie p53 dans les cellules environnantes diminue, et les signaux nécessaires à l’élimination des McSCs altérées s’affaiblissent. Conséquence directe : les cellules souches pigmentaires persistent plus facilement malgré les dommages génétiques, car le signal de sacrifice n’est plus assez fort. Ce déséquilibre fragilise la surveillance cellulaire et augmente le risque oncologique à long terme, même si le grisonnement apparent semble ralentir.

Deux destins antagonistes issus d’un même choix

credit : lanature.ca (image IA)

Au final, ces travaux ne font pas qu’expliquer le grisonnement ; ils réconcilient les destins du vieillissement et du cancer, souvent perçus comme indépendants. Les auteurs parlent de « fates antagonistes » (destins opposés) : la même cellule, face au stress, doit choisir entre le sacrifice tissulaire (cheveux gris) et la persistance potentiellement maligne (mélanome).

Cette compréhension intime du mécanisme de décision cellulaire ouvre une voie fascinante. Si nous parvenons à mieux contrôler ou renforcer la voie de la seno-différenciation, on pourrait potentiellement développer de nouvelles stratégies de prévention contre certains cancers cutanés. Le cheveu gris, loin d’être un souci purement esthétique, est peut-être notre plus ancien et discret bouclier protecteur.

Selon la source : science-et-vie.com

Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.

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